La FAO au secours des agropasteurs et pasteurs vulnérables : Ne laissons pas le bétail burkinabè mourir de faimGrâce au projet OSRO/ BKF/ 802/ CHA, la FAO soutient les agropasteurs et pasteurs victimes des déficits fourragers dans les régions de l’Est, du Centre Nord et du Sahel au Burkina Faso Il faut laver le dos de celui qui lave déjà son ventre ! Agropasteurs et pasteurs sont pris dans le tourment d’une longue insomnie due à l’insuffisance d’aliment pour leur bétail durant et au-delà de la saison sèche de 2018. Ils ont été entendus par la FAO et ses partenaires à la demande du Gouvernement. En réponse, un projet de la FAO vient améliorer la situation alimentaire et nutritionnelle du cheptel burkinabè des ménages pauvres et très pauvres affectés par le déficit fourrager dans les régions de l’Est, du Centre Nord et du Sahel. Le déficit alimentaire du bétail, des animaux malades ou menacés de l’être ainsi que les pratiques traditionnelles d’élevage basées sur l’exploitation des pâturages, font des ménages de pasteurs et agropasteurs des victimes qui souffrent chaque année de déficit fourrager. Pour ces ruraux héritiers d’un espace pastoral difficile souvent stérile, les sols ingrats et caillouteux ne favorisent pas la production de fourrages nécessaires pour toute l’année. Dès l’arrivée de la période de soudure, après la saison pluvieuse ou en attendant la poussée des herbes, s’annonce des nuits d’insomnie et des jours d’inquiétude. Sans assistance d’urgence, les pasteurs et agro-pasteurs risquent de regarder mourir leu seule source de survie.
La campagne agricole 2017/2018 a été ponctuée par des poches de sécheresse étendues qui ont malheureusement coïncidé avec les stades critiques (floraison, épiaison, maturation) des cultures dont la conséquence a été les baisses de rendement et donc une faible production. La campagne a été également marquée par des attaques de chenilles légionnaires d’automne à tous les stades de développement végétatif des cultures. Sur le plan pastoral, les résultats prévisionnels d’évaluation de la biomasse indiquent que 15 provinces situées dans les régions du Sahel, du Centre Nord, du Nord, de l’Est et du Centre Ouest ont eu un déficit fourrager prononcé. De la situation du déficit fourrager, le ministère des Ressources Animales et Halieutiques (MRAH) dans son plan de soutien et de réponse à une éventuelle crise pastorale, estimait que si rien n’était fait, au moins 207 150 têtes de bovins et de 831 742 têtes de petits ruminants pourraient en mourir. Une telle perte affecterait une population d’environ 954 315 personnes pauvres et très pauvres. Une assistance d’urgence aux pasteurs et agropasteurs sinistrés Au profit de 6500 ménages de pasteurs et d’agropasteurs souffrant des difficultés alimentaires de leurs animaux, la FAO va distribuer 1389,375 tonnes d’aliment bétail. Elle mène une communication de proximité pour informer et sensibiliser les acteurs et elle dispense aussi des formations lors de distribution d’aliment bétail ou de vaccination aux populations bénéficiaires du projet. Réalisée in situ chez les bénéficiaires du projet, cette formation facilite l’appropriation d’une connaissance suffisante pour mieux comprendre et s’approprier les objectifs du projet. Le projet veut favoriser le changement de comportement et d’attitude afin que les victimes de la crise pastorale sorte du cercle pernicieux de la pauvreté grâce à cette communication pour le développement rural. Les autres activités du projet prennent en compte, entre autres, la vaccination et le déparasitage des animaux des bénéficiaires, le suivi évaluation de la production et de la santé des animaux et le renforcement des capacités des pasteurs et agropasteurs en alimentation, soins sanitaires et en hygiène des habitats des animaux. Une approche transparente et participative de distribution de l’aide Sur la base d’une approche participative, ce projet vient créer de l’espoir chez les agropasteurs vulnérables du Burkina. Pour réussir sa mission, l’institution onusienne, la Représentation de la FAO au Burkina Faso travaille de concert avec les autorités administratives nationales et locales, les autorités communales et villageoises. Les directions régionales des ressources animales et halieutiques (DRRAH) occupent une place de choix dans ce processus d’intervention d’urgence. A preuve, l’Etat et ses démembrements partagent les mêmes objectifs que la FAO dans ces régions : améliorer la vie des pasteurs et agropasteurs vulnérables dans les zones couvertes. Elles veillent à la qualité des intrants zootechniques et vétérinaires apportés aux bénéficiaires par le projet ; elles assurent le suivi-accompagnement techniques des pasteurs et agropasteurs.
Quant aux ONG, elles sont l’interface entre la FAO et les bénéficiaires : transparence, impartialité et équité obligent ! L’appui des ONG partenaires reste, donc, incontournable, car elles ont acquis auprès des populations-cibles un capital de confiance et une grande connaissance du milieu. Leurs responsables sont considérés comme d’influents leaders d’opinion : ils sont bien écoutés. La raison en est qu’ils côtoient nuit et jour les populations dans leur milieu. Dès lors, il semble normal d’exploiter leur capital d’expérience pour réussir une communication en faveur d’un développement durable. Il n’a pas de bonne collaboration sans une bonne communication stratégique. Ainsi leurs tâches essentielles sont d’identifier les bénéficiaires, d’assurer les distributions de l’aliment bétail, de sensibiliser les bénéficiaires autour des activités du projet et de de faire un suivi rapproché des bénéficiaires. Cela est fait grâce à des protocoles d’accord signés en vue de nouer un partenariat solide basé sur des obligations de résultats entre la FAO et ces partenaires. Le projet OSRO/BKF/ 802 CHA : un espoir pour les victimes des crises pastorales
La FAO, l’Etat du Burkina Faso et les partenaires techniques et financiers ont pensé aux paysans vulnérables ; eux pratiquent un élevage domestique pour améliorer leur vie quotidienne, parfois peu enviable. L’espoir existe, il faut mieux s’organiser, la main dans la main, pour vaincre la pauvreté, la vulnérabilité en milieu agropastoral ! Aussi, la FAO, le CERF et le Gouvernement du Burkina Faso veulent donner du sourire aux femmes et hommes qui sont affectés par le déficit fourrager et l’insécurité alimentaire dans les régions du Sahel, du Centre Nord et de l’Est du Burkina Faso. SAUVER LA TROISIEME SOURCE DE RICHESSE DU BURKINA FASO Dans sa note Pour un soutien accru à l’élevage agropastoral au Burkina Faso, GRETE et APESS, deux ONG de développement opérant au Burkina Faso, montraient déjà en décembre 2016 que le Burkina Faso occupe le second rang en cheptel de bovins derrière le Mali. Le bétail représente à cette période ? , disent-ils, le troisième poste d’exportation du Burkina Faso, après l’or et le coton et peut-être encore en 2018. Elles observent aussi que malgré son importance socio-économique, la part des investissements alloués au sous-secteur de l’élevage demeure insuffisante au regard de son importance (2 à 11% des investissements dédiés au secteur primaire, soit à peine 2% de la richesse totale qu’il génère selon les ONG GRETE et APESS). Ce Chiffre a peut-être évolué positivement ! Les décideurs politiques et économiques reconnaissent de plus en plus la contribution du secteur de l’élevage à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la réduction de la pauvreté et la croissance économique. En effet, selon le Bureau africain des ressources animales de l’Union africaine en 2015, le secteur du bétail en Afrique est potentiellement sous la menace d’un certain nombre de facteurs interdépendants. Il cite principalement les effets croissants du changement climatique et la dépendance excessive de la plupart des systèmes de production vis-à-vis de la pluviométrie. De plus, l’accroissement de la population nécessite davantage de demande de terres pour l’agriculture et les habitations ; ce qui laisse peu de place aux terres réservées au pâturage. L’exploration minérale industrielle ou artisanale au Burkina Faso est aussi indexée ; l’or notamment, arrache sûrement de grandes surfaces de terrains favorables au pâturage. La crise pastorale est là, engendrée par l’insuffisance d’aliment et les maladies du bétail des pasteurs et agropasteurs. Eux ne pourront voir leur unique source économique survivre que grâce à la solidarité nationale et internationale. Un bétail décimé par la disette devient synonyme d’un désespoir familial et régional, car elle instaure une pauvreté. Le déficit fourrager fabrique les victimes rurales des aléas climatiques. Que dire d’un paysan qui regarde impuissant ses chèvres, ses moutons et ses vaches maigrir de jour en jour. La faim leur ôte toute force pour se mouvoir et se « débrouiller ». La pitance est souvent hautement juchée dans la cime des arbres rabougris qui entourent le village. L’animal déploie un effort titanesque pour arracher quelques feuilles qu’il mâcha avec volupté. Timbila, son propriétaire, s’il faut le nommer ainsi, assiste sans mot dire, les larmes presqu’aux yeux, la tête baissée ou parfois lorgnait le firmament comme si une réponse surgirait de cette voûte céleste. Lui, fils du terroir, a préféré rester au village auprès des siens et construire son bonheur. Posséder quelques têtes de mouton est aussi une richesse : voici un candidat de moins pour l’exode rural ou l’émigration. Il se refus de rejoindre la caravane des nombreux chômeurs qui croient rencontrer dans les villes un lendemain meilleur. Ses animaux sont sa seule source d’assurance ; les laisser mourir, c’est se priver de la fierté de vivre chez soi dans son village natal. Il reste et affronte l’adversité. Dès lors, avec ces difficultés alimentaires des animaux qui sévissent, il faut améliorer la sécurité alimentaire et sauver des vies en restaurant les capacités productives en élevage des ménages vulnérables. Tel est, du reste, l’objectif principal du Projet OSRO/ BKF/ 802/ CHA de la FAO dont les acteurs principaux sont l’Etat, la FAO et les bénéficiaires eux-mêmes. Tel est, du reste, l’objectif principal du Projet OSRO/ BKF/ 802/ CHA de la FAO dont les acteurs principaux sont l’Etat, la FAO et les bénéficiaires eux-mêmes. D’autres pointent du doigt le comportement humain, les changements climatiques, les pratiques rurales anachroniques et l’analphabétisme de la majorité des paysans. A la vérité, la plupart des animaux souffrent dans les zones privées de la générosité de la nature. En fin septembre 2018 à Bibré dans le Sanmatenga, Rollo, Pogoro et Kangaré dans le Bam, la désolation reste toujours grande lorsque l’on regarde les bêtes paître. Elles présentent encore un aspect chétif, malnutri avec des cotes saillantes sous une peau fanée. Le regard peu confiant et pensif de ces bêtes en ce mois pluvieux présage, peut-être, une prochaine période de soudure qui sera encore difficile pour elles. La pluie, à elle seule, ne suffit pas à faire grandir les herbes. A Pogoro, localité située à 60 km de Kongoussi, une bergère, une femme d’une trentaine d’années conduit ses moutons au pâturage. Sous ses pieds dans le pâturage, s’étendent des herbes rabougries qui refusent de grandir. Les animaux moins enthousiastes s’y promènent ; ils cherchent âprement de quoi remuer leur gueule et remplir leur panse. Le sol souffre autant que ses habitants et ses ruminants ! Dans ces localités, l’agropasteur n’aura probablement rien à couper en vue de stocker et constituer des réserves quand viendra l’heure de la disette pour les animaux et les hommes. Et des experts de l’élevage à la FAO, Docteur Kondombo Salam Richard et monsieur Jean-Paul Rouamba, de s’écrier : « comment va se passer l’après-hivernage pour les vaches et les moutons si en saison pluvieuse le pâturage est si peu fourni ? » La disparition de ce tapis encore à ras de sol, mais verdoyant grâce à l’hivernage d’août peut rendre l’existence tumultueuse pour les agropasteurs. On dit bien que les pasteurs aiment leurs animaux plus qu’eux-mêmes. Peut-être vrai, peut-être faux ! Au total, le soutien du Fonds d’urgence des Nations Unies à travers la FAO et l’Etat Burkinabè aux pasteurs et agropasteurs les soulage du stress, de la vulnérabilité et de la pauvreté. Il leur donne l’espoir d’un lendemain meilleur sous nos tropiques enchantés. C’est ce que Monsieur Oscar G. Sawadogo, président de l’Association Zood-nooma pour le développement (AZND) à Kongoussi, exprime autrement : « Nous sommes pour l’aide qui tue l’aide », c’est-à-dire une aide qui permet aux ménages bénéficiaires de l’appui des projets de s’autopromouvoir, d’être autosuffisants et se passer de l’aide. Peut-être faut-il promouvoir un élevage intensif ? Les enjeux restent toujours grands et les défis encore majeurs ! Par Dr. Seydou Dramé |
Vos commentaires
1. Le 10 septembre 2018 à 12:12, par Kôrô Yamyélé En réponse à : La FAO au secours des agropasteurs et pasteurs vulnérables : Ne laissons pas le bétail burkinabè mourir de faim
FAO, toutes mes félicitations à vous ! Vous avez dû remarquer que lors de son voyage à Pékin, RMCK et sa délégation n’ont fait que parler d’agriculture, de riziculture, de coton (et encore du coton qui nous endette), de machines agricoles, etc. Jamais ils n’ont évoqué l’élevage, ni d’industrie de transformation des produits carnés, laitiers et de cuirs et peaux ! Nos politiques ne voient que l’agriculture qu’ils ont vécu et intériorisé depuis leurs enfances !!! L’élevage, ils n’y connaissent rien et ne le voient qu’à travers celui des porcs, et chèvres de petite taille appelés ’’tètè’’ ou morpions !
Par Kôrô Yamyélé
2. Le 10 septembre 2018 à 23:29, par jeunedame seret En réponse à : La FAO au secours des agropasteurs et pasteurs vulnérables : Ne laissons pas le bétail burkinabè mourir de faim
Si vous ne voulez plus vous faire laver le dos pour vos pasteurs, il suffit de faire de l’élevage une activité rétribuée ; avec les récompenses qu’on mérite bien affichée et offertes ; et des formations ou éducations privées confiantes. Pour la création des alternatives personnelles.