Retour au format normal
lefaso.net

Procès du coup d’Etat manqué : « Quand il a chargé son arme, je lui ai dit de ne pas tirer », sergent Yahaya Guiré

LEFASO.NET | Par Dimitri OUEDRAOGO
vendredi 27 juillet 2018.

 

L’interrogatoire du sergent Yahaya Guiré s’est poursuivi ce vendredi 27 juillet 2018. Poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’État, meurtres de treize personnes, coups et blessures volontaires sur des individus, l’inculpé a continué à rejeter les accusations. Pour lui, il n’a fait que dépanner un engin sans aider les putschistes. C’est juste un acte ordinaire qu’il a posé, comme il a l’habitude de le faire. C’est aussi l’avis de son avocate, maître Rokia Ouattara, qui a déployé de long en large des arguments pour rejeter les charges qui pèsent sur son client.

Le sergent Yahaya Guiré ne pense pas avoir porté main-forte aux auteurs du coup d’Etat manqué. Il explique que c’est suite à l’ordre de son supérieur hiérarchique qu’il est allé dépanner un engin à la Place de la nation, juste à côté de la Caisse nationale de sécurité sociale. C’était l’équipe de l’adjudant-chef Bondjaté Dibloni. Il avait pensé à envoyer des jeunes mais du fait de la situation, il a préféré y aller lui-même. Mais il a pris le soin d’y aller à moto avec Abdou Compaoré. Après avoir réparé l’engin, ils ont repris la route du camp Naaba-Koom II. C’est là qu’au niveau du Jardin du 8-Mars, Abdou Compaoré, son binôme, a fait usage de son arme, en tirant en l’air. « Pourtant, je ne voulais pas qu’il tire.

Quand il a chargé son arme, je lui ai dit de ne pas tirer », explique-t-il. Il dit l’avoir grondé et rendu compte à son supérieur qui a retorqué que c’était son (Abdou Compaoré) problème s’il a tiré. Le sergent ajoute que c’est suite à un jet de cailloux par des manifestants que son élément a fait usage de sa kalachnikov. Ils cherchaient un moyen pour retourner au camp alors qu’il y avait des manifestants partout.

A ce stade, le parquet intervient en demandant si une balle, dans sa chute, ne pouvait pas blesser quelqu’un. Le sergent répond par la négative. Le parquet revient à la charge en disant qu’un jeune homme agonisait à la station Petrofa vers le palais du Moogho Naaba. Il en veut pour preuve une vidéo qui montre les deux accusés et l’homme en question.
L’accusé dit que les vidéos qu’il a vues à la gendarmerie et devant le juge ne ressemblaient pas à la description du parquet. Le parquet voit dans la réaction de l’accusé un revirement par rapport à ce qu’il a dit devant le juge.

Me Ouattara estime en ce moment que le parquet s’acharne sur son client. Pour elle, les procès-verbaux ne sont pas écrits dans la langue maternelle de son client. Par conséquent, que le parquet ne s’attende pas à ce que son client acquiesce mot pour mot, phrase pour phrase, le contenu de ces procès-verbaux.
À cette étape, Me Ouattara estime qu’il n’y a aucun élément qui montre que son client a contribué au coup d’Etat. Sur ce, le sergent Guiré a passé le témoin à l’adjudant-chef Bondjaté Dibloni.

Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net



Vos commentaires