Putsch manqué de septembre 2015 : La relation des faits selon l’Adjudant-chef Moussa Nébié dit « Rambo »LEFASO.NET | Par Marcus Kouaman
samedi 7 juillet 2018.Les interrogatoires du procès du putsch de septembre 2015 se sont poursuivis ce vendredi 6 juillet 2018. A la barre du président Seydou Ouédraogo, l’ex RSP, l’Adjudant-chef Moussa Nébié dit « Rambo », indexé à tort ou à raison comme le meneur de cette opération qui a couté la vie à 13 personnes, dont son propre petit frère et fait quarante-deux blessés. C’est en tenue civile (puisque rayé des effectifs de l’armée) et tout décontracté que l’Adjudant-chef Moussa Nébié dit « Rambo » de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) a comparu ce jour devant le tribunal militaire pour répondre de cinq chefs d’accusations. Il est poursuivi pour attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires, complicité de dégradation volontaire aggravée de biens, incitation à commettre des actes contraires au règlement et à la discipline militaire. Cela suite à la tentative de coup d’Etat de septembre 2015. A la lecture des charges qui sont retenues contre lui, « Rambo » du haut de ses 53 ans et de ses 30 ans de carrière, plaide coupable pour un seul chef d’accusation. Celui d’attentat à la sureté de l’Etat en ce sens qu’il a procédé à l’arrestation du Président de la transition Michel Kafando en plein Conseil des ministres le 16 septembre 2015. Mais pour les quatre autres chefs d’accusations, il ne s’y reconnait pas, donc plaide « non coupable ». « Excellence, on est attaqué… » Le président de la juridiction lui demande de relater les faits. Pour l’accusé, le 16 septembre 2015, il était de garde à la villa Kilo (située en face du palais présidentiel), l’ancienne résidence du président Blaise Compaoré. Car il y monte la garde depuis la chute du régime suite « aux évènements d’octobre 2014 » ; c’est-à-dire l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre. Koéssé et Jean Nion. A peine deux à trois minutes d’échanges, le major Badiel lui donne un ordre en ces termes : « tu as pour mission d’amener le Président Kafando à la résidence. Allez-y ». En bon militaire, qui ne discute pas un ordre venant de son supérieur, il a démarré un véhicule avec deux personnes à bord, avec pour seul objectif de réussir sa mission. C’est-à-dire arrêter le Président Kafando sans échange de tirs, comme l’a si bien précisé le donneur d’ordre qu’est le Major. Sur les lieux, ne connaissant pas la salle du Conseil des ministres, il s’est renseigné et c’était au premier étage du palais de Kosyam. Moussa Nébié monte donc avec ses hommes de mains que sont Jean Nion et Wilkouri Koéssé. C’est d’ailleurs ce dernier qui ouvre la porte pour que Jean Nion et lui y entrent. Rambo se dirige vers le Président de la transition et lui dit ceci : « Excellence, nous sommes attaqués dehors, je suis venu pour vous mettre en sécurité ». Obéir sans comprendre
A la question de savoir comment s’est passée l’arrestation des ministre, Rene Bagoro, Augustin Laoda et du Premier ministre Isaac Zida, l’ex-RSP affirme que c’est au moment où le président de la transition partait à bord de son véhicule qu’il se retourne et voit venir Jean Nion avec le Premier ministre Isaac Zida. Alors que devant le juge d’instruction l’accusé avait affirmé que l’ordre donné par le Major Eloi Badiel était : « toi tu prends le Président. Nion prend le Premier ministre. Après avoir exécuté l’ordre du Major sans hésitation ni murmure avec « des sentiments de peur, de courage et de fierté », Moussa Nébié qui était du Groupement des unités spéciales de l’ex-RSP est reparti chez le donneur d’ordre. C’est à ce niveau que le Major Eloi Badiel donna un autre ordre à savoir : « amener le Général ». De la résidence de ce dernier ils ont pris la direction du Poste de commandement (PC), le Camp Naaba Koom II (situé juste derrière le palais de Kosyam) en compagnie du Général pour une rencontre avec des sages. Foi de l’accusé, il s’agissait de l’Archevêque de Bobo, Monseigneur Paul Ouédraogo, de l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo, du Chef d’Etat-major général des armées au moment des faits, le Général Pingrenoma Zagré. C’est au cours de cette rencontre que le prélat leur aurait dit : « assumez vos responsabilités ». Rambo parent victime du putsch
Du PC, le Général Diendéré, ainsi que ceux suscités se sont rendus au ministère de la défense où se trouvait la hiérarchie militaire. C’est à ce niveau qu’ils ont signé les accords et le Général a assumé le coup d’Etat à travers un communiqué lu à la radio le lendemain 17 septembre 2015. Durant ce coup de force, le soldat dit avoir perdu son frère criblé de quatre balles. Et regrette tout ce qui s’est passé, d’où sa demande de pardon au peuple. Il affirme également n’avoir ni tué, ni donné l’ordre de tuer ou de faire quoi que ce soit. Avant de quitter ce lieu le 1er octobre 2015 pour s’exiler. C’est de son exil en Côte d’Ivoire qu’il a été livré aux autorités burkinabè le 20 février 2016. Rambo n’a pas fini de tout dire surtout en ce qui concerne ses liens avec l’une des accusés qu’est Aminata Guelwaré et bien d’autres points. Suite à un malaise de son avocate, Me Solange Zèba, l’audience a été suspendue à 16h 41 pour reprendre le samedi 7 juillet 2018 à 9h. |