Retour au format normal
lefaso.net

Union générale des étudiants burkinabè : Le 28ème congrès ordinaire dit non à plus de « clochardisation » des étudiants

LEFASO.NET | Par Marcus Kouaman
mercredi 30 août 2017.

 

L’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB) a tenu son 28ème congrès ordinaire du 22 au 26 août 2017 à Ouagadougou. Cette rencontre d’envergure nationale a permis le renouvellement du Comité exécutif ainsi que la prise de résolutions afin de mettre un frein à la « clochardisation » des étudiants.

Le 28ème congrès ordinaire de l’UGEB a refermé ses portes dans la soirée du samedi 26 août 2017 à l’Université Ouaga1 Pr Joseph Ki-Zerbo. Pour l’occasion, plus de 600 délégués ont fait le déplacement de la capitale du pays des Hommes intègres afin de plancher sur les conditions de vie et d’études des étudiants. C’est Ismaël Traoré, nouveau président du Comité exécutif de l’UGEB qui a livré la substance des travaux du congrès. De la situation nationale, en passant par celle africaine et dans le monde, sans oublier la crise qui prévaut dans le domaine de l’éducation, tout a été décrypté.

De la situation nationale, le congrès a retenu que le Burkina à l’instar des autres pays « néocoloniaux », subit les répercussions de la crise du système capitaliste impérialiste au plan social, politique et économique. Cela se caractérise par l’aggravation de la misère (vie chère, chômage massif des jeunes…). Les membres de l’UGEB espéraient que près de trois ans après la chute du régime Compaoré, suite à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, les choses devraient aller pour le mieux. « Si les hommes et les femmes du peuple peinent à joindre les deux bouts, ce n’est pas le cas pour les nouveaux anciens dirigeants, qui vivent dans un luxe insultant », a déploré les congressistes.

L’école burkinabè en faillite

Donc, il n’est pas normal que les ministres du gouvernement Kaba continuent de bénéficier des mêmes privilèges que ceux des gouvernements de Blaise Compaoré. Et comme pour ajouter la cerise sur le gâteau, les députés de l’Assemblée nationale en fin d’année pour perpétrer la tradition se sont partagés un million de FCFA chacun.

Pire encore, ils effectuent des missions (235 en tout) à l’extérieur sans pièces justificatives (cf Courrier confidentiel N°135 du 10 août 2017). Ce sont ces comportements en partie qui incitent les travailleurs à accentuer les mouvements de grève et autres manifestations. Pour Traoré et ses camarades, les autorités actuelles sont incapables d’assurer le rôle régalien de l’Etat en assurant la sécurité (actes terroristes) ainsi que la justice pour les martyrs de l’insurrection populaire par exemple.

Ismaël Traoré, président de l’UGEB

Selon le congrès l’école burkinabè est en faillite depuis des années. « Aucun des ordres d’enseignement n’échappe à cette crise depuis la souscription du pays au Programme d’ajustement structurel (PAS) devenu aujourd’hui le Plan national de développement économique et social (PNDES) », a martelé Ismaël Traoré. Les crèches et maternelles, le primaire, le secondaire et le supérieur appartiennent dans leur majorité au privé qui en profitent pour pratiquer des prix hors de portée des revenus modestes. L’Etat s’étant désengagé avec l’option de l’alphabétisation de masse au détriment d’un enseignement de qualité.

« Sur le plan académique, les universités publiques de notre pays sont dans un chaos indescriptible », a fait remarquer le congrès. Cela s’explique par l’application « zélée » du système LMD (l’UGEB exige sa suspension pure et simple). Ce qui n’a fait qu’engendrer les retards, les chevauchements de semestre et d’années académiques, le taux d’échec et d’abandon élevés. Pour répondre à cette situation, le pouvoir du MPP a élaboré un « Plan opérationnel de reconfiguration du système éducatif du Burkina Faso » en août 2016.

Pour l’UGEB ce document « foncièrement réactionnaire et anti-étudiant », vise à rendre l’université publique « élitiste » en lieu et place d’une université populaire en faisant passer les frais d’inscription de 15 000 à 100 000 FCFA au moins pour le cycle licence. Ce même Plan préconise de doubler, sinon tripler le prix des chambres en cité universitaire et les tickets de restauration. C’est dans cet ordre d’idée que le ministère en charge de l’enseignement a élaboré un document intitulé « « proposition d’un schéma de normalisation des années académiques des universités publiques au Burkina », qui a été rejeté en bloc par l’UGEB.

Au plan social, le congrès a laissé entendre que la « clochardisation » de l’étudiant burkinabè se poursuit. Se nourrir, se loger et bénéficier des œuvres sociales relève d’un parcours de combattant. Tout simplement à cause de l’insuffisance des prestations. Au Centre universitaire polytechnique de Dédougou, l’on ne sert que 400 plats par jour pour 800 étudiants, selon les estimations de l’UGEB. A l’Université Norbert Zongo de Koudougou, 8100 plats par jour pour 17 000 étudiants. Egalement, comme de coutume les étudiants ont dénoncé l’existence de textes liberticides autorisant l’intervention des forces de défense et de sécurité sur les campus, en flagrante violation des franchises universitaires.

Les congressistes n’ont pas manqué de mentionner le nom d’organisation sœurs de lutte en Afrique comme dans le monde. A cet effet, une motion de soutien a été faite à la ligue togolaise des droits des étudiants (LTDE). En marge de ce 28ème congrès, la Coordination des élèves et étudiants burkinabè (CEEB), ont tenu une rencontre pour une meilleure structuration.

Marcus Kouaman
Lefaso.net



Vos réactions (6)