Si la FILO m’était contée !Depuis sa création, la Foire Internationale du Livre de Ouagadougou (FILO) ne cesse d’égrener les éditions malgré les nombreuses difficultés rencontrées dans la sphère littéraire burkinabé. Même si jusqu’à présent le livre tarde à entrer dans les habitudes des burkinabé, on peu se féliciter tout de même des efforts menés par les acteurs de la FILO au fil des années en vue d’offrir à la littérature ses lettres de noblesse. À l’origine désignée sous l’appellation « lire en fête », la FILO verra le jour en 2000. Elle est née de la volonté de deux entités : le ministère en charge de la culture et l’Association des Éditeurs du Burkina Faso (ASSEDIF). Certes, les deux structures nourrissaient la même ambition. Celle de contribuer à l’émergence de la littérature dans notre pays. Et elles n’avaient pas trouvé mieux qu’une telle initiative pour promouvoir le secteur du livre au Burkina Faso. Un secteur ô combien riche mais malheureusement très peu exploité, voire même inexploité. Fort heureusement, les efforts du ministère en charge de la culture et de l’ASSEDIF se verront couronnés d’un succès total nonobstant quelques difficultés. En témoigne la réussite de la première édition. Tenue du 21 au 25 novembre 2000 dans le cadre enchanteur de l’Hôtel Indépendance, la FILO a évolué autour du thème suivant : « Édition et industrie du livre ». Son organisation fut d’ailleurs placée sous le parrainage des ministères des Arts et de la Culture, des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique, de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation et avec la collaboration de l’ASSEDIF ainsi que de l’Association Découvertes du Burkina. Cette première édition bénéficia du soutien financier de partenaires internationaux et le PSIC (Programme de Soutien aux Initiatives Culturelles). Ajoutons à cela, une autre action non des moindres qui aura contribué à donner à la FILO ses lettres de noblesse. Il s’agit de la détermination du ministre en charge de la culture de l’époque, son excellence Mr Mahamoudou Ouédraogo. Ce dernier a su donner de la voix à l’ouverture de cette première édition, exhortant tous les acteurs intervenant dans le domaine du livre à conjuguer leurs efforts pour faire de Ouagadougou un carrefour d’échanges fructueux autour du secteur du livre. Toute chose qui pourra lui permettre de sortir de l’ornière. Bien entendu, Mahamoudou Ouédraogo aura été l’homme qui a impulsé son dynamisme à la FILO et lui a permis de gravir aisément les échelons futurs. Il n’y a pas que le secteur du livre, la culture dans son ensemble a connu un boom total sous sa direction. Organisée du 23 au 28 novembre 2006, la 6 ème foire du livre ouvrira donc ses portes toujours à la maison du peuple sur un thème particulier : « littérature burkinabé : bilan et perspective ». Il s’agira de faire le point sur les acquis déjà engrangés de cette manifestation et jeter les bases du futur. Voilà pourquoi cette édition sera marquée d’intenses activités. Outre l’exposition-vente du livre, on enregistrera aussi des conférences, des dédicaces, des concours littéraires, une table ronde autour de l’édition, de la diffusion et de la distribution du livre, etc. Un hommage particulier sera rendu au cours de cette 6 ème foire à feu Léopold Sédar Senghor, l’un des pères fondateurs de la négritude. L’esprit de cet illustre poète et écrivain du monde francophone noir planera donc sur la manifestation à travers un panel de spécialistes planchant sur ses œuvres ou encore la nuit consacrée exclusivement en sa mémoire. L’année 2007 sera marquée par le retour de la FILO dans sa case de départ. C’est-à-dire que la 7 ème édition de la foire va se dérouler encore dans le cadre enchanteur de l’Hôtel Indépendance, lieu qu’elle avait abandonné aux premières heures de sa création. Toujours est-il que la manifestation ne faiblira pas d’idées, encore moins de créativités. Mieux, le thème de cette édition « littérature pour la jeunesse » va s’interroger sur la place du public jeune au sein de cet évènement d’envergure qu’est la FILO. Car la jeunesse n’a pas cessé de manifester son engouement total vis-à-vis de cette cérémonie depuis sa création. Et puis, il faut reconnaître que l’avenir du livre repose avant tout et surtout sur la jeune génération à laquelle il faut cultiver le goût de la lecture. N’a-t-on pas coutume de dire que l’habitude vient en mangeant. Aussi, il n’y a pas meilleure façon de rendre le livre plus utile que de l’intégrer dans nos mœurs dès le bas âge. Ce thème fort inépuisable va susciter un tel intérêt que les organisateurs vont devoir le ramener à la 8 ème édition de la FILO afin d’approfondir leur réflexion sur cette épineuse question de la littérature pour l’enfance et la jeunesse. Certes, il y sera aussi question du professionnalisme de la chose littéraire mené autour de débats et d’échanges en vue d’aboutir à la spécialisation du contenu de la manifestation, voire la possibilité de transformer la foire en un salon du livre dans les prochaines éditions. Rappelons que cette 8 ème édition de la FILO s’est tenue du 18 au 24 novembre 2008 sur le site du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO), qui plus est au pavillon du soleil levant. Un nom qui porte tout son sens au regard de l’évolution et des perspectives envisagées par la FILO. Comme en 2006, cette édition sera aussi l’occasion de rendre un vibrant hommage à Aimé CÉSAIRE, le chantre de la Négritude décédé le 17 avril 2008. D’où le thème de la FILO : « la rémanence africaine dans la littérature antillaise et caribéenne ». Un choix que le Ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication, Son Excellence Mr Filipe Savadogo a justifié en ces termes : « En effet, Aimé CESAIRE, Léopold Sédar SENGHOR, Léon Gontran DAMAS sont les principaux acteurs qui ont milité pour la reconnaissance de l’identité de l’homme noir ». Et ce dernier d’ajouter que « la foire est une promenade d’esprit et se doit d’être pérenne ». Toute chose qui va l’amener à la doter d’un secrétariat exécutif à l’image des autres grandes manifestations du pays comme le FESPACO, LE SIAO et le SITHO. On n’oubliera pas également cette autre proposition non des moindres du Ministre Savadogo, à savoir l’amorce d’une politique nationale du livre visant la mise en place du fonds d’aide à l’édition. Outre les conférences débats, les dédicaces et les expositions traditionnelles, l’occasion a été aussi donnée de célébrer au cours de cette 8 ème édition un défilé de mode exposant des créations antillaises. La cérémonie s’est achevée sur la note satisfaisante de la décoration de sept hommes et femmes de lettres dont un à titre posthume. Il s’agissait bien entendu de la personne de l’illustre écrivain disparu, Aimé Césaire. Les récipiendaires sont Jacques Prospère BAZIE, Jean-Pierre GUINGANE, Amadou Achille BOUROU, Irène TASSEMBEDO tous faits Officiers de l’Ordre du mérite des arts, des lettres et de la communication et Mme Jacqueline KI-ZERBO, Mme Abzèta Sana alias Adissa SANOUSSI distingués Chevaliers de l’Ordre du mérite des arts, des lettres et de la communication ainsi que M. Aimé CESAIRE à titre posthume. Sans doute l’appel est entendu à la 12ème édition de la FILO qui se tiendra sous le thème : « Édition et diffusion du livre scolaire au Burkina Faso : état des lieux et perspectives ». Placée sous la présidence du Ministre de la Culture et du Tourisme, Mr Baba Hama et sous les parrainages des ministres de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, des Enseignements secondaire et supérieur, et celui de la Recherche scientifique et de l’Innovation, la cérémonie s’est déroulée du 26 au 30 novembre 2013 au SIAO. Ce thème, indiquera le président du comité d’organisation, Jean-Claude Dioma, « met en exergue la relation entre le livre et l’école, tout en levant les préoccupations de l’impression ». Cette 12ème édition de la FILO connaîtra également la participation d’un certain nombre de pays comme le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo. Elle sera aussi l’occasion pour rendre un vibrant hommage à l’écrivain nigérian Chinua Achebe. Enfin, la 12ème édition de la FILO prendra fin sous la signature conjointe d’un protocole d’accord entre les quatre ministères, à savoir les ministères de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, des Enseignements secondaire et supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation et celui de la Culture et du Tourisme qui se doivent dorénavant d’organiser conjointement la FILO ramenée à chaque 2 ans au lieu d’un. Armand OUEDRAOGO |
Vos commentaires
1. Le 16 décembre 2015 à 12:11, par Witib yaan-da En réponse à : Si la FILO m’était contée !
Merci pour cet apport capital.