« Le rendez-vous de Touba » : De la culture et du sport, en attendant la recherche sur les originesTouba est un village de la commune de Madouba dans la province de la Kossi. Avant- dernier village avant le Mali, il est une riche cuvette au service de l’intégration des peuples. Au mali, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Niger…on trouve également des villages Touba. Quel lien y a-t-il entre ces différents peuples ? Sont- ce les frontières coloniales qui ont ainsi dispersé un groupe ? La réponse à ces questions constitue le combat de Servace Maryse Dabou qui a initié « Le rendez-vous de Touba ». Ceci pour célébrer l’amitié et partager les valeurs culturelles, socio- éducatives entre les Touba d’Afrique. Le projet qui est à sa 2e édition se tiendra du 15 au 20 décembre 2015 à Touba. En attendant, le promoteur nous parle davantage de son projet « panafricain ». Lefaso.net : « Le rendez-vous de Touba » répond à quel objectif ? Je me suis demandé pourquoi le nom de mon village se trouve ailleurs. Il y a Touba en Côte d’ivoire, au Sénégal, au Mali, en Guinée Conakry, et au Burkina. Pour ce que je connais. On m’a soufflé qu’il y a un Touba au Bénin, au Niger…Cela m’a amené à chercher une activité qui pourrait rassembler l’ensemble des peuples de ces Touba et chercher à savoir s’il y a une possibilité de partager les cultures, les réunir sur un même espace géographique. Ce n’est pas exclu qu’un jour, on puisse avoir un Touba Sénégal, mali, Guinée Conakry, Côte d’ivoire ? « Le rendez-vous de Touba » peut donc être un tournant et c’est ce que je cherche dans le long terme. Mais en attendant le rendez-vous ne peut pas s’exporter sans qu’on ne découvre d’abord ce qui est fait à Touba Burkina. C’est pourquoi nous avons pensé avec l’ensemble des organisateurs du village, qu’il y a des pratiques culturelles traditionnelles qui tendent à disparaitre et qu’il faudrait les promouvoir. L’un des objectifs, c’est donc de faire revivre les pratiques culturelles et ancestrales qui tendent à disparaitre ? Exactement. Il y a de belles pratiques culturelles que nous avons vécues à l’enfance. Une fois à l’école, à l’université, ou que nous avons commencé à travailler, on constate qu’elles disparaissent dans le village. Au clair de lune, pendant que certains enfants luttaient, ou faisaient leur jeu de cache, les jeunes filles chantaient, les vieillards faisaient leurs séances de causeries… ce sont des choses qui apportaient la cohésion dans le village, de la vie, de l’animation. Les Touba des autres pays ont-ils les mêmes réalités socioculturelles que ceux du Burkina ? Je cherche encore à découvrir les Touba des autres peuples. J’en appelle d’ailleurs à la bonne volonté de toute personne qui peut nous aider à faire de l’investigation dans ce sens. Ce que je sais c’est que le Touba du Mali et celui du Burkina, il y a quand même des similitudes dans la pratique culturelle. Justement au-delà des activités festives, y aura-t-il des réflexions qui seront menées dans ce sens ? Nous avions prévu des séances de sensibilisation sur des thèmes divers. Des causeries pour rechercher les traces des Touba, mais j’avoue que c’est très délicat. C’est très tôt pour le moment de vouloir parler de l’origine des Touba lors de ce rendez-vous. C’est au fur et à mesure que cela pourra venir et j’espère que des chercheurs et des historiens vont s’associer à nous et nous aider à en savoir davantage sur l’origine des Touba. Pour l’instant ce que nous faisons, ce sont des sensibilisations sur des thématiques diverses. Comme le VIH SIDA et les autres IST, la sécurité routière, et des animations que nous propose un de nos partenaires pour faire un éveil de conscience sur un certain nombre de problèmes. Peut-on dire que l’intégration des peuples Touba partira du Burkina ? Justement, c’est mon rêve. Que l’intégration africaine des peuples tant prônée par la CEDEAO, l’Union africaine et l’UEMOA puisse trouver dans le rendez-vous de Touba, une espèce de créneau pour ouvrir la voie à une intégration des peuples comme ils le veulent. Je souhaite également que l’intégration que nous recherchons à Touba puisse servir d’exemple afin que des bailleurs éventuels, des personnes ressources qui sont soucieuses de voir les peuples se fréquenter, se frotter sans couacs, qui sont soucieux de voir les peuples africains circuler, les cultures se croiser sans accrocs, trouvent en nous des ressources humaines compétentes, capables de donner un coup de pouce à l’émergence de cette intégration. Les frontières héritées de la colonisation ont souvent brisé des liens séculaires entre des peuples africains. Est-ce le fait de retrouver des Touba un peu partout en Afrique de l’ouest qui vous conforte dans cette idée de l’unicité de certains peuples qui survit au-delà des frontières ? Justement. Même quand on dit que les frontières sont fermées, c’est juste de nom. Nos champs se côtoient, nos parents se fréquentent, nous avons marié leurs sœurs, ils ont marié nos sœurs, ils ont nos parents avec eux, c’est difficile de séparer des gens qui sont liés par le sang. Surtout liés par des racines, qui sont la culture que nous partageons, les pratiques ancestrales que nous avons en commun, la langue que nous avons en commun, l’appartenance à un même groupe sociologique. Le fait qu’il y ait des Touba un peu partout me conforte dans l’idée de croire que le colon a fait ses frontières pour ses besoins, mais pas pour que les peuples africains se retrouvent ensemble. Et c’est pour cela que nous devons être fiers de nous retrouver, et faire en sorte que ces frontières ne soient qu’artificielles, nous permettant de briser ce lien colonial. Quelles sont les autres activités qui seront organisées à l’occasion de cette 2e édition ? En dehors des compétitions de chants et danses traditionnelles, il y a des pratiques anciennes que nous voulons ré-initier dans le village. Des danses particulières de femmes qui se font la nuit, par exemple des jeunes filles qui entourent les concessions avec des pilons. Mais il y aura aussi des nuits de contes, des projections de films, des séances de balafons. Des communautés étrangères sont-elles invitées pour cette édition ? En raison de ce qui prévaut dans la sous-région (Insécurité et attaques djihadistes, Ndrl), il faut être prudent à vouloir impliquer des communautés étrangères surtout dans une zone frontalière. Elles seront représentées, mais en termes de participation massive, nous devons encore patienter. Comment se prépare l’événement à quelques jours de son début ? Cette édition se prépare dans un contexte assez difficile, d’autant plus que l’on vient de sortir des élections. Toutes les bonnes volontés qui auraient pu nous assister techniquement et financièrement ne sont plus à même de le faire. Mais d’autres ont pu faire des gestes pour permettre d’aller sur le terrain pour rencontrer les paysans, échanger avec eux et préparer l’édition. Un dernier message ? Je tiens à remercier toutes les personnes qui nous ont tendu la main, qui nous ont donné des conseils, des stratégies pour améliorer l’événement. Je félicite les populations à la base qui croient en ce projet. Cela se matérialise par leur acceptation volontaire à faire des cotisations, qui avec un pot de mil, qui avec un pot de sel, qui avec un pot de fonio, du poisson, de l’argent…c’est ainsi, je crois, que nous réussirons à convaincre les gens que le développement peut se faire de façon endogène. Entretien réalisé par Tiga Cheick Sawadogo |
Vos commentaires
1. Le 13 décembre 2015 à 15:07, par Le Fair Play Citizen En réponse à : « Le rendez-vous de Touba » : De la culture et du sport, en attendant la recherche sur les origines
Bravo Dogo§ La culture sans frontière, notre identité, notre outils de réalisation propre pour forger des communautés sur la voie du progrès. Sotigui y sera, me joindre : sotiguitraore@yahoo.fr. Que vivement des exemples aussi citoyens fusent de partout au sein de la grande famille du "HCR", groupe très épris des valeurs de solidarités et de promotion sociale
2. Le 13 décembre 2015 à 19:05 En réponse à : « Le rendez-vous de Touba » : De la culture et du sport, en attendant la recherche sur les origines
Courage, l’intégration partira de ces initiatives
3. Le 14 décembre 2015 à 12:20, par Lomapi En réponse à : « Le rendez-vous de Touba » : De la culture et du sport, en attendant la recherche sur les origines
Belle initiative mon frère ! Et qu’au fil des éditions les liens de fraternité et consanguinité se consolident d’avantage ! Nul doute qu’il doit avoir un lien entre ces TOUBA. Vous pourriez déjà effectuer des voyages dans ces pays cités dans votre interview pour vous faire une idée des origines de ces peuples divers.
4. Le 14 décembre 2015 à 19:55, par FLAYE En réponse à : « Le rendez-vous de Touba » : De la culture et du sport, en attendant la recherche sur les origines
CULTURE DES TOUBA
5. Le 16 décembre 2015 à 00:04, par Servace En réponse à : « Le rendez-vous de Touba » : De la culture et du sport, en attendant la recherche sur les origines
Merci beaucoup à vous pour vos mots aimables. Je suis engagé et je le reste selon les moyens à ma disposition et suivant la volonté de Dieu. Que Dieu nous y assiste
6. Le 16 décembre 2015 à 00:05, par Servace En réponse à : « Le rendez-vous de Touba » : De la culture et du sport, en attendant la recherche sur les origines
Merci beaucoup à vous pour vos mots aimables. Je suis engagé et je le reste selon les moyens à ma disposition et suivant la volonté de Dieu. Que Dieu nous y assiste
7. Le 16 décembre 2015 à 15:29, par jacintha En réponse à : « Le rendez-vous de Touba » : De la culture et du sport, en attendant la recherche sur les origines
Louable initiative
Nous sommes de cœur et prochainement très actives à vos cotés pour ce Beau projet de développement social, culturel et économique
Bravo et courage à toi
Que Dieu bénisse tous les acteurs