Présidentielle et législatives 2015 : 22 journalistes à l’école de l’équilibre de l’informationLa campagne électorale s’annonce fébrile. Les « troupes » sont passées en revue de part et d’autre. Dans les rangs du « quatrième pouvoir », c’est aussi la grande préparation. Réunis à Koudougou, du 24 au 26 août 2015, à l’occasion d’une formation initiée par le ministère de la communication, 22 journalistes de la presse écrite ont été outillés sur les principes de l’équilibre de l’information en période électorale. « Les journalistes doivent servir l’intérêt public et non des intérêts personnels ou particuliers », dixit l’un des formateurs le Dr Cyriaque Paré aux participants. Leur mission est délicate et doit être empreinte de rigueur et de professionnalisme. Pour ce faire, une mise à jour des connaissances s’imposait surtout à l’aurore de la campagne électorale. L’équité, l’impartialité, le respect scrupuleux de la vérité doivent orienter les hommes et femmes de médias dans le traitement et la diffusion de l’information en cette période où les dérapages sont souvent légion. Soucieux du respect des principes dans l’équilibre de l’information, le ministère de la communication a initié une série de formations au profit des « chiens de garde » de la démocratie. Après la presse audio-visuelle et la radio, c’était au tour d’une vingtaine de journalistes de la presse écrite d’approfondir leurs connaissances sur les règles d’éthique et de déontologie mais aussi sur les genres prisés en période électorale, à savoir l’interview, le débat, le reportage et le compte-rendu. De l’impartialité « La politique est un terrain passionnel […] Faisons en sorte qu’elle soit un jeu », souhaite le formateur Hamado Ouangraoua. Pour y arriver, il estime que les hommes de médias doivent prendre du recul en évitant « les qualificatifs et les appréciations ». Cela, l’article 8 de la charte des journalistes du Burkina, l’énonce clairement : « Afin de sauvegarder la dignité de la profession, le journaliste doit éviter à tout prix de verser dans la partialité et l’esprit partisan ». Cette rigueur qui doit être observée tout au long du processus électoral, est indispensable pour la recherche d’un équilibre de l’information.Les candidats aux élections doivent être sur le même pied, car l’éthique et la déontologie du journalisme le commandent. De plus, Les chartes telles que celles de Munich et de Windhoek ne doivent pas rester aux oubliettes, semble dire le Dr Cyriaque Paré. Elles constituent un « testament » de référence dans le journalisme. De la maitrise des genres La maitrise des genres journalistiques est également un préalable pour mieux affronter cette campagne électorale. Ceux-ci nécessitent une préparation méticuleuse au cours de laquelle, la curiosité du journaliste doit être le fil conducteur. La confusion doit donc être évitée car chaque genre a ses exigences. Pour le Dr Victor Sanou, « l’interview n’est pas une discussion encore moins un débat ». Dans ce genre, « l’interviewer ne doit pas se laisser intimider », soutient-t-il. Pareil pour le débat où le journaliste doit prendre l’ascendant sur ses invités en les ramenant toujours à son questionnaire. Pour mieux concilier théorie et pratique, un plateau débat sur l’exclusion des dignitaires de l’ex-majorité ayant soutenu le projet de modification de l’article 37, a été simulé. Devoir de vérité Pour sa part, M. Hamado Ouangraoua fera la différence entre le reportage et le compte-rendu. Le premier, selon lui, a pour but « de faire voir, entendre, sentir et ressentir par le lecteur ce que le journaliste a vu, entendu, senti et ressenti lui-même dans un lieu donné ». Et bien qu’il comporte une part de subjectivité, le reportage exige de la rigueur. Le second, c’est-à-dire le compte-rendu, interdit une marge de manœuvre du journaliste qui ne doit laisser paraitre aucun commentaire. De son avis, ce genre devrait se conjuguer au présent afin de garder son caractère dynamique et vivace. Un point de vue peu partagé par les formés qui préfèrent plutôt le passé composé. De fil en aiguille, le débat débouchera sur la responsabilité sociale du journalisme face à des dérapages langagiers de certains hommes politiques. En tant que « chien de garde » de la démocratie, certains s’accordent à reconnaitre que le journaliste doit « respecter la vérité » car « le droit que le public a de la connaître » constitue son premier devoir. Toutefois, d’autres admettent qu’il ne doit pas ajouter « de la haine à la haine ». Herman Frédéric BASSOLE Certains participants s’expriment… Mamouda Tankoano, journaliste du quotidien Le Pays Romain Nébié, journaliste aux éditions Sidwaya Safietou Ouédraogo, rédactrice en chef, Dernières Nouvelles du Faso (DNF) Propos recueillis par HFB |