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A tous les insurgés du Faso !

Point de vue
vendredi 24 juillet 2015.

 

Je voudrais dire qu’aucun insurgé, par pure décence morale, ne devrait nourrir la malveillante prétention d’avoir plus de droits, de mérites ou de privilèges que les autres et ce, du fait de sa participation à l’insurrection. Je voudrais dire que si un insurgé peut se prévaloir de sa participation à la lutte pour dire ceci ou cela, faire ceci ou cela, soutenir telle position ou telle autre alors, de la même manière et dans les mêmes proportions, il devrait reconnaître à ses co-insurgés le même droit, y compris le droit d’être en désaccord avec lui et même le droit de se tromper de bonne foi.

D’où vient-il alors que l’on en soit arrivé au refus de la contradiction, au rejet de la différence, à cette sorte de dictature de la pensée et de la position uniques, à cette sorte de terrorisme déguisé planant sur nos libertés ?

Oui, à tous les insurgés du Faso, je voudrais dire que si vous estimez devoir être écoutés parce qu’étant un insurgé, c’est que vos co-insurgés sont en droit d’estimer la même chose. Alors, écoutons-nous sinon nous butons sur un dialogue/débat de sourds, non productif et même contre-productif.

Je voudrais dire tout humblement aux insurgés de ma nation, que lorsqu’un co-insurgé fait un choix, émet une opinion, c’est moins le principe de sa liberté de choix ou d’opinion qui doit être mis en cause que la pertinence, le bien-fondé, la justesse, la cohérence, l’opportunité de ce choix ou de cette opinion. Mieux, si vous estimez qu’il est dans l’erreur, ce qui importe, ce qui est plus bénéfique, c’est moins de l’incriminer que de lui montrer les limites de ses choix et opinions en l’aidant à en sortir. Lui retirer le droit et la liberté d’opinion et de choix serait une confiscation inacceptable de droits et libertés élémentaires, comme le droit de choisir de dire non au tripatouillage de la Constitution que le régime défunt de COMPAORE avait voulu nous refuser.

Oui, aux insurgés de ma chère Patrie, je voudrais dire qu’en fait de mérites, tout l’hommage doit revenir à nos martyrs qui attendent encore justice et que nous ne cessons d’offenser, de persécuter dans le silence de leur demeure lorsque nous pensons avoir plus de mérites que les autres. Eux ont tout perdu, la vie y compris. Ils ne parlent pourtant pas. Et nous ? Ils nous demandent simplement de lutter pour que justice leur soit rendue. Le faisons-nous ?
Je voudrais également dire qu’avoir participé à l’insurrection ne confère ni immunité, ni impunité ni aptitudes intellectuelles, morales et humaines à occuper un poste de responsabilité, à exercer un pouvoir, à gouverner notre peuple, à être un Président. L’on ne devient pas Homme/Femme d’Etat parce que l’on a seulement participé à l’insurrection. Autrement, on annulerait les élections à venir pour convoquer tous les insurgés devant des spécialistes à l’effet d’évaluer et de déterminer le plus insurgé de tous les insurgés et ainsi on l’introniserait directement Président de la République. Ou encore, on introniserait l’opposant le plus ancien dans les rangs de l’opposition, celui qui aurait été le plus gazé, matraqué, arrêté, emprisonné, rasé, de 1987 à nos jours.
Et à ce propos, je voudrais tout humblement aussi dire qu’il n’est point d’honneur à être un faussaire de l’histoire. Et cette histoire-là, c’est celle qui nous enseigne que les luttes et résistances dans ce pays ne datent pas de notre seule ère, des 30 et 31 octobre 2014.
Car la vérité est qu’avant nous, des hommes et des femmes, illustres ou inconnus, ont lutté, vaillamment et avec détermination. Certains l’ont payé de leurs vies et d’autres vivants mais sérieusement affectés. Oui, cette histoire-là, c’est celle qui nous enseigne que Norbert ZONGO s’est offert en sacrifice pour la rédemption de la presse burkinabè et de nous citoyens. C’est celle qui nous enseigne que Arba DIALLO a été un combattant, un résistant, un conquérant constant, digne et qu’il n’a pourtant pas connu les 30 et 31 Cette histoire-là, c’est celle qui enseigne que la résistance au système pervers de COMPAORE a commencé le 15 octobre 1987.

Cette histoire-là, c’est celle qui nous enseigne que la maison de la lutte a été gardée depuis cette date, que la flamme de la lutte a été maintenue allumée pour que nous venions contribuer à la raviver et ainsi réaliser la victoire d’étape des 30 et 31 octobre 2014. Que de Burkinabè ont sérieusement malmené le système COMPAORE, lui donnant des coups à répétition, contribuant ainsi à édenter le lion pour que finalement nous le terrassions en cet après-midi du 31 octobre 2014.

Devoir de mémoire oblige, ne trafiquons pas notre histoire, ne la braconnons pas, ne la tripatouillons pas ! Un insurgé n’est ni trafiquant, ni braconnier, ni tripatouilleur. Un insurgé défend des valeurs et des principes et ce, dans la constance.

Je voudrais enfin dire qu’en ce moment de choix historique et décisif pour notre Nation, nous ne devrions pas nous laisser gagner par des rancoeurs non digérées pour déterminer notre choix. Sortons de là ! Ce dont le Faso a besoin, je pense humblement, ce sont des leaders politiques, hommes et femmes qui incarnent des valeurs et que leurs vies et actes retracent et démontrent. Ces leaders-là, ce sont ceux qui sont habités par l’amour de la Patrie et donc du prochain. Et quand on aime sa patrie, son peuple, on ne lui ment pas, on ne triche pas avec lui, on ne le pille pas, on ne le spolie pas, on ne le déloge pas, on ne tue pas.

Ces leaders, hommes et femmes de valeurs, devraient avoir une vision cohérente, réaliste et réalisable pour notre pays, une vision qui est à notre image et à l’image du Faso de nos rêves, de nos aspirations, de nos espérances. Ils devront avoir l’aura nécessaire, les aptitudes intellectuelles, morales et humaines, avoir de l’humilité, de la retenue, de la simplicité en étant intransigeants quand il s’agit de justice, d’intégrité, de culte du mérite, d’ordre et de discipline !

Assurément, le Faso nouveau ne sera pas celui des leaders politiques débordants de suffisance, d’arrogance, de mépris vis-à-vis du peuple et qui ont fait en eux le deuil des valeurs et qui espèrent nous conduire à la restauration ou au remplacement, tant ils n’ont rien ou n’ont plus rien à proposer au peuple. Ce ne sera pas non plus celui des leaders politiques qui espèrent gouverner par des slogans souvent lapidaires et même creux ni par l’argent. Oui, l’argent ! Cet autre démon qui a abimé notre tissu social et qu’il est temps, grand temps de déloger sans ménagement aucun.

Et alors, à présent, quel Faso nouveau voulons-nous bâtir ? Et avec qui ? Après tout, à vin nouveau, outres neuves, nous enseigne la Bible !

Je vous souhaite une bonne suite de semaine, chers compatriotes !

MARE Arnaud,
arnaudmare@yahoo.fr



Vos commentaires

  • Le 23 juillet 2015 à 16:10, par espoir 9° En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    Vous thesez trop et vous nous plonger dans l’incertitude vue vos positions incompréhensibles. Si vous pensez que le changement va se négocier comme cela, alors allons-y. Blaise n’a pas trahi, la trahison du peuple viendra de ses rangs des gens croupis dans le noir avec des dessins inavoués. Mais rendez-vous tranquille Dieu veille sur le Burkina Faso et les pattes blanches comme les pattes noires seront tôt ou tard connues.

    QU’ALLAH, TOUT PUISSANT, L’OMNISCIENT, LE VIGILANT, LE JUSTE POUR TOUS, VEILLE PAR SA GRÂCE SANS LIMITE SUR NOTRE BURKINA FASO AUX PRISES DE SES FILS ET FILLES MAL INSPIRES °°°°°°°°°°°°°°°°°°°AMEENNN°°°°°°°°°°°°°°°

  • Le 23 juillet 2015 à 16:27, par Gnare En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    Très belle réflexion, vous êtes un démocrate,Dieu vous garde.

  • Le 23 juillet 2015 à 16:27 En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    Belle mise au point mon ami. C’est assez clair.

  • Le 23 juillet 2015 à 16:34, par TABITA En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    je sais pas ce que monsieur MARE a voulu nos dire par cet écrit. qui est ce que tu indexe ? les insurgés politiques ? ou les insurgés lambda ?

  • Le 23 juillet 2015 à 16:43 En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    Ce message sied surtout pour Guy Hervé KAM qui se croit l’alpha et l’oméga de l’insurrection populaire au point de le vendre à 5 sous à ZIDA. Dieu aime le Burkina Faso et tous les arrogants, les intrigants et les intolérants seront bientôt par terre. Allons seulement aux élections !!! et que le meilleur gagne. Le Citoyen.

  • Le 23 juillet 2015 à 18:14, par Zisou En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    Merci Monsieur MARE ! Chapeau bas à vous !

  • Le 23 juillet 2015 à 18:45, par Facebook En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    Sur la page Facebook du Balai Citoyen par exemple seule la pensée unique y est acceptable. Sinon tous ceux qui tenterait de les contredire sont tout simplement bloqués de commentaires. Je pense qu’ils ne sont pas des démocrates en fait. Sinon comment expliquez vous cela ? Envie de manipuler ou de faire croire tous ceux qui commentent sur leur page partagent toujours la meme opinion ?

  • Le 23 juillet 2015 à 19:23, par Vigilance En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    Merci monsieur MARE. Être grand c’est savoir accepter la différence et pardonner à ses bourreaux comme l’a fait Nelson Mandela. Les insurgés n’ont pas plus de droits que les autres Burkinabe. Les millions de citoyens qui sont sortis les 30 et 31 octobre ne sont pas toujours d’accord avec ceux qui réclament la victoire de l’insurrection. Moi même suis un insurgé.

  • Le 24 juillet 2015 à 03:18, par ET POURTANT En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    VOILA QUI EST CLAIRE .

  • Le 24 juillet 2015 à 07:35 En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    Message clair mais vous oubliez de citer les citoyens aux tubes digestifs XXL et a la moralité médiocre .
    Ce sont eux qui vous demandent sur le forum d’expliquer ce qui est déjà démontré .

  • Le 24 juillet 2015 à 08:39, par Sidpawalemdé Sebgo En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    Très bel écrit, dont la belle forme ne change pas le flou artistique qui occulte complètement l’opinion qui voulait s’exprimer. Arguments frappants, mais épars et contradictoires, qui ne sont au service d’aucune construction rhétorique.

    En plus clair : Vous avez voulu dire quoi avec ce gros français ???

  • Le 24 juillet 2015 à 11:32, par Bob En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    Rien de salvateur (pour notre peuple) ne s’obtiendra dans la négociation et les compromis compromettants. L’esprit de l’insurrection ne saurait être préservé que par les vrais insurgés. ceux-là qui sont sortis non pas pour transmettre le pouvoir à la même équipe déguisée ou reconvertie, mais plutôt pour le bien de la nation entière. "Si nous nous couchons, nous sommes morts". Si nous nous contentons d’observer, de prendre acte et acquiescer -même quand les dés sont pipés-, nous aurons trahi notre nation entière, et bafoué l’espoir de toute la jeunesse africaine. C’EST MAINTENANT QU’IL FAUT SE LEVER.

  • Le 24 juillet 2015 à 11:33, par sidpawalimdé En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    Internaute N o 4, TABITA, referez à cette partie du message pour rechercher à ceux qui des insurgés il est adressé :
    « Assurément, le Faso nouveau ne sera pas celui des leaders politiques débordants de suffisance, d’arrogance, de mépris vis-à-vis du peuple et qui ont fait en eux le deuil des valeurs et qui espèrent nous conduire à la restauration ou au remplacement, tant ils n’ont rien ou n’ont plus rien à proposer au peuple. Ce ne sera pas non plus celui des leaders politiques qui espèrent gouverner par des slogans souvent lapidaires et même creux ni par l’argent. Oui, l’argent ! Cet autre démon qui a abimé notre tissu social et qu’il est temps, grand temps de déloger sans ménagement aucun ».
    C’est clair que ce message s’adresse à ceux qui sont se insurgés pas pour parce que la morale agissait ou même morte au Faso, mais parce qu’eux ne sont pas de la soupe. Rappelez :
    • des bagarres suites au choix des représentants des OSC au Conseil National de Transition,
    • aux arguments purement pécuniaires pour la fixation des émoluments des députés CNTistes, pour ceux là, c’est lève toi que je m’assieds. Une fois assis, voilà des manœuvres souterraines pour une prolongation de la transition,
    • de ces leaders politiques qui se croient seuls artisans de l’insurrection et s’octroient le monopole de distiller les slogans.
    • Aux OSC pleines d’ardeur et analphabètes juridiques, agissant au mépris de la composition tripartite de la transition, sinon comment comprendre qu’elles veuillent obliger ou utiliser certains acteurs d’allez impunément à l’encontre des intérêts de leur groupe d’origine. Par leurs compliments, au lieu de soutien ,ont été des pièges qui ont fait trembler la transition .

  • Le 24 juillet 2015 à 11:38, par moi même En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    De belles idées, mais difficile à lire à cause de la ponctuation.
    Merci à toi Mr Maré

  • Le 24 juillet 2015 à 13:33, par Ninja Choc En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    Arnaud MARE du Collectif NATAMA,
    Tu as bien suivi les leçons de ton mentor J.B. NATAMA. Mais saches qu’il ne sera pas NOTRE président ici ! en tout cas pas en 2015. On veut pas des opportunistes pour nous mener à l’abattoir !
    Sinon que tu es bien parti pour être un bon politicien, bravo !

  • Le 26 juillet 2015 à 05:16, par Amo En réponse à : A tous les insurgés du Faso !

    Félicitation mon frère. Les insurges doivent avoir une hauteur d’idées sur ceux qu’ils ont insurges. Sinon on reviendra plus bas que la case départ. Big up