Journée d’Hommage aux Martyrs : le Pr Mahamadé Sawadogo parle des causes et conséquences des insurrections dans le mondeEn prélude à la Journée nationale d’hommage aux Martyrs de l’insurrection populaire, le gouvernement a initié une série de conférences publiques dont la première a eu lieu dans la soirée de mercredi, 27 mai à l’Université de Ouagadougou autour du thème « Causes et conséquences des insurrections dans le monde ». Un thème qui a été scruté par le Pr. Mahamadé Sawadogo, enseignant de philosophie à l’Université de Ouaga I avec la modération de Aboubakar Sango, également enseignant en science juridique et politique, droit, à l’Université Ouaga II. C’est par une vue globale de l’insurrection même que le conférencier a campé le décor de sa communication, en relevant que les insurrections, partout dans le monde, sont des évènements qui marquent la mémoire collective. Selon le conférencier, ces évènements ne se situent pas dans l’ordre institutionnel normal ; ce sont des mobilisations qui ne sont pas prévues par les textes et qui, souvent, surprennent la collectivité mais qui aboutissent à des changements et qui laissent des traces importantes. Les insurrections se caractérisent par leur aspect populaire, impliquant des conséquences sur le cours de la vie collective.
Les causes conjoncturelles sont, en ce qui les concerne, liées aux comportements des différents acteurs politiques. « Quand vous prenez la société Burkinabè, il y a des institutions avec leurs représentants mais en dehors de ceux-ci, il y a des formes d’organisation des citoyens (OSC, partis politiques, ONG, etc.). Les luttes entre les acteurs collectifs peuvent donc aboutir à l’intervention d’une insurrection. Sur ce que nous avons connu au Burkina, il y avait un parti au pouvoir avec ses alliés qui ont entrepris des démarches pour rester longtemps au pouvoir et en face, ceux qui aspiraient au changement », a-t-il reconstitué en substance. Quelles leçons peut-on universellement, tirer des insurrections ? Pour Pr. Mahamadé Sawadogo, les conséquences des insurrections ne sont jamais exactement les mêmes en fonction des résultats, des différents acteurs, des différentes formes de mobilisation et varient d’une société à l’autre. Il relève au passage que ce qui s’est passé en Tunisie, n’est pas la même qu’en Egypte ou au Burkina. Le communicateur fait constater qu’il y a un retour en force des insurrections ces dernières années sur le continent africain ; un signe des temps qu’il faut savoir interpréter. Ce qui traduit une crise du jeu politique institutionnalisé qui se retrouve confronté à des limites, tout simplement parce qu’il a été utilisé pour servir des catégories sociales (quand on montre qu’on peut manipuler la Constitution comme on veut, le code électoral à sa guise, on finit par susciter la méfiance des citoyens qui vont s’interroger). L’insurrection traduit donc la crise du jeu politique institutionnel. La deuxième grande leçon que le Pr. Sawadogo a énumérée est « la primauté des mass » dans la vie politique. Quand on s’en tient au jeu politique institutionnalisé, on ne voit pas les mass ; chacun va poser son bulletin dans l’urne et il retourne chez lui. « Ce qui est très intéressant après les insurrections, c’est la passion pour la politique qui s’empare des populations ; partout c’est comme cela. Le succès des émissions d’expression directe au Burkina est une conséquence directe de l’insurrection et elle s’observe dans tous les pays », a-t-il illustré. L’insurrection conduit aussi à une multiplication des citoyens actifs qui se sentent directement concernés par la vie politique, qui s’intéressent aux décisions et essaient de les comprendre. « C’est une sorte de folie collective qui s’empare des gens ». Enfin, la dernière grande leçon est que les mass s’impliquent dans la vie politique pour demander le changement. « C’est comme si avant l’insurrection, rien ne bougeait ; tout le monde se met à croire au changement et demande le changement. Tout le monde découvre donc que la société est une réalité susceptible de changement, elle n’est jamais figée », a expliqué le conférencier. Oumar L. OUEDRAOGO |
Vos commentaires
1. Le 28 mai 2015 à 23:33, par Hermann arzouma KABORE En réponse à : Journée d’Hommage aux Martyrs : le Pr Mahamadé Sawadogo parle des causes et conséquences des insurrections dans le monde
Message très claire et a porté de tout le monde ! Le Pr Mahamadi Sawadogo, vous excellez dans la brillance et la clairvoyance. Beaucoup de Professeurs doivent et devrons suivre votre exemple dans leur domaine respectif tout en étant des gens humbles et en voulant mettre leur savoir au profit des masses. Je suis très fier de vous pour ce message claire et limpide. Vous êtes un exemple que je suis prêt à imiter.
2. Le 29 mai 2015 à 12:20, par Big philosophe En réponse à : Journée d’Hommage aux Martyrs : le Pr Mahamadé Sawadogo parle des causes et conséquences des insurrections dans le monde
Haaa le grand Professeur Mahamadé SAVADOGO. Je vous admire tellement. J’ai eu le plaisir de vous suivre, de vous lire. Vous m’avez inspirer sur bien de plans. Vous êtes un exemple à suivre. Et vous êtes humbles avec tout le monde. Vous avez près d’une dizaine de livres philosophiques à votre actif (c’est pas comme les autres qui se contentent des articles), vous êtes parmi les plus grands philosophes africains et parmi les plus reconnus mondialement. Votre école doctorale en quelques années à produit au moins une quinzaine de docteurs. Vous militez pour qu’à défaut de supprimer les frais de laboratoire de 3ème cycle, qu’on revoit le montant à la baisse. Vous êtes de ceux qui s’impliquent et qui s’engagent dans la vie de la nation à travers le mouvement manifeste pour la liberté et également le journal hakili. Bien de choses à vous professeur.
En ce qui nous concerne ’sociologue’, comme d’habitude nos grands professeurs de sociologie de l’université sont en train de courir derrière leur gombo au lieu de s’intéresser à la vie de la nation...Vraiment...Aucune conférence, aucune intervention depuis la période préinsurrectionnelle et postinsurrectionnelle. Pardon messieurs les grands sociologues, jouer votre rôle d’enseignants, de chercheurs et laissez un peu les gombos.