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Sohamaï Hema : La politique au politique, l’animation de la vie civile aux Organisations de la Société Civile et l’armée dans les casernes

mardi 5 mai 2015.

 

Le débat politique actuel du pays des hommes intègres est certes passionnant mais à la fois complexe, sensible, confus et se prête à tout commentaire. Cette situation est inhérente à tout pays qui après avoir longtemps sombré sous le poids de la dictature entame désormais une phase active de sa démocratisation véritable. La construction d’un Etat de droit est un impératif pour garantir les libertés individuels et collectives, l’accès équitable et sans discrimination des jeunes à l’emploi et assurer une redistribution rationnel des richesses à tous les fils et filles de la nation. La transition en cours pourrait si tous se passe bien ouvrir un battant de cette fameuse porte à condition que les acteurs politiques, militaires et civiles jouent franc jeux. Ces principaux acteurs assument –ils leurs rôles ?

L’arène politique nationale s’est agrandie ces dernières années et surtout ces derniers mois par la création des nouveaux partis aux noms tonitruants et qui se réclament de toutes les tendances idéologiques du monde. Au Faso on a : les sociaux-démocrates, les libéraux, la social-démocratie, les révolutionnaires, etc. On pourrait parler de printemps des partis politiques mais la chaleur accablante et la poussière du pays obligent. Ces formations politiques étonnent par leurs nombres-plus de 100-et cela nous fait douter de leur sincérité. Si le nombre de partis était le baromètre de la démocratie l’ex-Haute Volta serait pratiquement en tête de peloton mais hélas ! Beaucoup reste à faire. Une moralisation et un assainissement de la vie politique est nécessaire pour restituer la politique dans son contexte. La politique est un noble art car il s’agit de la gestion de la cité, des biens publics et la formation des masses populaires sur leurs devoirs et responsabilités. Un regroupement politique doit avoir une orientation, une vision et un programme clair permettant de conduire le peuple qui l’aurait élu vers un lendemain meilleur. Ce rôle de conscientisation et d’élévation du niveau politique dévoué aux partis est quasiment inexistant au Burkina. La seule préoccupation de nos partis est la lutte pour le contrôle de l’appareil d’Etat ou avoir la clef de Kossyam au soir du 11 octobre 2014. Pour arriver vainqueur à cette compétition électorale tous les moyens sont bons même souvent les basses besognes puisqu’il n’y a aucune vision ni programme. La politique aux mains des hommes politiques pourrait changer les choses dans le bon sens mais aux bras des politiciens nous conduiraient dans les mêmes travers que sont la gabegie, le clientélisme, le népotisme, etc. Souvenons-nous des stades pleins recto-verso, dedans et dessous qui ont fini par endeuiller nos familles et engendrer d’énormes pertes d’emplois. Force est de constater aujourd’hui que les revendications sociales n’ont pas véritablement bougé d’un iota. Si nous ne restons pas vigilants, ces politiciens, par leurs actes, risquent de produire les années à venir pleines de pauvres et de misérables recto-verso. Les précampagnes amorcées par les partis politiques, toute tendance confondue, sont pleines de promesses du genre, on va construire des barrages, des routes, des écoles et des hôpitaux. C’est du déjà entendu depuis 27ans. D’où proviendraient ces fonds pour réaliser ses projets de campagnes ? Allons-nous répartir aux Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) des années 1993 où reconduire son petit frère la SCADD de 2011 ? Ou bien continuer à inonder le pays d’Organisations Non gouvernementales(ONG) de toute nature pour accroitre d’avantage la dépendance des populations vis-à-vis de l’extérieur et exacerber leur souffrance. Le peuple a besoin du politique et le politique a besoin du peuple. Travaillons à ce que ce partenariat soit favorable à tous.

Le climat social pré et post insurrection est de plus en plus délétère pour plusieurs raisons. Le régime déchu ne s’avoue pas vaincu et prétend se réinstaller à kossyam en 2015 ; les partis de l’ex-majorité dénoncent une chasse aux sorcières orchestrée par leurs adversaires politiques et rejettent en bloc le nouveau code électoral qu’ils jugent arbitraire et liberticide. Le professionnalisme et la neutralité tous azimuts des organisations de la société civile (OSC) auraient servi d’interface entre les différents protagonistes pour asseoir un dialogue franc, constructif et objectif. Malheureusement, certaines OSC portent des casquettes de politiciens voilés et se comportent comme telle. Ces positions souvent affichées biaisent totalement le débat et compliquent l’approche participative engagée par la Commission de Réconciliation Nationale et des réformes. Ces organisations gagneraient à adopter une position médiane comme indiqué dans leurs statuts et règlement intérieur. L’immixtion de ses structures dans la politique est inquiétante pour l’avenir du pays car nos prochains dirigeants trouveront une fois de plus une population naïve et sans résistance véritable, incapable de défendre une cause juste ou dénoncer une situation réelle de mauvaise gestion matérielle et financière. Le rôle des OSC est très capital dans un processus de construction d’une démocratie nouvelle ayant pour socle le partage équitable de l’avoir et du savoir. Nous ne doutons pas un seul instant de leurs apports considérables à la chute du régime mafieux et clandestin de l’ex-locataire du palais de Kossyam mais l’honnêteté intellectuelle commande de reconnaitre qu’il y a des coquilles ou des dérives qui méritent d’être corrigées pour les rendre plus opérationnels sur le terrain.
L’armée est une composante importante dans la vie d’une nation démocratique. Une grande muette bien formée et disciplinée pourrait assurer indéniablement la défense de l’intégrité du territoire contre d’éventuel pré dataire et accompagner ainsi la libre circulation des personnes et des biens nécessaires pour l’intégration sous régionale indispensable au développement de notre très cher continent. La réorganisation de l’armée burkinabè est une urgence pour nous éviter la force de l’argument du canon les années à venir et saper tout le travail abattu par les différents acteurs civils que politiques. Les forces de défense en activité devraient logiquement s’éloigner des sphères politiques selon la déontologie de leur corps de métier afin de mieux s’occuper des maux qui minent le fonctionnement des casernes. Le triste constat c’est que des hauts cadres militaires respectables et respectés ont troqué la belle tenue contre des casquettes politiques sans avoir clarifié véritablement leurs statuts. Ces comportements ne sont pas de bons exemples pour les jeunes officiers qui sont prêts à servir loyalement et en toute impartialité leur nation. L’armée doit se distinguer par sa neutralité et son professionnalisme dans la conduite de ses missions routinières et spéciales dans le cadre légal. Evitons de confondre l’institution militaire et la politique même si les deux sont condamnés à travailler ensembles, elles sont tout de mêmes différentes. Les corps armés ont intérêt à retourner dans les casernes après 2015 gage d’une bonne réconciliation avec les masses populaires.

Ce message est un cri de cœur afin que les différents animateurs de la vie sociale et politique mettent en avant l’intérêt supérieur de la nation au-dessus des intérêts individuels et égoïstes. Je suis né sous l’ère Sankara et très petit j’ai vu les parents construire de leurs mains des routes et des barrages. Ce travail marchait bien sans distinction aucune car chacun défendait à sa manière l’intérêt supérieur de ce pays. Jeunesse du Burkina, vous êtes le miroir et l’espoir de l’Afrique noire francophone car vous l’avez démontré en mettant fin au régime sanguinaire et arbitraire de monsieur Compaoré. Le combat se poursuit désormais sous d’autres formes notamment dans les urnes. Participez massivement à l’enrôlement afin de choisir librement et en toute indépendance vos futurs dirigeants. Jeunes du Faso, vous avez le pouvoir et vous ferez du Burkina ce que vous voulez qu’il soit dans les prochaines années.

Bonne réception et bonne lecture !
Sohamaï HEMA
E-mail :sohama.hema@yahoo.fr
Cel :(00226) 70819156
Observateur de la Scène Politique National



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