Education nationale : la Coalition Contre la Vie Chère appelle à soutenir la campagne nationaleLa rentrée scolaire et universitaire 2014 se déroule dans un contexte de crise profonde qui secoue notre pays. Le trait fondamental de cette crise est le réveil et l’entrée en lutte de millions de citoyens et citoyennes qui exigent un changement en leur faveur. Cette rentrée est pleine d’angoisses pour les parents d’élèves, les élèves et étudiants, les enseignants et le personnel impliqué dans la gestion de l’école en raison de la faillite de l’école pilotée par les officines impérialistes que sont le FMI et la Banque Mondiale. La crise de l’école est une dimension fondamentale de la crise économique, sociale et politique qui secoue le Burkina Faso. Elle a atteint aujourd’hui un seuil critique qui interpelle non pas seulement les acteurs de l’Education mais aussi les organisations démocratiques dont la Coalition Nationale de lutte contre la Vie Chère, la Corruption, la fraude, l’impunité et pour les Libertés (CCVC). La Coalition Contre la Vie Chère (CCVC) a inscrit en bonne place dans sa plate-forme d’action la question de l’éducation. Elle ne peut rester donc silencieuse face au chaos dans lequel la politique criminelle du pouvoir COMPAORE plonge le système éducatif chaque jour un peu plus. Faut-il le rappeler, les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) rebaptisés Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) puis Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD) ainsi que les multiples réformes opérées dans le système éducatif (refondation, Réforme globale du système éducatif lancée en 1997, système LMD, continuum…) ont conduit le secteur de l’éducation à la ruine. En effet, sous les diktats des institutions financières internationales et dans le cadre des programmes d’ajustement structurel successifs, le système éducatif du Burkina Faso a subi, depuis le début des années 1990, des politiques articulées autour de deux volets comme l’énonce clairement un rapport d’orientation de la Banque Mondiale publié en novembre 1987 intitulé L’Education en Afrique Subsaharienne : pour une stratégie d’ajustement, de revitalisation et d’expansion “le programme d’ajustement du système d’éducation et de formation comportera deux volets : diversification des sources de financement et maîtrise des coûts unitaires ”. L’application de cette orientation a consacré l’ancrage néolibéral des politiques africaines d’éducation avec le désengagement de l’Etat des dépenses d’éducation et une marchandisation à marche forcée de ce secteur. C’est là que se trouvent les origines de la débâcle continue du système éducatif. Celle-ci s’observe aux niveaux de la qualité de l’éducation, de son financement et des conditions de vie et de travail des acteurs de l’éducation. Au plan de la qualité de l’éducation La qualité de l’éducation au Burkina Faso s’est dégradée et se dégrade de façon continue sous les effets conjugués de l’insuffisance des infrastructures et des enseignants, de l’accroissement des effectifs dans les classes, d’une politique de formation initiale et continue des enseignants très défectueuse. Une des manifestations de la piètre qualité de l’éducation, ce sont les résultats scolaires notamment au post primaire, au secondaire et au supérieur. Alors que les taux de réussite atteignent 70 et même 80% au CEP, ceux du BEPC et du Bac tournent généralement autour de 30%. En 2014, les taux de succès sont respectivement de 28,62% et de 37,04% pour le BEPC et le BAC. C’est dire que les enseignements post-primaire et secondaire sont plus orientés vers l’échec que vers la réussite. Au niveau du financement L’Etat n’a consacré en 2013 à l’éducation (MESS et MENA), que 13% de son budget qui s’élève à 1 259 milliards de F CFA alors qu’il s’est engagé à porter ce taux à 20% conformément aux recommandations de l’UNESCO et au cadre d’action de Dakar 2000 sur l’Education pour Tous (EPT). Ainsi, au préscolaire, le taux de scolarisation et la place du privé illustrent parfaitement la démission de l’Etat ; avec un taux qui tourne autour de 3%, les structures formelles et non formelles privées concentrent près de 65% des effectifs ! Au primaire, en dépit des centaines de milliards engloutis par le Plan Décennal de Développement de l’Education de Base (PDDEB) entre 2001 et 2010, l’enseignement primaire reste à un taux de scolarisation de 82%, dont 15% assuré par le privé. Le nombre d’écoles sous paillote a atteint 4341 en 2013-2014 Au niveau des post primaire et du secondaire, l’enseignement privé représentait en 2013, 57,3% des établissements. Il se développe d’année en année avec des frais de scolarité qui augmentent sans cesse. Au niveau du supérieur, le nombre d’établissements d’enseignement supérieur est passé de 50 en 2008 à 87 en 2013 dont 67,8% d’établissements privés. Au plan des conditions faites aux acteurs Les acteurs de l’éducation vivent des conditions de travail, d’études et de vie désastreuses. Les mécanismes de soutien aux enfants du peuple sont quasi inexistants : les bourses et les internats ont totalement disparu au secondaire ; en 2012-2013 selon le tableau de bord de l’enseignement supérieur, ce sont seulement 4159 bourses (nationales, étrangères, grandes écoles et écoles privées, bourses de stage…) qui ont été octroyées par l’Etat burkinabè pour une population estudiantine de 74 276 étudiants dans la même période. Cela signifie que 70 117 étudiants ont été abandonnés à eux-mêmes ou sont laissés à la charge de leurs parents. De 1990 à nos jours, la proportion d’étudiants boursiers qui était de 96% est tombée à 16% en 1999-2000 et aujourd’hui, elle est à 5%. Les amphis, les restaurants et cités universitaires ont des capacités d’accueil très en deçà des besoins des dizaines de milliers d’étudiants. Les enseignants, les étudiants et les élèves évoluent dans des classes et amphis surpeuplés. Conscient de cette faillite totale de l’école, le gouvernement de la IVème république a, sur injonction des institutions internationales telles que la Banque Mondiale, essayé d’y remédier en engageant des réformes, qui en dernière analyse n’ont guère amélioré la situation. Car ces réformes restent campées sur les grandes orientations fondées sur la privatisation et la destruction de la qualité de la formation à tous les niveaux. Il en va ainsi de l’introduction du système Licence Master Doctorat (LMD) à l’enseignement supérieur, avec la prétention d’une professionnalisation des filières de formation des étudiants et l’introduction des universités du Burkina dans le système international d’enseignement supérieur enclenché par le processus dit de Bologne. Après cinq ans d’application de cette réforme du système LMD, les universités publiques sont bloquées. Cela a conduit à un « blanchiment technique » en 2013, à des résultats académiques catastrophiques, à des retards et des désordres considérables dans les calendriers universitaires qui empirent d’année en année. Ainsi, à ce jour, les bacheliers de 2013 orientés en Histoire n’ont pas encore effectué leur rentrée académique ! Les niveaux inférieurs du système éducatif, notamment le préscolaire, le primaire et le premier cycle du secondaire, fusionnés en un cycle unique d’éducation de base appelé Complexe Intégré d’Education de Base (CIEB), sont l’objet d’un désordre indescriptible au plan institutionnel, administratif, pédagogique, infrastructurel dans lequel les responsables administratifs et les personnels de ces ordres d’enseignement ne se retrouvent pas. En particulier, le transfert du premier cycle du secondaire a été engagé en 2013-2014 avec le placement de 350 CEG sous la tutelle du Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation. Ce transfert, prévu pour être achevé en 2017, engendre beaucoup de problèmes. Déjà pour cette année, le déficit infrastructurel est estimé à 4028 salles de classe pour la 6ème des CEG, ce qui a amené le gouvernement à envisager le recours aux locaux de fortune et aux abris précaires ; le déficit en enseignants est évalué quant à lui, à 3269 professeurs. Dans le cafouillage de l’application de cette mesure de transfert, la rentrée des classes de 6ème est prévue pour la fin du mois d’octobre. La gratuité et l’obligation scolaire de 6 à 16 ans instituées par la loi d’orientation scolaire de l’éducation en 2007 et élargie en 2013 de 3 à 16 ans, restent un slogan creux, au regard de l’expansion continue de l’enseignement privé et des hausses répétées des connaissant une croissance exponentielle chaque année et les coûts augmentant d’année en année, même au public. Au moment où le gouvernement s’attèle à mettre en œuvre le continuum, il maintient la séparation au niveau des institutions chargées de gérer le système éducatif. Ainsi, du préscolaire au supérieur, ce sont quatre ministères qui sont chargés de gérer l’éducation. La logique qui s’impose et qui est appliquée dans de nombreux pays, c’est la création d’un ministère de l’Education Nationale pour gérer le système jusqu’au secondaire au moins. Cela résoudrait du coup plusieurs problèmes qui se posent actuellement, notamment ceux liés à la gestion du personnel. Toujours concernant la gestion du système éducatif, on observe une complaisance scandaleuse vis-à-vis des établissements pirates et ce, dans les différents ordres d’enseignement : des fondateurs guidés uniquement par le souci du gain, procèdent à des ouvertures d’établissements sans se soucier, ni d’avoir une autorisation, ni de respecter les cahiers de charges régissant l’ouverture des écoles. Ainsi, des établissements se créent sans le minimum de conditions requises : emplacement inapproprié (par exemple à proximité de débits de boisson), salles mal aérées, absence de professeurs permanents, inexistence d’un terrain de sport, … Et sous prétexte de prendre en compte les intérêts des élèves inscrits dans ces établissements pirates, les autorités ferment les yeux chaque année sur ces manquements graves. Le résultat, c’est le foisonnement des établissements pirates surtout dans les quartiers périphériques où les populations se sentent abandonnées à elles-mêmes. Au regard de cette situation catastrophique du système éducatif, la Coalition Nationale de lutte contre la Vie Chère, la Corruption, la fraude, l’impunité et pour les Libertés (CCVC) : dénonce la démission des autorités de la IVème république ;
NON A LA PRIVATISATION DE L’ECOLE ! Pour la Coordination Nationale, le Bureau : Tolé SAGNON 1er
Vice Président 2ème Vice Président Chrysogone ZOUGMORE Tahirou
TRAORE Président/
MBDHP Secrétaire Général/ SYNATEB Jean
Claude MEDA Olivier G. OUEDRAOGO Patrice ZOEHINGA Claude WETTA Président /AJB SG /CSB Président /UGEB SE /REN - LAC Rapporteur Rapporteur Rapporteur Chargé
des finances Programme de la CCVC pour une école
démocratique et populaire en
faveur des enfants du peuple.
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Vos commentaires
1. Le 10 octobre 2014 à 11:26 En réponse à : Education nationale : la Coalition Contre la Vie Chère appelle à soutenir la campagne nationale
Bonne analyse de la situation cependant il y a lieu que nos structures associatives apprennent à anticiper les événements car à l’heure actuelle où la rentrée scolaire est faite, que pouvons-nous faire ?Revenir en arrière serait bien mais avec quelles conséquences ?Foncer tête basse avec ce continuum est suicidaire pour les enfants et pour tout le pays. Toute lutte doit être menée à propos. Merci en tout cas de vous pencher sur le problème de notre système éducatif oh combien malade .