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Poème : Sayouba Traoré rend hommage à Hama Arba Diallo

mardi 7 octobre 2014.

 

Un homme s’en est allé. Les jeunes le nomment HAD. Insouciance juvénile qui résume le vrai. On regrette Hama parce qu’il est fils. Fil à fil. On pleure Arba parce qu’il faut bien un jour pour le distinguer parmi la multitude. On chante Diallo grâce à la naissance. Naissance qui n’est pas l’aisance. On vient au monde. Ce n’est pas rien. Il faut mériter la lignée. HAD, homme invariablement debout qui a su le faire. Et alors ? Alors, il faut entendre l’ivresse du poète !

Il est infiniment plus facile de dire Oui
Il est confortable pour l’esprit de tourner le regard et de dire Oui
Il peut sembler sage de renoncer à la vindicte sournoise et dire Oui
On peut trouver à calmer la rage, le bonnet à la main, et dire Oui
Il est aisé de dire Oui, la poche lestée de prébendes inouïes
On peut se chercher, craindre le faucon noctambule, et dire Oui

Dire oui et s’épargner les peines
Dire oui et manger à pleine main
Dire oui et s’économiser les méprises
Dire oui et éviter la longue transhumance
Dire oui et encore, freiner les haines, et user de ruses
Dire oui, encore et encore, causer et rigoler avec les usurpateurs

Toutefois, on est homme
Homme honneur et pas gomme, qui efface l’énoncé facile
Le finatawa enseigne la femme, la fille et puis l’homme
L’amertume mère, la grand-mère tendresse sévère, la fille écume,
Le mâle, fils rieur, père rigueur, et grand-père qui persévère
L’homme, le fils, le fiancé, l’époux, le père, et un matin patriarche
Fiancé prometteur qui ne saurait démériter, la tâche est immense
Patriarche qui ne peut se soumettre vraiment
Homme, esprit subtil par devoir, qui doit voir
Voir hier et demain, voir le lointain pour celui qui refuse de voir

Toutefois, on est homme
Le poulakou conseille l’enfant, homme en devenir
La savane prend les cœurs et renseigne le front et la narine
La sagaie est nette, le sabre direct et le bâton correct
L’honneur est infini, qui n’autorise pas de parenthèse
La dignité fait monter les mille sangs dans la prunelle

Le sourire retenu qui a bravé les interdits
L’œil malicieux qui a su lire les accoutumances.
Le souffle qui a pu très tôt épouser la sagesse des Anciens.
Et le rire pépite qui a su maîtriser les Novices.

Et, le doigt rigide, on dit Non quand on doit
La main ferme, on brandit le carton rouge,
Pour dire un Non sans équivoque, un Non tout rond
Le boubou gonflé de bravoure, on dit Non aux boursouflures
Ainsi Diallo fils de Diallo ferme les yeux tranquillement
Ainsi Dori frémit, la larme à l’œil, le cœur rempli de hardiesse

Dori furie qui pleure.
Dori houri qui enchante.
Dori mûri dont on comprend la fièvre.
Dori durci devant l’épreuve.
Dori endolori dont on acclame le digne rejeton
Selbo dont on ensevelit et le fils et le père.

Sayouba Traoré
Écrivain, Journaliste



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