Crash du vol AH 5017 d’Air Algérie : Des experts du volet judiciaire en investigation au Burkina FasoDans le cadre de l’enquête sur le crash de l’avion d’Air Algérie, le 24 juillet dernier, deux experts français séjournent dans la capitale Ouagadougou. En présence du comité national de crise mis en place au lendemain de cet accident, ils ont rencontré les familles des victimes pour un échange d’informations. Le Capitaine Philippe Molé, Commandant la division de lutte contre les atteintes à la sureté et à la sécurité aériennes et l’Adjudant Fabrice CHAILLOUX, Enquêteur de police judiciaire ; ce sont les deux experts envoyés par Paris dans le cadre de ce volet judiciaire. Leur mission : l’identification des corps des victimes et leur restitution à leurs proches, l’explication ensuite de l’accident et « rechercher éventuellement s’il y a des négligences, des fautes, des infractions, des dysfonctionnements soit des personnes physiques soit des personnes morales…c’est tout ce qui est en rapport avec le départ de l’avion, que ce soit le contrôle aérien, le chargement de l’avion, la sureté,... Il faut que l’on puisse fermer comme on dit chez nous, les portes à toutes les théories du complot qu’on peut rencontrer, montrer que le contrôle au départ de l’aéroport de Ouagadougou est fait normalement. On a demandé aussi à rencontrer des pilotes burkinabè parce qu’ils ont l’expérience de la manière dont on vole dans le coin. Et que le front inter tropical ce n’est pas quelque chose d’innocent. Il a été mis en cause dans l’affaire du Rio- Paris déjà », a expliqué le Capitaine Molé aux parents des victimes présents à cette rencontre préliminaire. Des enquêteurs avec le profil de l’emploi L’affaire du Rio- Paris, c’était le 1er juin 2009. Ce jour- là, un Airbus A330-200 de la compagnie Air France qui était parti de Rio au Brésil pour Paris en France s’était écrasé faisant 228 morts. Le Capitaine Molé était de l’enquête. Et ce n’est pas tout : « également sur le vol de Comores qui s’est écrasé aux larges des Comores avec 186 morts (dans la nuit de lundi à mardi 30 juin 2009, un avion Airbus A310-300 de la Yemenia Airways assurant la liaison Paris- Moroni, ndlr). J’ai dirigé également l’enquête sur la West Caribbean MD-82 qui s’est écrasé en 2005 au Vénézuela avec 152 français à bord (le vol Panama- Fort-de- France du 16 août 2005 avec un total de 160 victimes, ndlr). Donc je connais parfaitement cet avion et j’ai d’ailleurs la qualification sur cette machine. On sait à peu près de quoi on parle, c’est pour ça qu’on a été choisi », ajoute t- il. Toute modestie mise à part. C’est donc un homme d’expérience qui conduit le volet judiciaire de l’enquête sur le crash de l’avion d’Air Algérie. Avec au sein de son équipe un total de 23 officiers de police judiciaire qu’assistent deux experts judiciaires, tous spécialistes dans le domaine de l’aviation, « aussi bien dans le pilotage que dans les performances », fait remarquer le chef d’équipe. « L’équipe ne pourra pas tout dire à la presse » Juste avant l’exposé des motifs de leur visite par les enquêteurs, le Président de la cellule burkinabè de crise, le Général Gilbert Diendéré nous avait prévenus : « Compte tenu de l’aspect strictement confidentiel de l’enquête, cette équipe ne pourra pas tout dire à la presse ». Juste quelques deux questions pour mieux comprendre leur mission et c’est le huis- clos avec les parents des victimes. Un huis- clos d’un peu plus d’une heure à l’issue de laquelle Me Halidou Ouédraogo nous confie en sa qualité de Président de l’Association des parents des victimes : « nous avons eu des informations à peu près sur certaines données, mais dans la mesure où l’équipe même n’a pas tiré une conclusion, nous préférons attendre. Dans quelles circonstances l’avion a crashé, ça n’a pas été dit, nous préférons attendre la conclusion des enquêtes. » Certaines conclusions déjà disponibles ? Une autre étape est prévue pour le mois de septembre mais déjà, des propos tendent à faire croire que des informations sont disponibles mais attendent juste le moment indiqué pour être portées à la connaissance du grand public. Me Halidou Ouédraogo : « dans la mesure où l’équipe même n’a pas tiré une conclusion, nous préférons attendre ». Le Capitaine Molé qui après avoir disculpé le système de contrôle à l’aéroport international de Ouagadougou dès après sa descente d’avion et qui lâche entre temps : « le front inter tropical ce n’est pas quelque chose d’innocent. Il a été mis en cause dans l’affaire du Rio-Paris déjà ». Ou encore le Général Diendéré s’adressant aux hommes de média : « Ne demandez pas les résultats, on ne va pas vous les donner…pour l’instant. » Pas pour l’instant mais pour septembre la prochaine étape d’information ? Attendons de voir. Pour rappel, le crash de l’avion a fait 116 victimes. Cette visite des experts en questions judiciaires fait suite à celle, fin juillet dernier, des spécialistes venus pour le prélèvement de l’ADN des parents des victimes aux fins de l’identification des corps. Samuel Somda Vos réactions (4) |