EBOLA en Afrique : Sensibiliser sans affolerDepuis décembre 2013, le virus à Ebola semble régner en maître en l’Afrique de l’Ouest. De l’enfant guinéen de deux ans à nos jours, le décompte macabre ne fait qu’évoluer. Plus de 2000 infectés pour plus de 1400 décès. Et ce n’est pas tout. C’est dans ce contexte déjà tendu que presque tous les pays de la région non encore touchés ont mis en place chacun un plan de riposte. Souvent en tirant sur la fibre de la peur, innocemment parfois. Vendredi 06 décembre 2013 dans le village de Guéckédou en Guinée Conakry. Un enfant de 02 ans qui souffrait d’une maladie tout aussi insaisissable qu’incurable vient de rendre l’âme. Selon une enquête du « New England Journal of Medecine », toute sa famille y passera peu de temps après dans ce village aux frontières du Libéria et de la Sierra Leone. C’était le patient zéro de l’épidémie d’Ebola de cette année 2014, le début de la panique pour toute une région entière de l’Afrique : celle occidentale notamment. Une propagation à vitesse exponentielleDepuis, le virus se propage à une vitesse hors de contrôle. Le Libéria, la Sierra Leone, le Nigéria et récemment la République démocratique du Congo, chaque pays compte ses morts. Selon les statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) publiées le 12 août dernier, La Guinée (506 cas dont 373 décès), le Libéria (599 cas dont 323 décès), la Sierra Leone (730 cas dont 315 décès) et le Nigéria (13 cas dont 2 décès) n’ont pas encore fini de compter leurs morts. Et les pays – ouest-africains surtout- non encore touchés par le virus ne sont pas véritablement à l’abri. Certains ont même eu affaire à des cas suspects d’infection à virus Ebola avant que les examens approfondis ne disent le contraire. L’Etat d’urgence déclaré et l’Armée appelée en renfort dans les trois principaux pays touchés que sont la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone, Ellen Johnson Sirleaf du Libéria qui annule sa participation au sommet Etats Unis-Afrique pour avoir un meilleur contrôle de l’épidémie dans son pays, la Côte d’Ivoire qui coupe ses liaisons aériennes avec les pays touchés par l’épidémie, certaines compagnies de transport aérien qui suspendent leurs activités dans les pays touchés, des pays non encore touchés qui mettent en place des plans de riposte Ebola avec des intentions de financement qui valent des milliards… C’est la panique au sommet des Etats africains. Quoi de plus normal quand on sait qu’en l’absence de traitement, le sursis accordé au malade par le virus n’a jamais atteint un mois. L’épidémie à virus Ebola la plus meurtrière depuis 1976Une panique en partie justifiée quand on tient compte subsidiairement des répercussions de cette épidémie sur les différentes économies (touristes, investisseurs,…) ; une panique justifiée surtout quand la comparaison s’invite au débat. De toute l’histoire des épidémies Ebola, celle de cette année est la plus meurtrière : près de 1 500 décès alors que les précédents chiffres étaient plafonnés à 280 en 1976 et 254 en 1995. Les chiffres sont de l’OMS (voir tableau). Ebola, Oui ! Mais…Tant qu’à bien faire, autant écarter définitivement l’idée d’effets secondaires qui pourraient êtres plus porteurs de désastres que le mal lui- même, semblent se défendre les rigoristes. Pendant que les autres n’ont pour seuls arguments que l’urgence de sauver des vies en péril, eux ont ensuite bâti leur argumentaire suivant une logique sous le charme de laquelle nous sommes tombés. Et nous citons pèle mêle : il est plus facile d’éviter Ebola que le paludisme. Pour réduire au maximum le risque de contamination par le virus à Ebola, il suffit de respecter les règles élémentaires d’hygiène, d’éviter certaines sinon toutes les viandes sauvages et éviter en Afrique surtout, de manipuler les corps des morts quand on n’en connait pas la cause et enfin prendre les dispositions médicales appropriées dès qu’apparaissent les premiers signes. Et cette autre comparaison cynique qui nous enchante moins : Ebola n’est pas le virus le plus dangereux. Et les éléments de comparaison : Entre 2010 et 2013 à Haïti, le choléra a fait 8 791 morts. En 2008 la grippe H1N1 a fait 18 449 morts. Depuis 1976 le virus a tué environ 2 500 personnes. Alors que le SIDA en a tué 36 millions depuis 1983, la tuberculose 1,3 millions et le paludisme 627 000 personnes en 2012. Comme pour dire informons, sensibilisons, prenons les dispositions mais n’affolons pas. Samuel Somda Tableau : chronologie des principales flambées de fièvre hémorragique à virus Ebola
Source : OMS |