Crise ivoirienne : L’UIDH déballe des dossiers sales"La crise ivoirienne est la crise la plus grave de l’Afrique de l’Ouest". Elle est sous-tendue par des "réseaux mafieux", tant dans la sous-région qu’au plan international. Hier, l’Union interafricaine des droits de l’Homme (UIDH) a mis à nu certains aspects de cette crise, lors d’une conférence de presse organisée à Ouagadougou. "La crise ivoirienne n’est pas une crise ivoiro-ivoirienne". C’est Drissa Touré, consultant de l’UIDH, qui le dit. Il a mené des investigations sur cette crise et son impact sur les pays de la sous-région. Le rapport de mission affirme sans ambages que le Burkina Faso, par exemple, a trempé dans les eaux troubles du conflit ivoirien avec des conséquences souvent fâcheuses. Drissa Touré a cité des documents selon lesquels Ibrahim Coulibaly, l’un des chefs rebelles, aurait "fait la guerre à partir du Burkina". Le secrétaire général des Forces nouvelles, Guillaume Soro, aurait lui aussi enfoncé le clou : "Si nous perdons le pouvoir au nord de la Côte d’Ivoire, nous allons le reconquérir à partir du Burkina Faso et du Mali". Le consultant précise même que le "pays des Hommes intègres" est une "zone de passage d’armes à destination de la Côte d’Ivoire". Puis il ajoute que récemment, quand l’ONU a durci le ton vis-à-vis des protagonistes de la crise, "des armes ont été rapatriées du nord de la Côte d’Ivoire au Burkina Faso". Des mercenaires auraient même été recrutés à Bobo-Dioulasso et à Sikasso au Mali pour "approvisionner les rebelles ivoiriens". Cela s’est-il fait sans l’accord des autorités burkinabè et malienne ?. Drissa Touré en doute fort. Il a même évoqué des cas de blanchiments d’argent et un "marché noir" transfrontalier, sous-tendu par des intérêts malsains. Le consultant de l’UIDH a également évoqué les "seigneurs de la guerre" de l’ex-président libérien Charles Taylor qui "sèment la terreur" en Côte d’Ivoire. Drissa Touré a aussi mis à nu la responsabilité de la presse dans l’exacerbation de la crise. Morceaux choisis des appréciations faites sur les médias burkinabè : tendance favorable aux Forces nouvelles et aux autorités nationales, acharnement sur Laurent Gbagbo, traitement émotionnel de la situation des Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire... Le consultant de l’Union inter-africaine des droits de l’Homme a invité les journalistes à faire preuve de responsabilité sociale vis-à-vis du traitement de l’information en période de crise. Par Hervé D’AFRICK |