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Sommet de la CEDEAO sur le Togo : Arracher "les graines de la violence"

mercredi 9 février 2005.

 

Les chefs d’Etat des pays membres de la CEDEAO se réunissent aujourd’hui à Niamey capitale du Niger autour d’un seul point : le "cas" togolais et la nécessité impérieuse de le circonscrire avant que le pays ne s’enflamme et ne mette ainsi à genoux, toute la sous-région.

Les "petits arrangements" de la constitution opérés par l’oligarchie politico-militaire togolaise au profit de Faure Gassingbé après la mort de son père, n’agréent pas la communauté internationale. La CEDEAO, en tout cas, n’a pas l’intention de les accepter au regard de graves dangers qu’ils feraient peser sur le Togo et la sous-région.

Sur le Togo d’abord, l’opposition n’ayant pas l’intention d’accepter cette dévolution monarchique du pouvoir républicain. Gilchrist Olympio, son porte-flambeau a eu effet appelé à des "manifestations pacifiques" pour s’insurger contre cette "dérive monarchique" Un appel à la désobéissance civile compréhensible, le fils Eyadéma ayant proprement "tordu le cou à la loi" pour occuper le fauteuil présidentiel.

Boulimie du pouvoir ou peur de la chasse aux sorcières qu’une éviction du clan du pouvoir d’Etat pourrait entraîner, on ne le sait trop, même s’il y’a sûrement les deux. La "parenthèse de sang" au début de la décennie 90 reste encore vivace dans les mémoires. Et puis, la gestion patrimoniale du pouvoir par le clan a contribué à la paupérisation croissante des populations. Celles-ci, malgré leur aphatie actuelle pourraient se "réveiller" pour peu qu’une alternative crédible se présente à elles. D’où la peur bleue que l’on a des élections du côté de Lomé II.

Autant de raisons qui incitent Faure Eyadéma et ses généraux à faire de la résistance (le fils Eyadéma s’est auto-investi chef de l’ Etat lundi dernier) semant ainsi insidieusement les graines de la violence dans leur pays. On a vu les conséquences d’une succession ratée en Côte d’Ivoire et le déficit démocratique que cet acte manqué a entraîné. Déficit qui a conduit à l’explosion du 19 septembre 2002, laquelle a freiné la croissance de la sous-région. Dans son état actuel, une implosion du Togo la mettrait "KO debout".

Les "pro-dévaluation" qui commencent à murmurer du côté de Bruxelles, Paris et même dans certaines de nos capitales, n’auraient plus qu’a appliquer leur "remède" de cheval. "L’enjeu togolais" dépasse donc le pays lui-même d’où cette réunion d’urgence à Niamey. Ce, d’autant que le fils Eyadéma a proprement snobé la délégation de la CEDEAO, venue dimanche prêter ses bons offices pour la résolution de cette crise latente. A elle de démontrer qu’après le Liberia, la Sierra-Léone et la Côte d’Ivoire, elle a la capacité de prévenir les conflits. Un test de maturité grandeur-nature.

Boubacar SY
Sidwaya