Adama Rouamba, cinéaste : "Le FESPACO n’a rien à envier au festival de Cannes”Venu au cinéma « par passion », comme il le dit, Adama Rouamba fait aujourd’hui la fierté du Burkina Faso. Toujours présent au FESPACO avec au moins un film, il nous a rendu une visite surprise le lundi 24 janvier dernier. L’occasion faisant le larron, nous lui avons posé quelques questions relatives à son métier au prochain FESPACO. Qui est Adama ROUAMBA et comment es-tu venu au cinéma ? Mon premier court-métrage est sorti en 1995. Le film traitait déjà de la situation que vivent actuellement les Burkinabè en Côte d’Ivoire. Il avait pour titre « Yango », l’émigration en somme. Alors ce qui m’a amené à faire du cinéma, je peux dire que c’est la passion du métier. Dans le domaine artistique, c’est plus la passion qui doit primer que toute autre chose, plus que d’ailleurs le circuit académique. Je crois qu’il faut avoir d’abord l’amour du métier. C’est un domaine complexe et compliqué et il faut d’abord avoir l’envie de se battre pour réussir. Quels sont les thèmes traités, dans tes films ? A.R : Comme je l’ai dit, mon premier film un court-métrage, traitait sur la situation des Burkinabè en Côte d’Ivoire. As-tu eu une enfance difficile, pourquoi ce choix dans tes films ? A.R : En fait mon film sur les enfants en difficulté est la résultante d’une rencontre fortuite que j’ai eue avec un enfant qui vivait dans la rue, sur le boulevard « Charles De Gaulle ». J’ai donc sorti le film « Garba » et après j’ai décidé d’en faire une trilogie avec « source d’histoire » qui traitait de la question des enfants soldats dans les conflits en Afrique. Je suis passé maintenant à autre chose. Combien de films as-tu à ton actif ? A.R : Si je veux parler des films qui ont dépassé les frontières du Burkina, en dehors de ceux que je fais pour « amuser la galerie », je peux dire que j’ai à mon actif cinq (5) films. Des films qui ont été primés, des films qui ont été vus au-delà des frontières. Parmi ces films, combien ont été primés au FESPACO ? A.R : Tous mes films ont été primés au FESPACO. Et le plus gros prix, c’était le grand prix du court métrage que « Source d’histoire » a remporté au dernier FEPACO. Je crois que tout ce que j’ai présenté au FESPACO ont été primés. D’un côté, je peux dire que je suis un réalisateur comblé. Comblé parce qu’on arrive au moins à voir mes films et c’est déjà très important. Et le public « accepte » mes films. Le souci premier d’un réalisateur, c’est de faire de bons films, que le public accepte et qui circulent. Revenons au dernier FESPACO. A la remise des prix, à l’appel de ton nom pour recevoir ton prix, tu as fondu en larmes. Qu’est-ce qui s’est réellement passé, tu ne t’attendais pas à ce prix ? A.R : Eh... bon... ce n’est pas parce que je ne m’attendais pas à ce prix, puisque j’ai été plusieurs fois primé. Le « gros » problème est parti du fait que le film primé avait 90% de chance pour ne pas dire de malheurs de ne pas être présent au FESPACO passé. J’ai rencontré de gros problèmes. J’ai beaucoup réfléchi. Si le film n’était pas là, bien évidemment il n’allait pas être primé. Si il ne venait pas aucun film burkinabè n’allait être primé, puisque j’étais pratiquement seul. C’est donc grâce à elles et à certains prêts que j’ai eus que le film a pu être finalisé et envoyé au FESPACO. Quand je pense que certaines personnes pouvaient m’aider et elles ne l’ont pas fait... En fait c’est tout ça, Quelle appréciation fais-tu du FESPACO ? A.R : Je pense que le FESPACO est une vitrine incontournable du cinéma africain et même du cinéma de la diaspora et du monde entier. Que gagne un film primé au FESPACO ? A.R : Le FESPACO est d’abord un tremplin et un film sélectionné est sûr d’être vu par les directeurs des festivals, c’est déjà important. Parle-nous de ton film en compétition pour le FESPACO 2005 et qui a pour titre « Rencontre en ligne » AR : C’est un film un peu atypique. D’une manière générale, quelle appréciation fais-tu du cinéma burkinabè ? A.R : Le cinéma burkinabè pour être honnête n’est pas encore sorti du « trou ». Il faut le dire ! C’est vrai qu’aujourd’hui, on constate une floraison de films. Mais il faut faire beaucoup attention pour ne pas en être victime. On a donc floraison de réalisateurs, mais il faut œuvrer à assainir le milieu parce que, on risque d’être à la fin débordé et tombé dans les mêmes problèmes que le Nigeria ou le Ghana aujourd’hui, qui dans les années 80 étaient des locomotives du cinéma africain. Aujourd’hui, le cinéma nigérien n’existe presque plus, c’est une consommation locale. Les réalisateurs nigérians aujourd’hui pour « s’exprimer » sont obligés de s’expatrier. Je prends le cas d’un ami Newton ADUAKA du Nigeria qui vit actuellement en France et qui a même un film en compétition pour ce FESPACO et qui a déjà été primé à l’une des éditions. Il faut donc faire beaucoup attention avec la floraison à gauche et à droite des réalisateurs et des films. Il faut donc résoudre ce problème et maintenant avec l’arrivée du numérique on peut faire du bon travail. « Formation et enjeux de la professionnalisation », tel est le thème du FESPACO 2005. A.R : Ce thème est d’abord pour moi une vision. Tu es actuellement en tournage. Peux-tu nous parler de ce film ? A.R : C’est une série, genre sitcom que j’ai intitulé « célibatérium ». Il traite de la vie dans le célibatérium, la cohabitation, les problèmes avec les bailleurs et les voisins. Nous sommes tous passés par les célibateriums n’est-ce pas ? Chaque épisode est consacrée à l’un des occupants du célibatérium. C’est vraiment un monde d’amalgames où on rencontre du tout. Une partie est tournée au Burkina et l’autre aux USA. Quel appel as-tu à lancer aux plus jeunes qui voudraient faire du cinéma comme Adama ROUAMBA ? A.R : Comme appel, je dirais que seul le travail paie. En matière de cinéma, comme dans tous les métiers, il ne faut pas sauter de coq à l’âne. Il faut bosser. L’Opinion |