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Firmin Sanou, ancien international burkinabè : « On est quelque fois jugé par la couleur de notre peau et non par le talent »

mardi 3 décembre 2013.

 

Ancien joueur de l’équipe nationale burkinabé, Firmin Sanou s’est reconverti. Entraîneur de l’équipe du stade olympique de Chambéry depuis quelques mois. Il a passé et réussi le concours en octobre dernier à Paris. Nous l’avons rencontré à Chambéry où il vit depuis 2 000 avec sa femme et ses deux filles.

Présentez-vous à nos lecteurs ?

Je suis Firmin Sanou, ancien international burkinabè. Je faisais partie de la génération des Etalons qui ont joué la Can’98. J’ai eu énormément de chances après cette coupe d’Afrique des Nations, car j’ai pu signer un contrat professionnel avec des équipes en France. J’ai joué pendant un certain moment et depuis peu, je m’occupe de l’équipe de la ville de Chambéry en tant qu’entraîneur.

Tant d’années passées après la Can’98. Que retenez-vous de cette belle aventure avec le ballon rond ?

Beaucoup de joie, de satisfaction mais surtout énormément de reconnaissance. Je crois que le peuple burkinabè ne nous a pas oubliés. J’estime que nous avons été les pionniers du football burkinabè et la relève est bien assurée avec l’actuelle et dynamique équipe des Etalons. Nous avons malheureusement raté de justesse la qualification pour le mondial 2014 face à l’Algérie qui ne s’est pas jouée sur grand-chose. C’était sur des détails. Nous n’allons pas pour autant perdre espoir. Il ne doit pas avoir de déception. Nous avons valablement représenté notre pays en Afrique.

D’une façon générale, et en tant qu’entraîneur, comment appréciez-vous l’équipe actuelle des Etalons ?

De 1998 jusqu’en 2012, je trouve que des joueurs dormaient sur leurs lauriers encore. Mais c’est une nouvelle génération dont la plupart joue à l’étranger. Ce qui est très bien parce qu’il leur permet de mettre au profit de l’équipe l’expérience qu’ils acquièrent dans leur club. C’est très important. Et je pense qu’il faut continuer dans ce même élan. On ne doit plus dormir sur nos lauriers. Il faut encore maximiser sur cette génération jusqu’à une certaine année. C’est maintenant qu’il faut préparer 2015 et même 2017.

Que-est-ce qui manquait à l’équipe pour être restée pendant longtemps au second plan ?

A mon avis, il y avait un grand manque d’organisation. Nous étions très mal organisés et à tous les niveaux. Nous avions par exemple des joueurs qui arrivaient de loin pour ne pas être payés. Aucune prime de matchs. Heureusement, nous avons retrouvé cette bonne organisation. Ce n’est pas totalement parfait, mais des efforts sont faits.

De footballeur à entraîneur, il n’y a sans doute qu’un pas. Comment vous sentez-vous dans cette nouvelle fonction ?

Je me sens très bien. J’ai passé et réussi plusieurs diplômes d’entraîneur. Le dernier date du mois d’octobre à Paris. Et là, j’encadre l’équipe du stade olympique de Chambéry. J’étais d’abord dans la préformation, puis dans la formation. J’avais aussi la responsabilité de l’équipe réserve. Après toutes ces étapes, j’ai aujourd’hui la responsabilité de l’équipe fanion. Ce qui n’est souvent pas évident pour un expatrié en France. On est quelques fois jugé par la couleur de notre peau, non pas par le talent. Et si les dirigeants de l’équipe de Chambéry m’ont confié cette mission, c’est qu’il y a certainement une satisfaction dans mon travail.

Comptez-vous un jour rentrer au pays pour partager toutes ces expériences avec vos jeunes-frères ?

Oui. Pourquoi pas ? Les portes du Burkina nous serons toujours ouvertes. Je suis à Chambéry grâce au football que j’ai produit au pays. J’attends de rendre la pièce de la monnaie. Alors si un jour on m’appelle, j’irai volontiers.

Et si on ne vous appelle pas ?

Si on ne m’appelle pas, je resterai là où je suis. J’essayerai de continuer sur ma voie.

Un conseil d’aîné à ses petits frères qui voudront embrasser une carrière de footballeur ?

Le football demande beaucoup de sacrifices. De plus, il faut être talentueux et avoir énormément de chance. Malheureusement, nombre de jeunes arrivent en Europe par le biais de faux agents. Ils sont laissés à eux-mêmes dans la rue. Je ne vais pas citer de nom. Même aujourd’hui (NDLR : vendredi 22 novembre 2013), j’étais en communication avec un compatriote qui se trouve actuellement dans une ville française. Il est « dans une merde ». L’agent qui l’a fait venir est injoignable. J’ai essayé de l’orienter sur des clubs à Paris. Malheureusement, son visa va s’expirer bientôt. Je pense que la seule chose qu’il peut faire, c’est de retourner au pays pour revenir après.

Interview réalisée par Bassératou KINDO

L’Express du Faso



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