Jean-François Mancel, promoteur du « voyage Gbagbo » de 2011, confirme son élection de député dans l’Oise.Ce n’est pas une tête d’affiche politique, mais c’est le plus inusable des députés de la droite française, RPR puis UMP, malgré les coups de Trafalgar qui n’ont pas manqué dans sa carrière. Il s’est présenté dix fois à la députation dans le département de l’Oise depuis 1978. Deux fois battu (1981 et 1997) et deux fois invalidé (1988 et 2012). Dernière invalidation le 25 janvier 2013, l’obligeant à se représenter devant les électeurs de la 2ème circonscription, pour une onzième fois, le dimanche 17 mars 2013. En juin 2012, il l’avait emporté devant la candidate socialiste, Sylvie Houssin, avec seulement 63 voix d’écart. Mais le Conseil constitutionnel avait invalidé cette élection pour une affaire de tract qui aurait pu « altérer le scrutin ». Avec une abstention record (67,2 %) et une image désastreuse pour le gouvernement Hollande-Ayrault, la candidate socialiste sera éliminée du second tour par la candidate FN. Et Mancel va l’emporter de justesse : 51,41 % (soit 768 voix) contre 48,59 % pour le FN. Voilà Mancel confirmé député de l’Oise, département où il est né le 1er mars 1948. C’est à Beauvais, au lycée Félix-Faure, qu’il a fait ses études avant de rejoindra la faculté de droit de Paris (licence de droit public + DES de droit privé) puis l’IEP avant d’être admis à l’ENA (promotion « André Malraux »), en 1975-1977, d’où il sortira administrateur civil. Il était déjà politiquement actif : militant de l’UD-Vème le parti « gaullliste » dont il sera secrétaire de circonscription à l’âge de 18 ans, puis de l’UDR, qui en a pris la suite, et dont il sera conseiller national en 1968. Dès 1971, il sera adjoint au maire de Beauvais, poste qu’il conservera jusqu’à la victoire des socialistes en 1977. Il avait alors 23 ans et, dit-on, le soutien de la famille Dassault dont l’Oise était le fief. A 30 ans, il sera élu député RPR de l’Oise ; à 36 ans, il devient député européen. En 1985, il préside le Conseil général. Sa route va alors croiser celle d’Eric Woerth, son cadet, lui aussi originaire de l’Oise. L’amitié entre les deux hommes va changer le cours de la carrière de Woerth. En 1986, Mancel le nommera directeur général de l’Agence pour le développement de l’Oise dont il sera vice-président en 1990 et président en 1992 (considéré comme le « grand argentier de la chiraquie », Woerth va se retrouver pris dans les imbroglios des affaires politico-affairistes de Nicolas Sarkozy). Mancel, réélu député RPR de l’Oise (1986-1987) sera par la suite secrétaire général adjoint puis secrétaire général du RPR (1995-1997). Son irrésistible marche en avant va être stoppée. Le 18 mars 1998, il sera exclu du RPR pour avoir appelé le Front national à faire « partie de la droite de demain », et le lundi 4 mai de la même année, il sera placé en garde à vue à la PJ de Creil puis déféré au parquet de Beauvais. Mancel est alors mis en cause pour ses relations avec la société Européenne de conseil et communication (Euro2C), dirigée par Roland Branquart, un copain de fac. Quelques mois auparavant, déjà, Mancel avait été mis dans l’obligation de rembourser 400.000 francs au conseil général de l’Oise pour des « dépenses alimentaires et de petit entretien à caractère personnel et familial » qui lui avaient été accordées en 1989 et 1996. L’affaire sera délicate pour le RPR et l’Elysée (Mancel a six enfants ; le dernier, Laurène, aurait eu pour parrain Jacques Chirac). Elle sera jugée en 2000. On n’entendra plus guère parler de Mancel. Pas plus que d’Euro2C, particulièrement actif sur le marché angolais où certains de ses animateurs (notamment Alain Gouttman) étaient très présents dans l’entourage de l’UNITA de Jonas Savimbi. Les affaires judiciaires vont pourrir la vie politique de Mancel pendant plus de dix ans. En 2005, il sera même condamné à dix-huit mois de prison avec sursis, 30.000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité par la Cour d’appel de Paris avant de voir son pourvoit rejeté par la Cour de cassation et d’obtenir satisfaction, enfin, en juin 2010, devant la Cour européenne des droits de l’homme. Il aura été député de 1978 à 1981, de 1986 à 1988 et de 1988 à 1997 (réélu en 1988 suite à l’annulation de son élection par le Conseil constitutionnel) et de 2002 à 2012 avant d’être réélu en 2013 après que son élection de 2012 ait été encore une fois annulée. Cela n’entamera pas sa détermination. Ni son amitié pour Woerth, ancien ministre du Budget puis du Travail des gouvernements Fillon et ex-trésorier de l’UMP, englué dans « l’affaire Bettencourt ». * C’est ainsi qu’il avait été membre de la Coordination des observateurs franco-africains (COFA) qui a apporté sa caution, en juillet 2009, à l’élection « libre et démocratique » de Denis Sassou Nguesso au Congo Jean-Pierre Bejot |
Vos commentaires
1. Le 3 avril 2013 à 09:27 En réponse à : Jean-François Mancel, promoteur du « voyage Gbagbo » de 2011, confirme son élection de député dans l’Oise.
Heureusement vraiment que le ridicule ne tue pas...sinon la planète serait au3.5/4 vide...