MONITORING DES MÉDIAS NATIONAUX : Synthèse du rapport du premier trimestre 2012Le Conseil supérieur de la communication a, au regard de ses prérogatives, procédé au monitoring des programmes de quelques médias publics et privés nationaux. Le présent rapport fait la synthèse des résultats de ce travail, du premier trimestre de l’année 2012. L’observation de ces médias a permis de mesurer le niveau de respect du principe du pluralisme et de l’équilibre de l’information d’une part, et le respect des règles d’éthique et de déontologie, d’autre part. NB : L’approche méthodologique et les données statistiques issues des observations sont contenues dans le rapport global publié sur le site internet de l’institution : (www.csc.bf). A - Du pluralisme et de l’équilibre de l’information I. Au niveau de l’audiovisuel 1- Du contenu des médias publics (RTB, RTB2 et Radio Bobo) Le rapport comparé des statistiques établies au niveau de l’audiovisuel public tient compte uniquement du rapprochement entre les pourcentages des Temps d’antenne (TA). Recours est fait au Temps de parole (TP), en cas d’égalité des temps d’antenne. La lecture comparée des chiffres issus des tableaux se fait uniquement de temps d’antenne à temps d’antenne ou de temps de parole à temps de parole. Le rapport ayant été établi sur l’ensemble du trimestre, il n’est pas exclu qu’à certains moments, le temps d’antenne présente un pourcentage plus bas que celui du temps de parole. Les acteurs dont les temps d’antenne et de parole ont été récoltés sont : le gouvernement, la Présidence du Faso, la société civile, les partis politiques, toutes tendances confondues, l’Assemblée nationale, les autres institutions (regroupant les institutions autres que les institutions républicaines que sont : la Présidence du Faso, le gouvernement et l’Assemblée nationale). Gouvernement : 51h 36’ 50’’ de TA et 22h 26’ 46’’ de TP Société civile : 9h 47’ 52’’ de TA et 5h 12’ 35’’ de TP P Autres institutions : 8h 43’ 55’’ de TA et 5h 21’ 29’’ de TP Présidence du Faso : 6h 04’ 18’’ de TA et 2h 04’’ de TP Partis politiques : 5h 50’ 26’’ de TA et 3h 20’ 26’’ de TP Assemblée nationale : 2h 44’ 26’’ de TA et 47’ 30’’ de TP. l’ADF/RDA : 19’ 15’’ de TA et 4’18’’ de TP ADJ : 18’58’’ de TA et 11’15’’ de TP UNIR/PS : 13’15’’ de TA et 6’31’’ de TP - MDP : 3’27’’ de TA et 2’24’’ de TP CFR 4’40’’ de TA et 1’46’’ de TP FPC/Yèlèmani : 4’15’’ de TA et 1’36’’ de TP PITJ : 4’14’’ de TA et 2’08’’ de TP CNR/MS : 4’ de TA et 1’33’’ de TP APL : 3’34’’ de TA et 56’’ de TP ODT : 3’14’’ de TA et 46’’ de TP CDF : 3’04’’ de TA et 2’18’’ de TP PEDN : 3’01’’ de TA et 33’’ de TP PRIT/Lanaya : 1’53’’ de TA et 1’24’’ de TP RDM : 1’22’’ de TA et 1’22’’ de TP UPC : 1’14’’de TA et 55’’ de TP AND : 29’’ de TA et 29’’ de TP. 2 - Du contenu des médias privés (Canal3, Radio LPC) Gouvernement : 13h 01’ 13’’ de TA et 5h 27 07’’ de TP Partis politiques : 11h 59’ 15’’ de TA et 6h 30’ 34’’ de TP Société civile : 9h 27’ 12’’ de TA et 5h 19’ 33’’ de TP - Assemblée nationale : 2h 53’ 47’’ de TA et 52’ 51’’ de TP. Autres institutions : 2h 12’ 48’’ de TA et 1h 05’ 44’’ de TP Présidence du Faso : 1h 52’ de TA et 1h 02’ 02’’ de TP Le Faso Autrement : 2h 24’ 09’’ de TA et 1h 52’17’’ de TP UFC : 2h 16’ 21’’ de TA et 49’ 56’’ de TP. CDP : 1h 11’ 42’’ de TA et 31’42’’ de TP UPC : 34’13’’ de TA et 14’43’’ de TP. le Groupe ADJ : 25’17’’ de TA et 13’59’’ de TP CFO : 16’22’’ de TA et 11’40’’ de TP ADF/RDA : 16’21’’ de TA et 3’11’’ de TP PAREN : 16’06’’ de TA et 5’58’’ de TP MDP : 13’44’’ de TA et 8’20’’ de TP RDEB : 12’24’’ de TA et 5’40’’ de TP UNIR/PS : 10’12’’ de TA et 3’22’’ de TP UNDD : 9’49’’ de TA et 9’49’’ de TP ADR : 8’16’’ de TA et 5’52’’ de TP PEDN : 8’04’’ de TA et 3’56’’ de TP PRIT/Lanaya : 7’49’’ de TA et 7’49’’ de TP PDS/METBA : 6’20’’ de TA et 5’40’’ ARDI : 2’14’’ de TA et 1’03’’ de TP ; PBR : 2’13’’ de TA et 2’10’’ de TP. II - Au niveau de la presse écrite 1 - Du contenu des quotidiens Le Quotidien a couvert les activités de 12 d’entre eux, en leur octroyant une vingtaine de pages, alors que l’Express du Faso n’a consacré qu’une dizaine (10) de pages d’information sur les partis politiques à cinq (5) partis. rour ce qui est de la visibilité de chaque acteur politique dans les colonnes de chaque journal, on constate que dans tous les quotidiens, à l’exception de l’Observateur Paalga, c’est le CDP qui a bénéficié du plus grand nombre de pages. Seule l’UPC a pu occuper les premières loges dans l’Observateur Paalga. Au niveau de Sidwaya, les partis en vue sont respectivement, l’UPC, l’ADF/RDA, et le PAI. Alors qu’au niveau du journal Le Pays, ce sont les partis comme l’UPC, l’UNIR/PS, la CNPB. Aussi, après l’UPC dans l’Observateur Paalga viennent le CDP, l’UPR et l’UNIR/PS. eDans les colonnes du journal Le Quotidien, après le CDP, c’est l’UPR, l’UDD et le MPJ qui sont en vedette. Au niveau de l’Express du Faso, les acteurs politiques en vue sont l’UNIR/PS et Le Faso Autrement. 2- Du contenu des périodiques Ce journal est suivi de l’Hebdo du Burkina et l’Evénement qui ont relayé les informations de quatre (4) acteurs politiques. Dans le premier, c’est le CDP qui a obtenu le maximum de pages, alors que dans le second, c’est plutôt l’UNIR/PS et le CFOP qui sont les plus visibles. Bendré s’est fait l’écho des activités de trois partis, à travers 5 pages et demie avec quatre (4) pages octroyées au CDP. Aucune information sur les activités des partis politiques n’a été relevée dans les colonnes du journal Le Reporter. B- Les manquements à la loi et /ou à l’éthique et à la déontologie. I - Au niveau de l’audiovisuel 2 - Du respect de la Décision n°2003-0001/CSI portant réglementation des émissions d’expression directe Quelques contrôles sporadiques ont permis de constater la récurrence des défaillances constatées dans l’animation des émissions d’expression directe. La persistance des difficultés inhérentes à ces émissions s’explique par le fait que la plupart des intervenants réagissent sous le couvert de l’anonymat. II- Au niveau de la presse écrite Les manquements relevés dans les colonnes de la presse écrite sont relatifs à la publication d’écrits à caractère diffamatoire, injurieux, attentatoire au droit à l’image et à la publication d’images choquantes. Les journaux concernés par l’une de ces atteintes sont : Sidwaya, L’Observateur Paalga, Le Pays, Le Quotidien, Le Reporter. 1- Ecrits à caractère diffamatoire Les écrits à caractère diffamatoire ont été décelés dans les colonnes de deux journaux. Il s’agit, du journal « Le Reporter » n°88 du 15 au 25 février 2012, à travers l’écrit : « La ministre Nestorine Sangaré a-t-elle abusé des femmes du CARTPL ? », publié à la page 12. L’écrit en question accuse la ministre de la Promotion de la Femme "d’avoir détourné les idées d’une association en sa faveur dans la tenue d’une semaine d’art culinaire". L’atteinte à la loi a également été constatée dans la rubrique « La tribune des internautes » du quotidien « Le Pays » parue dans l’édition n°5068 du 12 mars 2012 et qui comporte des propos irrespectueux à l’égard d’un corps professionnel. 2 - Articles à caractère injurieux Les propos injurieux constatés au cours de ce trimestre ont été publiés dans les colonnes des quotidiens Le Pays et l’Observateur Paalga. Ce même type de manquement a été observé dans les colonnes de « l’Observateur Paalga ». En effet, les acteurs d’une déclaration intitulée : « Quand Emile Kima se donne bonne conscience sur les meurtrissures de nos compatriotes » ont qualifié le sieur Kima par des termes méprisants. 3 - De l’atteinte à la dignité des enfants 4- De la publication d’images macabres et choquantes Il a été constaté de manière récurrente dans les colonnes du journal « Le Quotidien » la publication d’images de cadavres gisant en plein air dans la nature, ayant été victimes de meurtres. Il s’agit entre autres du contenu de la livraison n°484 du 5 mars 2012 caractérisée par la publication à la Une et en pages intérieures des victimes des affrontements de Guénon dans la province du Nahouri et le n°486 du 7 mars 2012 dans lequel a été publiée l’image du corps d’un veilleur de nuit assassiné par des bandits. Ces manquements ont valu au journal, une audition de la part du Conseil. 5 - Les journaux de l’Ouest Une atteinte au droit à l’image a été constatée à la page de garde et à la page 8 du journal Libération n° 367 du 1er mars 2012 qui a publié l’image d’un corps sans vie allongé sur le sol, portant atteinte à l’honneur et à la dignité du disparu, ainsi qu’à celle de sa famille. En ce qui concerne le dépôt légal, le contrôle a permis de savoir que certains organes de l’Ouest ne respectent pas cette obligation contenue dans la loi organique 028, portant création et fonctionnement du Conseil supérieur de la communication. C- Des activités de régulation courante ’institution de régulation a répondu par lettre adressée au Président de la LCB le 20 janvier 2012, pour lui faire savoir que sa décision était circonscrite aux contenus du spot et non au produit. Le 16 février 2012, le Conseil a observé sur la chaîne de télévision Canal3 des dérapages intervenus au cours de l’émission de débats « Le grand RDV », diffusé le lundi 30 janvier 2012, sur le coup de 21h 15 à 22h 15, et le mardi 31 janvier de 13h 50 à 14h 55, pendant laquelle des intervenants s’en sont pris à la personne du chef de l’Etat. Le 17 février 2012, suite à des manquements au principe de responsabilité sociale du journaliste stipulé dans l’article 18 du code de l’information, une observation du CSC intitulée : « Graves manquements à des principes déontologiques », a été adressée au journal l’Evénement, qui a publié dans son numéro 227 du 10 février 2012, une interview comportant des propos jugés discriminatoires et racistes, de Monsieur Moussa Ag Assarid, présenté comme le chargé de la Communication et des affaires humanitaires du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Toujours, le 17 février 2012, une observation a été notifiée à l’Observateur Paalga par le CSC, pour « Graves manquements à des principes déontologiques » pour avoir publié aux pages 2 et 3 de son numéro 8063 du 9 février 2012, une interview de Monsieur Ag Hassane Mehdy, un ex-officier de l’armée malienne réfugié au Burkina Faso et qui se réclamait clairement du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Ceci, en violation de l’article 18 du code de l’information qui stipule : « Aucune publication spécialisée ou d’information générale ne doit…faire l’apologie du racisme et du tribalisme » et de l’article 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 23 mars 1976 (applicable aux réfugiés) qui stipule : « Toute propagande en faveur de la guerre est interdite par la loi. Tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence est interdit par la loi. » Le 22 février 2012 : lettre d’observation adressée au journal, « le Quotidien », qui dans sa livraison n°463 du 1er février 2012, a publié dans les pages 8 et 9 des photographies d’enfants censés errer dans les rues de Ouagadougou, à visage découvert tout en énonçant leur vraie identité. Le 20 mars 2012, lettre d’interpellation adressée à « SMTV-Bobo » pour lui demander de respecter sa grille des programmes, soumise au CSC lors de la signature de sa convention. Le 21 mars 2012, le journal « L’Affection » a été invité au CSC pour échanges, suite à la publication d’images attentatoires aux bonnes mœurs, parues dans son numéro 009 de novembre 2011. La télévision SMTV/Bobo a été auditionnée le 27 mars 2012, suite à un élément diffusé sur ses écrans le samedi 3 mars à 19h 30 et le lundi 5 mars à 13h 30, sur la mort par balle de Kohoun Yves, un élément d’information sans commentaire, avec des plans rapprochés sur les impacts de balles et le corps de la victime. Le 27 mars 2012, le journal, « le Quotidien » a été auditionné pour publication d’images choquantes dans ses numéros 484 du lundi 5 mars 2012 et 486 du 7 mars 2012 Conclusion et recommandations Le 1er trimestre 2012 a été riche en informations gouvernementales dans les médias audiovisuels. Cette réalité se constate à travers le grand écart observé entre les temps d’antenne et de parole de ce dernier par rapport aux temps d’antenne et de parole accordés aux autres acteurs. L’une des surprises a été de voir cette prédominance du gouvernement s’étendre jusqu’au sein des médias audiovisuels privés. Comparativement à l’audiovisuel, la presse écrite semble être un espace prisé des acteurs politiques pour se faire entendre. Plusieurs manquements ont été recensés, ce qui dénote d’une recrudescence et d’une récurrence des erreurs professionnelles, aussi bien au niveau de l’audiovisuel que de la presse écrite. Cette situation qui apparaît alarmante demande une remise à niveau des journalistes autour de certains thèmes. Comme on peut le constater aisément, beaucoup de manquements ont été enregistrés dans les colonnes de la presse écrite et audiovisuelle durant ce trimestre. Au vu de cette situation, il paraît impérieux pour les responsables des médias audiovisuels et de la presse écrite de s’autoévaluer et de pratiquer l’auto-régulation, dans le but de s’inscrire dans le registre du respect des textes réglementaires, des dispositions en matière d’éthique, de déontologie, et en matière d’équilibre et de pluralisme de l’information au Burkina Faso. Cela devrait permettre d’amoindrir les dérives dans l’exercice de la profession. Conseil supérieur de la communication |