Tribune de la femme : Marie Soleil Frère, enseignante chercheur en journalisme : « J’ai profondément été marquée par l’assassinat de Norbert Zongo »Beaucoup de jeunes journalistes burkinabè doivent leur « réussite » à cette dame. Rompue à la presse africaine, elle a des qualités sociales avérées reconnues par l’ensemble de ses collaborateurs. Fière surtout de ses étudiants, elle dit tirer une grande satisfaction de voir certains occuper, de nos jours, de grandes responsabilités au sein des organes de presse. Toujours sur le front de la recherche pour une vraie démocratie en Afrique, elle semble y donner toute sa carrière. Rencontre (avec Marie Soleil frère). C’était plus un cours de journalisme qu’une interview de portrait. Le professeur Marie Soleil Frère s’est beaucoup attardé sur le journalisme, un domaine qui la passionne énormément. Même si elle garde un bon souvenir dans le métier qu’elle qualifie de « découverte », le mauvais est celui de l’assassinat du journaliste burkinabè Norbert Zongo. « C’est l’évènement qui m’a le plus marquée dans ma vie », dit-elle avec amertume. « C’est après avoir travaillé ensemble sur le centre national de presse et juste quelques jours après l’inauguration qu’il a été assassiné », poursuit-elle. Pour cela, Mme Minoungou croit que c’est quelque chose qui a changé à tout jamais le regard qu’elle portait sur le journalisme burkinabè en particulier. « Je me suis posée beaucoup de question à l’époque sur le rôle du journaliste en démocratie ». Cet assassinat, de l’avis du professeur a marqué tout un pays et toute une profession. Ce qui fait, a-t-elle dit, que « beaucoup de journalistes n’ont plus la volonté de s’engager dans l’investigation. La presse burkinabè s’essouffle de plus en plus. Les gens ont peur de se sacrifier. Aussi, fait-elle remarquer, les journalistes attendent toujours qu’on les invite pour faire un travail. Ce qui n’est plus du journalisme. « Ils doivent (les journalistes) croire en ce qu’ils font car la démocratie ne peut exister sans eux. Elle, qui depuis la tendre enfance à voulu exercer un métier littéraire a dû concilier le journalisme, et la philosophie. Après ses études, c’était le début de la rébellion Touareg dans le Nord du Niger. En 1991/1992. Ce fut également la période de la conférence nationale sur la liberté de presse. Marie Soleil s’est toute de suite intéressée aux nouveaux journaux qui venaient de paraître dans un contexte où il n’y avait plus de liberté de presse au Niger. « Ma thèse a donc porté sur cette question de l’émergence de la presse privée dans la transition démocratique en Afrique », a-t-elle confié. Formée en tant que journaliste documentaliste, elle a travaillé sur plusieurs documentaires à la radio BBC et dans plusieurs autres organes. « Je suis heureuse de les voir occuper des postes décisionnels » Femme et journalisme en Afrique En Afrique centrale où elle enseigne des étudiants en Master, elle confie que les femmes ne sont pas présentes sur le terrain, seulement dans la présentation des JT ou des émissions. C’est pourquoi, a-t-elle précisé que même si le statut de la femme évolue lentement en Afrique, il existe quand même une série de pesanteur qui fait que le métier de journalisme pour la femme n’est pas valorisé. Au Burkina, on peut noter beaucoup d’avancées significatives, mais, dit-elle, au Congo, par exemple et plus précisément au Katanga, la femme journalise ne peut sortir de la province sans une autorisation de son époux. Pourtant, la femme a aussi son rôle à jouer dans la société. En outre, elle pense que la femme doit pouvoir affronter le regard des autres. Faire fi des préjugés et de prendre le risque d’avoir devant elle une société qui la jugera. Surtout que chacun a ses idéaux et ses valeurs. Qui est-elle au juste ? Née à Montréal, Marie Soleil Frère a passé toute son enfance à Bruxelle en Belgique. Elle est mariée à Etienne Minougou, artiste comédien, acteur et l’initiateur des recréatales. Elle est mère de trois filles. Marie Soleil aime l’honnêteté. Elle admire les personnes qui sont prêtes à s’oublier soi-même pour défendre des intérêts collectifs. Ce qu’elle n’aime pas, ses belles sœurs le savent bien : c’est le soumbala. Bassératou KINDO L’Express du Faso Vos réactions (6) |