Aminata Bourgou/Lankoandé, Une conseillère municipale battanteLe cas des conseillères municipales de la commune de Yalgo (elles sont dix dans un conseil de vingt membres) et plus spécifiquement celui de Aminata Bourgou/Lankoandé (55 ans), première adjointe au maire de ladite commune, est la preuve que les femmes burkinabè, même en milieu rural, n’avaient pas forcément besoin de la loi des quotas de 30% en leur faveur, pour se faire de la place dans les sphères de décision. Parfait exemple de la ténacité et de la combativité féminine en politique, la conseillère Lankoandé se prépare déjà, avec l’annonce des municipales de 2012, à repartir encore à la conquête du fauteuil de maire, après un premier échec en 2008. Cette année là la première adjointe avait cru que son heure avait sonné avec le décès de l’ancien maire, Guingri Yaméogo. Mais, malheureusement pour Aminata, elle était femme et n’était pas originaire de Yalgo. On préféra alors l’actuel maire, Hamidou Yaméogo, bien qu’il soit moins instruit et du même parti qu’elle, à savoir le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Malgré cette injustice inqualifiable, la mère de huit enfants qu’est Mme Lankoandé ne s’est pas découragée et continue de se battre comme elle peut. « Nous sommes dix femmes sur 20 personnes au sein du conseil municipal. Les autres femmes n’aiment pas parler. Je suis la seule à faire souvent entendre ma voix », nous raconte t-elle. Mais, est-ce que vous êtes écoutée ?, avons-nous voulu comprendre. « On n’écoute pas toujours les femmes. Mais, je me bats quand même. En tout cas, je mets toujours la pression ». Et le 11 Octobre dernier lors de notre bref séjour à Yalgo dans le cadre d’une rencontre du Comité de pilotage de l’ITIE-BF avec les autorités et populations locales, la conseillère Lankoandé a effectivement pris la parole pour poser des préoccupations dont celle relative à la panne de l’ambulance de la cité. C’est ainsi que nous l’avons d’ailleurs découverte. Mais, pourquoi un tel engagement politique chez cette dame ? Erreur que son mari et elle ont évité en soutenant aussi longtemps que possible leurs enfants dans les études, certains ayant étudié jusqu’à l’université. De réels motifs de consolation pour la mère qu’elle est. Mais, quand Mme Lankoandé pense aujourd’hui à son bref cursus scolaire, elle ne peut s’empêcher de nourrir des regrets. Mais, quel métier aimerait-elle exercer s’elle avait pu poursuivre son école. « Sage Femme », avance t-elle, sans hésitation. Grégoire B. BAZIE Lefaso.net |