Rentrée politique : A hue et à dia sur le djembé électoral !Après la petite récré imposée par le gouvernement, la classe politique locale sacrifie, elle aussi, au rituel de la reprise. Entre les consultations électorales à venir (législatives et municipales couplées) et les commentaires à peine audibles sur la « France-à-fric » made in Burkina, chaque acteur de la scène se signale et marque son territoire. Me Barthélemy Kéré, désormais aux commandes de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), s’active avec son monde pour relancer une dynamique mise à mal par des bisbilles de chiffonniers ; mais surtout il tente de remettre l’institution sur les rails, avec l’espoir de lui faire regagner son crédit perdu. Autorités politiques, religieuses et coutumières, organisations de la société civile, sont principalement les entités rencontrées au lendemain de son élection en qualité de nouveau président de la Ceni, à une écrasante majorité, faut-il le souligner. Signe sans doute que l’institution avait besoin de se remettre elle-même en confiance, malgré le choc des ambitions qui se dessinait résolument. Dans un passé récent, en effet, il faut se souvenir que les relations entre ces différentes composantes avaient débouché sur un blocage de la machine électorale. Obligeant du même coup le politique à intervenir de manière autoritaire et vigoureuse par le biais de la loi, pour remettre les compteurs à zéro. En fonction des tendances actuelles, les enjeux sont bien évidemment différents. Pour le pouvoir en place, il s’agira de prouver aux yeux de l’opinion nationale et internationale que la crise est terminée et que la situation est maîtrisée. De Ouagadougou aux villes de provinces, le rapport de force dont certains aimaient pourtant à se gargariser a finalement tourné au vinaigre pour eux. Sur fond de revendications contre l’impunité et l’injustice sociale, le régime a manifestement reculé en reconnaissant ouvertement le déficit de confiance entre gouvernants et gouvernés. Au point que même le pouvoir judiciaire, pilier de l’Etat de droit, n’a pas échappé à la critique et au savon. S’il a accédé (au moins formellement) à la demande des populations, le pouvoir se retrouve aujourd’hui dans une situation délicate. Celle qui consistera à regagner les faveurs des électeurs. Un numéro des plus délicats pour le parti majoritaire et ses satellites. Oui, mais pas seulement. Et pour cause les électeurs devront eux aussi passer par un jeu de logique... En effet, comment délégitimer un président qui a été élu à plus de 80% des suffrages exprimés, aussi modestes fussent-ils ? Mais en même temps comment légitimer un pouvoir qui a été contesté jusque dans ses propres fondements avec une telle énergie, une telle rage ? Cette dernière voudrait sans doute rééditer l’exploit de 2002. Pour ce faire, elle peut bénéficier d’une conjoncture favorable au plan interne, avec ses scandales de gestion à répétition, ses comptes d’apothicaires révélés au grand jour, et qui n’en finissent plus de noircir les pages de la mal gouvernance à la Burkinabè. Dans la même veine, les municipales devraient apporter également leur lot de réponses aux préoccupations actuelles. Communalisation intégrale oblige, les maires vont remettre leur mandat en jeu. Dans tous les cas, les maires élus à l’issue de ces élections couplées de 2012 seront forcément obligés de résider dorénavant dans leurs communes respectives. Dura lex, sed lex. Journal du Jeudi |