Laurent Gbagbo se voyait comme Soundiata ou Soni Ali Ber. Il restera dans l’histoire de l’Afrique comme un dictateur psychopathe (2/2)« Tout cela paraît illogique et irrationnel… » (cf. LDD Spécial Week-End 0482/Samedi 2-dimanche 3 avril 2011). Au lendemain des événements du 18-19 septembre 2002 et des « accords de Marcoussis », Gbagbo est sonné. Il ne comprend plus ce qui se passe. Il était dans un schéma politique classique et le voilà confronté à « l’irrationnel ». Pour lui, le « mal » vient nécessairement d’ailleurs, des non-Ivoiriens : il montre du doigt les Burkinabè et Alassane Dramane Ouattara dont il dira qu’il a « l’intime conviction » qu’il a été « le cerveau des événements qui se déroulent en Côte d’Ivoire depuis le 19 septembre » (entretien avec Francis Kpatindé, J.A./L’Intelligent du 30 mars 2003). C’est aussi à l’occasion de cet entretien que, pour la première fois dans un interview, il est fait référence à Simone Ehivet-Gbagbo qu’un rapport de l’ONU désigne comme responsable présumé des escadrons de la mort. « Dans cette affaire, c’est moi qu’on cherche à atteindre. On veut démontrer coûte que coûte que mon pouvoir est illégitime. On a d’abord dit que j’avais usurpé le pouvoir. Puis, quand mes adversaires en ont eu marre, ils ont dit que j’étais le responsable du charnier de Yopougon, puis l’animateur d’un réseau d’enfants esclaves, alors qu’on emploie des gosses dans les plantations de cacao depuis le XIXème siècle. Puis, comme s’il fallait absolument que je sois coupable de quelque chose, les mêmes ont commencé à répandre le bruit selon lequel je vis au palais entouré de pasteurs protestants et d’un Raspoutine » (entretien avec Kpatindé, cf. supra). Gbagbo ne se perçoit plus, dès lors, comme un homme d’Etat dont la politique est attaquée par ses adversaires. C’est « l’homme Gbagbo » qui est mis en cause, le rôle de son épouse, ses engagements religieux, ses connexions, ses réseaux… Un monde qui lui échappait jusqu’alors et qui est sous le contrôle, justement, de Simone. Qui ne manquera pas de le conforter dans cette vision qu’il a un rôle historique à jouer ; non pas au titre de l’action politique mais parce qu’il a été choisi par Dieu. La dédicace de Simone, en date du mercredi 6 décembre 2006, qui ouvre son livre (« Paroles d’honneur. La Première Dame de Côte d’Ivoire parle… ») est édifiante : « A Laurent. Salut à toi, Laurent ! Tu croyais œuvrer uniquement pour amener à l’existence une vision que Dieu a inscrite derrière tes paupières et qui ne te lâche pas. Tu ne savais pas que tu semais en chacun d’entre nous la force de se battre pour se réaliser. Tu nous as forgé une âme forte et résistante, prête, comme Sisyphe, à remonter notre Afrique depuis les abîmes du bannissement et de la déchéance ancestrale jusqu’à la lumière de la Libération et de l’épanouissement total. Merci, Laurent, pour nous tous et que Dieu te bénisse ! ». L’explication que la « politique » stricto sensu ne lui apporte plus, Gbagbo va la rechercher dans la mythologie puis dans la religion. Il est investi d’une mission qui dépasse le seul combat pour la démocratie et le socialisme. Ce n’est plus la République de Côte d’Ivoire qui est en cause, c’est Gbagbo, l’élu de Dieu. Parce qu’il est historien, il va trouver en Afrique ces figures emblématiques auxquelles il s’identifiera. « Je me vois comme Soundjata » dira-t-il (Fraternité Matin du 5 janvier 2005), le « Lion du Mali », fondateur de l’empire mandingue (XIIIème siècle). « Sâ Kaousa malo yé » (Plutôt la mort que la honte) disait la mère de Soundjata à son fils qui s’illustrera en « constituant un royaume animé par le dynamisme d’une lutte semi-nationale contre l’impérialisme sosso ». Gbagbo s’identifiait également à Sonni Ali, dit Ali Ber (le Grand) qui s’est illustré dans la boucle du Niger au XVème siècle. Gbagbo disait que Sonni Ali « est dépeint par les textes arabes comme un mécréant, un tueur tout simplement parce qu’il protégeait son pays contre les commerçants arabes qui voulaient mettre la main sur l’économie de son empire ». S’il vénère ces deux figures historiques de l’Afrique (*) c’est, nous dit Gbagbo, qu’elles sont connues essentiellement « en Afrique par les Africains comme de grands chefs, de grands rois » et qu’elles ne sont pas connues « dans le monde extérieur ». Il ajoutait : « Moi, ce qui m’importe, c’est ce que les Ivoiriens et les Africains pensent de moi ». Le message est évident. Il est à destination de Henri Konan Bédié et de Ouattara. Gbagbo va le marteler : « Compter sur l’extérieur pour arriver à leurs fins, c’est un peu l’histoire de leur vie à ces deux-là », dira-t-il à François Soudan (Jeune Afrique du 27 décembre 2009). Il ajoutera : « On leur en a tant fait voir aux Africains, on leur a asséné tant de mauvaises leçons qu’ils adorent aimer ce que les Blancs détestent ». Pendant la campagne présidentielle, il ira plus loin dans sa logique, les traitant de « candidats de l’étranger ». « Quelque part, je sens que Dieu m’a confié la mission de guider la Côte d’Ivoire sur le seuil de la modernité », dira par ailleurs Gbagbo à Soudan (cf. supra). C’est que la question religieuse n’est plus taboue dans les entretiens du chef de l’Etat avec des « occidentaux » (les interviewers africains n’abordent pas cet aspect des choses). On se souvient qu’à la question de Soudan (Jeune Afrique du 17 octobre 2010) : « Dieu vote-t-il Laurent Gbagbo ? », Gbagbo aura cette réponse quelque peu absconse : « Je prie beaucoup, mais nul sauf son fils, Jésus, n’a jamais vu Dieu ». Au fil des mois et alors que la présidentielle de 2010 se profile à l’horizon, le ton de Gbagbo est de plus en plus polémique et de moins en moins politique : il est ancré dans des certitudes qu’il assène brutalement à ses interlocuteurs : il y a, bien sûr, le « Je ne serai pas battu. J’y suis, j’y reste » dont Soudan fera le titre de son interview (cf. supra), mais aussi le « Ce n’est pas moi qui vais perdre » qui fera celui du Journal du Dimanche (31 octobre 2010 - entretien avec Antoine Malo). C’est Malo qui a ainsi interpellé Gbagbo : « Si les sondages se trompent et que vous perdiez, promettez-vous de ne pas vous accrocher au pouvoir ? » ; réponse de Gbagbo : « Mais je ne promets rien à personne. Et puis les sondages ne peuvent pas se tromper à ce point ». Dès lors qu’il perdait cette présidentielle, ce ne pouvait être que le résultat d’un « complot ». Gbagbo va le dire à Tanguy Berthemet (Le Figaro du lundi 27 décembre 2010) et à Jean-Philippe Rémy (Le Monde daté du mardi 28 décembre 2010). La boucle est bouclée. Gbagbo a abandonné le terrain du politique depuis bien longtemps déjà. Et a été chercher ailleurs des motivations à son « combat ». Du côté de Simone. Qui écrira dans son livre : « Cette guerre a rapproché le peuple de Côte d’Ivoire de Dieu. Ils sont nombreux ceux qui aujourd’hui prient et jeûnent pour la patrie. Dans le milieu des patriotes, des initiatives de plus en plus nombreuses organisent des séances d’évangélisation, d’enseignement de la Parole, comme si l’on était convaincu que la Côte d’Ivoire avait traversé la mort et qu’elle était en train de ressusciter. Comme cela s’est passé pour Lazare dans l’évangile de Jean. Lazare est ressorti du tombeau encore dans les liens du linceul. Il a fallu le délier pour qu’il puisse recommencer à aller et venir » (page 444 de « Paroles d’honneur. La Première Dame de Côte d’Ivoire parle… », éditions Ramsay, Paris 2007). Reste à savoir jusqu’à quand la folie de Gbagbo va imposer sa loi aux Ivoiriens. « Plutôt la mort que la honte » ? Jean-Pierre BEJOT (*) Ce que je sais de Soundjata et de Sonni Ali, je le tiens bien sûr du Burkinabè Joseph Ki-Zerbo qui est à l’histoire de l’Afrique et au combat politique des Africains pour une société plus juste tout ce que Gbagbo n’a pas été, quoi qu’il en pense, ni pour l’une ni pour l’autre. |
Vos commentaires
1. Le 5 avril 2011 à 13:58 En réponse à : Laurent Gbagbo se voyait comme Soundiata ou Soni Ali Ber. Il restera dans l’histoire de l’Afrique comme un dictateur psychopathe (2/2)
Belle analyse pertinente M. Bejot, surtout quand vous evoquez Ki-Zerbo, vous lui donnez la place qu`il merite en Afrique et pour cette reconnaissance, je vous dis Ayeeko ! (bravo en ashanti)
2. Le 5 avril 2011 à 15:35, par RAWA En réponse à : Laurent Gbagbo se voyait comme Soundiata ou Soni Ali Ber. Il restera dans l’histoire de l’Afrique comme un dictateur psychopathe (2/2)
QUE VOUS LE VOULIEZ OU NON, L’HISTOIRE RETIENDRA QUE GBAGBO EST CELUI QUI A REFUSE LA MAIN BASSE SUR LES BIENS AFRICAINS PAR LA FRANCE.ALASSANE N’EST QU’UN COLLABO.
3. Le 5 avril 2011 à 19:01, par Chérif Keita En réponse à : Laurent Gbagbo se voyait comme Soundiata ou Soni Ali Ber. Il restera dans l’histoire de l’Afrique comme un dictateur psychopathe (2/2)
Houphouet-Boigny avait le mérite de comprendre que son pays devait sa prospérité dans l’AOF grâce au dynamisme hérité de l’Empire du Mali et de l’atmosphère de paix et d’hospitalité qui avait permis aux populations de diverses contrées de commercer librement et dans le respect mutuel. Si en 1946 le RDA a choisi les berges du fleuve Niger pour son congrès constitutif, c’était bien la reconnaissance de cet exemple d’intégration africaine pré-coloniale. Pas d’équivoque sur cette question pour Houphouet. C’était d’ailleurs une des lignes directrices de sa politique. Gbagbo et les autres politiciens de l’ivoirité ont dans les années 90, réduit le destin de la CI à une question de part du gâteau, à protéger comme des lions autour de la prise ; c’étaient des liliputiens intellectuels qui faisaient ainsi un contresens total dans leur interprétation de l’histoire, y compris celle de Soundiata, le grand fédérateur ! Ils répondront de tous les crimes qu’ils ont engendrés devant cette Histoire.
Le 6 avril 2011 à 02:40, par AHMED En réponse à : Laurent Gbagbo se voyait comme Soundiata ou Soni Ali Ber. Il restera dans l’histoire de l’Afrique comme un dictateur psychopathe (2/2)
A Chérif Kéita,
Vous êtes soit un ignorant qui parle de façon insensée,
Soit un sacha,t qui ment pour on ne sait quelle raison.
4. Le 5 avril 2011 à 19:26 En réponse à : Laurent Gbagbo se voyait comme Soundiata ou Soni Ali Ber. Il restera dans l’histoire de l’Afrique comme un dictateur psychopathe (2/2)
LE POUVOIR DU PAGNE
Salut, sachez que gbagbo est devenu fou.
Il est accroche au pagne de simone et non au pouvoir !
5. Le 5 avril 2011 à 20:30, par Ivoiro En réponse à : Laurent Gbagbo se voyait comme Soundiata ou Soni Ali Ber. Il restera dans l’histoire de l’Afrique comme un dictateur psychopathe (2/2)
Gbagbo a mis la honté pour toute l’afrique. Il a mis la honte à tous les dirigeants africains. Son action ne constitue en aucun cas une action héroique. Quelqu’un qui rit les morts ne peut en aucun cas considérer comme un héro. Du premier jour de proclamation des résultats jusqu’à la fin Gbagbo a veçu dans l’humiliation sous sa propre conscience. Durant toutes ses années de règne les enfants, les femmes, les vieillards, etc..sont veçu dans la souffrance, de cris et des appels en vain au sécours. Gbagbo n’a fait qu’à semer du vent pour la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui,Gbagbo vient de récolter ce qu’il a semé..."La tempête". Pensez-vous réellement qu’on s’inscrit dans l’histoire par le sang des enfants et des femmes et vieillards ? À mon avis pas du tout. Après le nazisme, l’histoire des humaines n’explique plus par le bain du sang. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’ONU et le tribunal penal international ont eu jour. Merci.
6. Le 5 avril 2011 à 20:43, par Alexio En réponse à : Laurent Gbagbo se voyait comme Soundiata ou Soni Ali Ber. Il restera dans l’histoire de l’Afrique comme un dictateur psychopathe (2/2)
Les attraits psychopathiques de Gbagbo. Malheuresement aucun psychologue na devoile cette carence qui a couter la souffrance du peuple de la sous region et des ivoiriens.
7. Le 6 avril 2011 à 00:04, par Lakre le Sultan En réponse à : Laurent Gbagbo se voyait comme Soundiata ou Soni Ali Ber. Il restera dans l’histoire de l’Afrique comme un dictateur psychopathe (2/2)
.....Papa Occident a encore fait sortit sa cravache et attention au ptit insollent qui oseront lui cracher au visage....GOD BLESS AFRICA
8. Le 6 avril 2011 à 02:01, par sam vamus En réponse à : Laurent Gbagbo se voyait comme Soundiata ou Soni Ali Ber. Il restera dans l’histoire de l’Afrique comme un dictateur psychopathe (2/2)
Une telle feuille de chou venant d’un psodo journaliste burkinabé ne surprend pas les ivoiriens qui ont permis à de nombreux burkinabè de vivre.Blaise compaoré c’est su de tout le monde ,il reste et demeure l’assassin de Thomas Sankara.De toute les façons le faso ne cours aucun risque car son sous_sol est pauvre,comme celui de la france
Le 6 avril 2011 à 15:55 En réponse à : Laurent Gbagbo se voyait comme Soundiata ou Soni Ali Ber. Il restera dans l’histoire de l’Afrique comme un dictateur psychopathe (2/2)
C’est ce qu’il faut à GBABO aussi qu’on l’enfume !!!!!!
ns sommes pauvre en sous sol mais vous êtes pauvre en esprit ! C’est cela notre différence !
9. Le 6 avril 2011 à 09:13, par Jonas Jo En réponse à : Laurent Gbagbo se voyait comme Soundiata ou Soni Ali Ber. Il restera dans l’histoire de l’Afrique comme un dictateur psychopathe (2/2)
sam vamus, je respecte ton opinion mais je te souligne que la côte d’ivoire à été en partie construite par ces bras valides venus de la haute volta aujourd’hui BF. Quand tu te réclames ivoirien c’est que tu adhères au partage de l’afrique qu’a fait la France en la colonisant. Jusqu’où est-on ivoirien ou burkinabè si ce n’est qu’un amalgame de plusieurs ethnies vivant dans des régions qu’on a regroupé et divisé de part pour former ta soit-disant cote-d’ivoire. AujourD’hui le monde est fait de telle sorte et l’histoire avec qu’on a besoin de tout un chacun pour être et que l’ethnie ni la race ni cette utopique nationalité ne fait l’humain mais sa personnalité. Quand les cataclysmes tombent et qu’on cherche à survivre il n’est point écrit sur le front de quiconque qu’il est ivoirien, sénégalais, mauritanien, burkinabè malien etc, mais qu’il est humain. Car si on veut combattre le mal sachez qu’il existe dans tout peuple ; ce sont les ignorants de votre accbits qui peuvent entraîner d,autres ignorants dans des dÉrapages qui sont d’une bassesse inqualifiable, pas animal parce que lui agit par instinct de survit et nous n’en sommes pas là. Devrais-je te parler des ressources minières du burkina que tu ignores pas besoin car là n’est pas le sujet. Merci
10. Le 7 avril 2011 à 01:10, par juriste En réponse à : Laurent Gbagbo se voyait comme Soundiata ou Soni Ali Ber. Il restera dans l’histoire de l’Afrique comme un dictateur psychopathe (2/2)
Sam Vamus ou je ne sais quoi encore, si la Cote d’Ivoire a permis au Burkinabé de vivre c’est pas gratuitement qu’elle l’a fait. Ces bukinabés ont travaillé dur et ont contribué à l’emergence de ton pays. Ces burkinabés que tu montres du doigt sont aujourd’hui ceux qui prient pour ton pays.
Aussi,en ce moment, au lieu de parler du Burkina tu devrais être entrain de prier pour les victimes de cette crise. Comme le dit Jo Jonas, ce sont les gens comme vous qui faites que la paix est difficile à obtenir avec de telles reflexions !!
11. Le 7 avril 2011 à 13:29, par Djeny En réponse à : Laurent Gbagbo se voyait comme Soundiata ou Soni Ali Ber. Il restera dans l’histoire de l’Afrique comme un dictateur psychopathe (2/2)
mes frères, ne voyez vous dc pas le pseudo qu’il a déjà ?? ce I-VOI-RIEN qui raconte sa vie là, je répondrai tt simplement qu’on répond l’imbécile par le silence... le burkina avec tte sa pauvreté, on a la paix chez nous et on a jms eu deux président pour ns diriger !!!
12. Le 7 avril 2011 à 13:30 En réponse à : Laurent Gbagbo se voyait comme Soundiata ou Soni Ali Ber. Il restera dans l’histoire de l’Afrique comme un dictateur psychopathe (2/2)
mes frères, ne voyez vous dc pas le pseudo qu’il a déjà ?? ce I-VOI-RIEN qui raconte sa vie là, je répondrai tt simplement qu’on répond l’imbécile par le silence... le burkina avec tte sa pauvreté, on a la paix chez nous et on a jms eu deux président pour ns diriger !!!