Marchés Publics : Réguler, mais à quel prix ?La question des marchés de l’Etat ou marchés publics au Burkina. Un sujet de grande préoccupation. En première ligne dans ce secteur, le gouvernement semble plus que jamais décidé à mieux le contrôler. Y parviendra-t-il dans, un contexte d’ouverture des frontières politiques et économiques, caractérisé par des alliances de toutes sortes ? Grosse équation en perspective. Pour son baptême de feu, l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) a tenu à frapper fort. Dans son rapport 2008-2009, l’on retiendra ainsi les sanctions infligées à plusieurs entreprises de la place, coupables d’avoir cherché à ruser avec la loi. Au total, ils sont 24 prestataires à avoir été officiellement suspendus (entre 2 et 5 ans) et 10 avertis pour des manquements divers, par la Commission de Règlements Amiables des Litiges, la CRAL. La sortie de l’ARMP n’est donc pas fortuite. C’est vraisemblablement, un clin d’œil adressé à l’opinion nationale ; à un électorat qui vaut de l’or, mais qui freine des quatre fers pour jouer le jeu de l’enrôlement sur les listes électorales. Même si dans la forme, la démarche s’appuie sur des textes communautaires. Pour autant, la maison Burkina est loin d’avoir été entièrement balayée. Il est loisible au regard des limites objectives assignées à l’ARMP dans ses attributions, de s’interroger sur la possibilité que l’objectif escompté puisse réellement être atteint. Surtout, au regard de la forte corrélation qui existe entre le monde politique et économique. Avec hélas, au bout du compte, des pratiques monopolistiques ; ces gros bonnets ont acquis avec le temps, la conviction qu’ils sont incontournables dans le jeu économique, dont ils détiennent les éléments de décryptage. Décourageant de ce fait, une saine concurrence dans le milieu. Dans nos pays, le devoir d’ingratitude n’étant pas encore ancré dans les mœurs, bien au contraire, il est peu probable que les mauvaises habitudes soient évacuées d’un coup de baguette magique. Qu’ils ont régulièrement été au cœur de la construction de plusieurs officines politiques, qu’ils ont apporté leur soutien dans les pires moments de tempête, bravant pour certains, les règles élémentaires de gestion, sans crainte d’un quelconque conflit d’intérêt ? Point besoin à ce propos, d’enfiler des jumelles ou des lunettes de soleil, pour comprendre la réalité du phénomène. L’état d’avancement de ces chantiers complaisamment octroyés, à des entrepreneurs sans qualifications et sans véritable expertise. Aucune communication sur le sujet, aucune visite officielle de ministre ou d’officiel, comme ce fut le cas ailleurs. Ce qui donne une impression de deux, voire, trois poids quatre mesures. Mais dans les faits, ces mesures pourraient s’avérer insuffisantes, si la confiance continue de déserter à ce point, les salles de dépouillement des dossiers d’appels d’offres. A. Traoré Journal du Jeudi |