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Madagascar : Le salut viendra-t-il d’un gouvernement en treillis ?

mercredi 12 mai 2010.

 

Une nouvelle équipe gouvernementale devrait être mise en place à Madagascar pour conduire le processus de sortie de crise. Jusqu’à hier dans l’après-midi, les informations sur la composition des membres de l’Exécutif n’était pas encore connues.

Toutefois, les journaux malgaches qui sont dans les secrets des dieux annonçaient qu’il comprendrait 30 ministres, comme le précédent, avec à sa tête le général de brigade Camille Albert Vital.

Parmi les nouveaux venus à la table du président Andry Rajoelina, dix-huit seraient issus des Forces armées. C’est dire qu’il y aurait plus de militaires que de civils au sein de ce gouvernement, dit de “Salut public” ou “d’union nationale”. Rien d’étonnant à cet état de fait, puisque, de retour de Pretoria, en Afrique du Sud, où ont eu lieu les énièmes pourparlers entre les protagonistes de la crise sur la Grande Ile, le DJ de Tana, devenu président de la Haute autorité de transition (HAT), avait évoqué l’idée de la mise en place d’un gouvernement “neutre” composé de techniciens et d’hommes en treillis. Et au cours d’une conférence de presse, il a indiqué à ce propos que lorsque les politiques ne s’entendent pas, il faut laisser la direction des structures dirigeantes à des personnalités neutres pour qu’il y ait égalité de chances aux diverses élections.

En réalité, Andry Rajoelina est obligé de composer avec les militaires, eux qui l’ont fait calife à la place du calife en s’alignant derrière lui aux temps forts de la crise qui l’opposait à l’ex-homme fort du pays, Marc Ravamalonama. Récemment encore, l’armée l’a contraint à faire le point du déroulement des négociations sud-africaines avant de lui remettre un plan de sortie de crise qui sollicite justement la Grande Muette pour stabiliser le régime.

Tout porte donc à croire que le jeune président est l’otage d’officiers supérieurs, qui lui dictent la conduite à tenir face à l’imbroglio. Mais Andry Rajoelina va-t-il jouer le jeu jusqu’au bout, lui qui est habitué à entonner un nouvel air ? Wait and see. Toujours est-il qu’à force de s’amuser avec le feu, il risque de se brûler les ailes en faisant le lit d’un coup d’Etat à travers son comportement anachronique avec l’avancée du processus de sortie de crise.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga