Présidentielle du 21 novembre 2010 : "DJ Mouss" et la Ceni, hors gamme !A 7 mois d’une présidentielle que beaucoup estiment (presque) sans enjeu, au regard du déséquilibre des forces politiques en présence, le débat électoral au Burkina a pris une tournure très polémique, avec les prises de position de certains acteurs. En cause, le faible taux d’inscription sur les listes électorales ; maigre récolte pour les moissonneurs de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). En deux sorties, ils totalisent à peine un peu plus de 3 millions de personnes inscrites. Il n’en fallait pas plus pour irriter Moussa Michel Tapsoba. Tout simplement parce que monsieur le président de la Ceni refuse que l’on veuille procéder à un croisement des chiffres entre ceux d’il y a 5 ans et ceux de 2010. Puis, au détour d’une réplique mal ajustée, il lâche la petite phrase qui fait tant de bruit depuis lors : même avec 10 électeurs inscrits, selon lui, l’élection se tiendra à la date prévue et selon le chronogramme arrêté ! Pour lui, ces différents points de vue exprimés ne sauraient tenir lieu de vérité biblique, encore moins de boussole aux commissaires de la Ceni ; ils n’engageraient que leurs auteurs respectifs. Conclusion, les chiens aboient, et la caravane passera tranquillement son chemin. Quoi qu’il en soit, elle est bien là, la désaffection des citoyens par rapport à l’élection à venir. Et pendant que certains partis (de l’opposition comme du pouvoir) appellent les citoyens à se mobiliser pour la victoire de leur candidat, d’autres formations appellent, de leur côté, à un report de l’élection. Pour l’heure, aucune réponse n’a encore été apportée en haut lieu, par rapport à cette revendication. Mais pour qui connaît le Faso et ses mœurs politiques, ce silence des autorités n’est pas difficile à décrypter. En outre, repousser le rendez-vous du 21 novembre 2010 reviendrait à stopper la mécanique mise en branle par certains des candidats qui semblent manifestement très pressés d’en découdre. C’est le cas de Bénéwendé Sankara, qui tisse sa toile de campagne aux quatre coins du Burkina. Alors même que d’autres s’interrogent sur la stratégie à mettre en œuvre pour ratisser les parrainages, le chef de file de l’opposition, lui, installe ses directeurs régionaux de campagne. Animé par le secret espoir (on s’en doute aisément) de faire mentir tous ceux qui prédisent un résultat téléphoné pour le "capitaine", le leader sankariste est résolument engagé dans la conquête d’un électorat qui fait de la résistance. Dans le pire des cas, en revanche, si nous n’y sommes pas déjà, c’est la tactique du rhinocéros qui devrait nous conduire en toute bonne logique vers une élection sans un réel engouement de la part des électeurs. Et contrairement à ce qui est dit à ce sujet, un tel cas de figure porterait un coup rude à une culture électorale qui fêtera bientôt ses 20 ans de pratique. En effet, imaginons que sur 14 millions d’habitants, dont une population électorale d’à peu près 8 millions d’individus, moins d’un tiers se sente concerné par le choix du Président du Faso ! Manifestement, il y aurait un problème ! Ce qui appelle inévitablement à une introspection de la part de l’élite. Cette dernière, par son discours radicalement opportuniste et souvent démagogue, n’a fait que renforcer la distance entre elle et les citoyens. A. TraorÈ Journal du Jeudi |