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Crise bancaire au Nigeria : « Aucune répercussion sur les banques de l’UEMOA »

vendredi 6 novembre 2009.

 

Des banques nigérianes rencontrent depuis octobre 2008, des difficultés induites par des manquements graves en matière de gouvernance et de respect de la réglementation. Nommé en juin dernier, le nouveau gouverneur de la Banque centrale du Nigéria (BCN), Sanusi Lamido Sanusi, a pris une série de mesures visant à rassurer les déposants et les créanciers et surtout, à renforcer la solidité mise à mal du système bancaire. En visite de travail au siège de la Banque centrale de la zone UEMOA, Sanusi a animé hier jeudi 4 novembre 2009, à Dakar (Sénégal), en compagnie du gouverneur, Philippe Henri Dacoury-Tabley une visioconférence pour expliquer aux journalistes et aux banquiers des huit pays de l’Union, la situation des banques nigérianes.

Le secteur bancaire nigérian était malsain. Un audit financier commandité par la Banque centrale nigériane a décelé des manquements graves à la gouvernance et au respect des dispositions réglementaires. Sur 24 banques, 10 ont fait l’objet de sanctions et de mesures spécifiques. Face à cette situation « jugée grave », la BCN a sorti le bâton pour sévir. Dans la foulée, les dirigeants et directeurs exécutifs d’Afrikaner PLC, International Bank, Union Bank of Nigeria, Oceanic international Bank et Finbank sont limogés. De même, elle a pris l’engagement d’accorder à ces banques une « facilité d’escompte élargie ». La seconde phase de l’audit a porté sur les quatorze banques restantes. Là aussi, les comptes ne sont pas tout à fait bons. Quatre autres prises dans les filets, sont dans une situation grave.

Il s’agit de Platinum Habib Bank, Equitorial Trust Bank, Spring Bank et Wema Bank. Outre le limogeage des patrons de ces banques, l’autorité monétaire a enjoint les dirigeants de la Wema Bank et d’Unity Bank (son capital a été jugé insuffisant) à recapitaliser ces dernières avant le 30 juin 2010. Afin de contenir le malaise qui secoue et sape la solidité du système bancaire, la Banque centrale du Nigéria (BCN) est décidée à mettre de l’ordre. C’est l’enjeu de la démarche de « courtoisie et d’explication » entreprise par le gouverneur de la BCN auprès des responsables de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Le nouveau gouverneur, Sanusi Lamido Sanusi, a ainsi eu un entretien d’information sur la situation bancaire au Nigéria avec le gouverneur de la BCEAO au siège de l’institution à Dakar. Les deux garants de la stabilité financière dans leurs zones monétaires se sont par la suite adressés aux journalistes et aux banquiers des huit pays de l’UEMOA, à travers une visioconférence.

D’entrée de jeu, le gouverneur de la BCEAO a indiqué que le message de son homologue « mérite d’être relayé auprès de l’ensemble des populations ». Philippe Henri Dacoury-Tabley a salué « cette démarche de courtoisie et d’explication » dans la mesure où les informations disponibles ont fait état de difficultés affectant les banques nigérianes. Il explique que cette situation a inquiété plus d’un, compte tenu des relations de plus en plus fructueuses avec le Nigeria. Aussi, a-t-il rassuré que le « malaise des banques nigérianes n’a eu aucune répercussion dans l’Union ». En effet, l’audit financier des 24 banques établies au Nigéria par la BCN a mis à nu la toxicité du système bancaire. Les banques auraient ainsi accordé des prêts au mépris des règles usuelles de gestion des risques à des courtiers et à des particuliers. Ces prêts improductifs sont estimés à 1.143 milliard de naïras (devise nigériane), soit 3.450 milliards de F CFA représentant 40 du total de leurs prêts, indique un communiqué à la presse.

Mais la BCN ne s’est pas arrêté là dans sa quête d’assainissement du système bancaire. Au titre des mesures, une société de gestion des actifs devrait voir le jour avant la fin de l’année en vue d’améliorer le système bancaire par le biais notamment d’une reprise des actifs compromis des banques. Pour le gouverneur de la BCN, ce sont des mesures difficiles prises dans l’intérêt de l’économie nigériane et des pays voisins. Sanusi Lamido Sanusi rassure néanmoins que le secteur bancaire reste stable malgré un déficit de 3%. « Nous veillons à ce que les banques ayant des filiales dans la sous-région soient suffisamment recapitalisées. Car cette crise est une occasion pour mettre nos économies sur la voie de la transparence », a-t-il expliqué. C’est pourquoi, les deux institutions monétaires ont affirmé leur volonté de travailler désormais en tandem.

Vers une convention de partenariat

La BCEAO et la BCN souhaitent ainsi formaliser incessamment la coopération entre leurs instances de régulation. Car, « ce qui se passe là-bas nous intéresse et peut avoir des répercussions importantes chez nous. Je félicite le gouverneur Sanusi pour ses efforts de consolidation de la stabilité du secteur bancaire au Nigeria et aussi pour ce qui sera fait entre les autorités de régulation », a souligné le gouverneur de la BCEAO. En effet, l’autorité de régulation du Nigéria et la commission bancaire de l’UEMOA ont décidé d’avoir une coopération « plus fructueuse ». Même s’il précise que la crise bancaire nigériane n’a pas impacté les banques de l’Union. En effet, la BCEAO soutient veiller au grain grâce à sa réglementation qui permet de suivre et de corriger d’éventuels dérèglements.

De plus, les banques nigérianes présentes dans l’Union ne figurent pas parmi la liste des banques « jugées en situation grave », a relevé le gouverneur Philippe-Henri Tabley-Dacoury. Et le président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina, Mamadi Napon d’ajouter : « c’est une information cruciale de dire que les banques nigérianes sont surveillées dans la mesure où des opérateurs économiques de notre zone font des transferts ou des dépôts dans ces banques. S’ils déposent leur argent dans des banques risquées, ils sortent perdants. Il était donc crucial d’informer nos opérateurs que les institutions bancaires au Nigéria sont surveillées et qu’en cas de dépôts risqués le gouvernement fédéral prendra ses responsabilités pour protéger les déposants. C’est une bonne disposition pour rassurer nos pays et les opérateurs économiques de la sérénité du secteur bancaire ». Par ailleurs, la BCN a rassuré qu’il n’aura pas de liquidation de banques. « Il y aura probablement des confusions », commente Mamadi Napon, président de l’APBEF.

Dans l’espace UEMOA, le secteur bancaire fait l’objet d’une supervision rigoureuse menée par la BCEAO au moyen de la commission bancaire. Cette surveillance repose sur un cadre harmonisé dont la conformité a été reconnue avec la quasi-totalité des vingt-cinq principes de Bâle élaborés par la communauté financière internationale. Dans la pratique, la supervision se fait à travers un contrôle régulier sur pièce et sur place dans les banques. En sus, il y a la loi bancaire qui précise le champ et les règles d’exercice de l’activité bancaire, la répartition des compétences entre les différents organes et l’échelle des sanctions infligées en cas d’infraction à la réglementation. Cette loi est complétée par un dispositif prudentiel et le règlement communautaire relatif aux relations financières extérieures des Etats de l’UEMOA.

Saturnin Nadoum COULIBALY

Sidwaya



Vos commentaires

  • Le 6 novembre 2009 à 11:34, par adams En réponse à : Crise bancaire au Nigeria : « Aucune répercussion sur les banques de l’UEMOA »

    Je ne suis pas d’avis que cette crise n’ffecte pas les banques de la zone UEMOA,car la BIB qui à été rachetée par une Banque Nigériane connait beaucoup de difficultés en ce momment et ça ,tout les clients de cette banque peuvent le temoigner.

    • Le 6 novembre 2009 à 14:54, par bassono En réponse à : Crise bancaire au Nigeria : « Aucune répercussion sur les banques de l’UEMOA »

      Nuance.
      Ce sont les clients qui connaissent des difficultés.
      Les mauvais surtout.
      Ce qui ne peuvent plus bénéficier des complaisances de certaines personnes.

    • Le 6 novembre 2009 à 15:55, par boobak En réponse à : Crise bancaire au Nigeria : « Aucune répercussion sur les banques de l’UEMOA »

      Il y a peut être répercussion de manière non formelle puisque tous les risques encourus par une banque dans son fonctionnement ne sont ni connus, ni identifiés et encore moins quantifiables. D’autant plus que le Nigeria connait un secteur bancaire le plus développé au sein de l’UEMOA" Ce qui pourrait voir ses activités fonctionner en corrélation avec les banques des autres Etats.

      Mais je ne concorde pas avec votre point de vue, car ce dont vous parlez n’est point objet à la crise bancaire nigériane mais peut être plutôt au style de management inféré sur la BIB lors de son acquisition. Aussi tous les clients de la BIB ne connaissent pas les mêmes difficultés... Ceux ci peuvent témoigner également de manière positive.

  • Le 6 novembre 2009 à 18:46, par Alexis En réponse à : Crise bancaire au Nigeria : « Aucune répercussion sur les banques de l’UEMOA »

    J’espère bien que les autorités burkinabé ouvrent l’oeil et le bon. UBA n’est sur la liste des banques en difficultés mais sa filiale BIB est en rouge pour la qualité des services. Et je peux vous prouver que ce ne sont pas seulement les mauvais clients. Manifestement UBA a décidé de mettre tout le monde au pilori pour retrouver l’ivraie. Ce qui est alarmant c’est les délais interminables de cette reprise en main. L’envergure de la BIB dans le système bancaire burkinabe n’autorise pas une transition chaotique d’une année. La BIB a réussi cet exploit. Il faut être fou pour être serein quand on client de la BIB. J’interpelle la BECEAO et le Ministère des finances afin de nous mettre à l’abri de l’irréparable par rapport au devenir de la BIB.

    Bonne chance à nous tous et au système bancaire nigerian.
    Alexis

    • Le 3 janvier 2023 à 04:05, par Nannette En réponse à : Crise bancaire au Nigeria : « Aucune répercussion sur les banques de l’UEMOA »

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  • Le 7 novembre 2009 à 11:49, par bangba En réponse à : Crise bancaire au Nigeria : « Aucune répercussion sur les banques de l’UEMOA »

    Bonjour

    Ça c’était plus que visible pour ces banques qui se font puissantes et payent d’autres dans la sous région. Pour le cas des banques nigérianes, 5 ans c’est trop pour que l’état qui a fait l’errer de vendre ces banques, de les reprendre pour en faire des banques d’état.
    Le Faso à l’heure actuelle n’a pas de banque d’état. L’ex CNCA, devenue riche été vendue et les richesses venants de nos braves cotonculteurs tombent des mains étrangères.
    Le pire est à venir si rien n’est fait.

    • Le 8 novembre 2009 à 04:55, par boobak En réponse à : Crise bancaire au Nigeria : « Aucune répercussion sur les banques de l’UEMOA »

      D’accord avec toi !

      Mais la BACB ex CNCA n’était pas une banque d’Etat si bien que l’Etat en était actionnaire. Donc au vu des propositions alléchantes, les actionnaires (opérateurs éco et autres banques ) pour la plupart ont décidé de vendre leur part d’actifs pour faire de gros bénéfices puisqu’au fil des années sa valeur a considérablement augmenté avec sa compétitivité (4è banque au BF). C’est pleinement leur droit.

      Mais ECOBANK qui a rachété la BACB et qui devient ainsi la 1ère banque ne respecte aucunement sa parole, aux yeux des employés de l’ex CNCA.
      - Ils avaient promis de conformer les salaires des employés de la BACB sur celui des Ecobankers de la sous région (ce qui pourrait tripler leur revenu mensuels). En tout l’attente est trop longue.... on se demande si elle se réalisera
      - Certains avantages ont été purement annihilés pour ces employés, il est devenu quasiment impossible pour un employé d’avoir un compte à découvert
      - ECOBANK bénéficie largement du fait d’attendre un certain agrément de la BECEAO avant d’effectuer les changements notables au sein de sa nouvelle filiale. Il préfère donc considérer la BACB comme une filiale autonome et non une succursale faisant partie intégrante pour ainsi gérer des coûts liés au personnel.

      Mais il faut noter que l’extension des activités de ECOBANK au sein du BF à travers le rachat de la BACB est une qund même une bonne initiative et rend le système bancaire plus dynamique. Et c’est plutôt une banque panafricaine qu’étrangère puisqu’elle est née de l’initiative d’hommes affaires tous africains.

    • Le 28 décembre 2022 à 02:58, par Corine Seabrook En réponse à : Crise bancaire au Nigeria : « Aucune répercussion sur les banques de l’UEMOA »

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  • Le 7 novembre 2009 à 18:33, par somme En réponse à : Crise bancaire au Nigeria : « Aucune répercussion sur les banques de l’UEMOA »

    "boobak" et "bassono" sont soit des gourous de la BIB ou alors ne connaissent rien de cette banque autrement ils n’affirmeraient pas que "ce sont les mauvais clients de la BIB qui ont des problèmes". Renseignez-vous ( ou faites la politique de l’autruche si vous voulez):pratiquement tous les clients de la BIB qui n’ont pas d’engagements vis à vis d’elle (credit)sont entrain de changer de banque ; et vous parlez de mauvais clients. A quoi sert une banque sans clients ? Et pouquoi ces clients ont décidé subitement de quitter ? Une banque souvent qui, quand bien même vous avez de l’argent sur votre compte traine les pids à vous payer.Si vous êtes fonctionnaire et on vire votre salaire à la BIB il faut attendre 48 voire 72 heures pour qu’il soit positionner sur votre compte ; c’est du n’importe quoi en ces temps de l’informatique en pointe partout dans les "vraies" banques.
    Dans tous les cas très peu de gens (ou même persone ) ne croit à un avenir radieux de la BIB aujourd’hui, ça ressemble bien à une affaire BND-bis. Autorités du burkina à vos marques

    • Le 8 novembre 2009 à 04:31, par Alex En réponse à : Crise bancaire au Nigeria : « Aucune répercussion sur les banques de l’UEMOA »

      Finalement on s’éloigne du sujet de l’article qui parle de répercussion de la crise bancaire Nigériane sur les banques au sein de l’UEMOA.

      Bref... sans défendre qui que ce soit, les commentaires de boobak sont peut être fondés. Ne parles tu pas de retard dans les transactions des clients. N’est ce pas un vision mal anticipé de l’avenir dû au retard technologique, donc au style de management.

      Dire qu’il y a des clients qui se sentent bien à la BIB ne veut pas forcement dire que ce sont les mauvais clients qui ont des problèmes. J’aimerais savoir sur quels critères "somme" et "adams" se basent ils pour affirmé que tous les clients ou ceux qui n’ont pas d’engagements vis-à-vis de la BIB compte la quitter ? Sur des stats des quelques 10 ou 20 personnes qu’ils connaissent et qui sont dans un tel cas ? Votre opinion est discutable. Sans défendre la BIB, je ne suis d’ailleurs ni client ni employé mais juste pour comprendre les différentes prises de position.

      Mais je suis d’avis que la BIB doit revoir sa copie !