Réflexion de Ibrahiman Sakandé : Le chemin de croix des grands commis de l’Etat
Le Premier ministre préside, ce 28 octobre, l’atelier d’évaluation de la Réforme globale de l’administration publique. Il sera entre autres débattu, à cette occasion, des performances de l’administration publique et partant, de ses grands commis (secrétaires généraux, délégués généraux, directeurs généraux et équivalents).L’une des justifications de la Réforme de l’administration publique est de sortir d’une administration administrante de type français pour aboutir à une administration de résultats, de type américain. Les néo-libéraux avaient, à l’époque, le vent en poupe à Bretton Woods, à Washington, à Wall Street, à City Bank , ainsi que, de gré ou de « force », à la BCEAO, à l’UEMOA, à la BEAC, voire chez « nos grands commis de l’Etat burkinabè en charge de gérer nos finances et nos stratégies prospectives de développement » ! Et pourtant... La culture de rendre compte fait partie de la bonne gouvernance administrative et partant du renforcement de la démocratie. Le plus souvent, ces agents inexploitables bénéficient de protection de certains gros bonnets par alliance, par amitié ou par relation de complicité, par soucis d’espionnage puéril ou de division bolchévique ! Intouchables, ils sont d’une nuisance inouïe pour l’ensemble du groupe social et spécialement pour la dynamique de celui-ci. Ils découragent par leurs comportements, les plus motivés. Par des rumeurs savamment distillées, ils fragilisent la cohésion du groupe. Quand le moindre de leurs intérêts est menacé, ils découvrent brusquement les vertus du « syndicalisme » ou des textes ô mal compris. Or une équipe ne fait des résultats que quand elle est cohérente et orientée vers l’atteinte des objectifs. Tous les meneurs d’hommes en sont conscients. « Il faut faire avec… » entend-on dire. Quand aux sanctions de type supérieur, cela fait longtemps, qu’on n’a plus entendu pareille nouvelle à la Fonction publique. Bien au contraire, il n’est pas rare d’entendre sur les ondes de la radiodiffusion nationale des communiqués du type « M. ou Mme X absent(e) de son poste depuis un an est prié de le rejoindre, faute de quoi les sanctions... » Il revient au ministère en charge de la Fonction publique de veiller à ce que les textes qui régissent l’administration publique soient des textes d’une administration de résultats et qu’ils soient appliqués avec réelle honnêteté et sens de la repartie ! Ce n’est pas la volonté qui manque ; mais il n’est pas évident…, étant donné que décideurs et praticiens du droit administratif baignent dans une culture toute autre. Les recrutements, particulièrement ceux sur les mesures nouvelles ne devraient pas être la source d’invasion de l’administration par des agents sans niveau, ni motivation. Il faut qu’ils cessent d’être des règlements de situations sociales qui n’apportent aucune valeur ajoutée. Ce n’est pas parce que quelqu’un est admis dans une telle structure, qu’il doit forcément en sortir, nanti d’un brevet « bon à employer par la Fonction publique ». Car à partir de là se constituent les bases de fonctionnaires inutiles et nuisibles pour les initiatives gagnantes, car plus aptes aux « kalabulé », pour reprendre une expression de nos frères ghanéens. Certes, les commis de l’Etat n’ont pas que la médiocrité à gérer. La grande majorité des agents de l’administration publique burkinabè sont des fonctionnaires honnêtes, compétents, travailleurs. C’est ce qui explique les résultats atteints. Les directeurs généraux s’appuient sur ces intelligences. Cela explique pourquoi l’excellence prend le dessus sur la médiocrité, au-delà de tout ! L’évaluation de la Réforme de l’administration doit viser à décourager la médiocrité. La culture de résultats ne sera pas un leurre, si ensemble, gouvernés et gouvernants s’y investissent. Bien sincèrement, sans hypocrisie, sans cagoule, avec la nécessaire ouverture de la fenêtre de Johary entre acteurs...! Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr) Sidwaya |
Vos commentaires
1. Le 26 octobre 2009 à 09:02 En réponse à : Réflexion de Ibrahiman Sakandé : Le chemin de croix des grands commis de l’Etat
Bravo M. le DG, vous avez bien cerné toute la problématique de l’efficacité de notre fonction publique. les responsabilités sont partagées entre formateurs, employeurs et employés. pour appuyer votre argument sur la responsabilité des écoles de formation, il m’est revenu que dans une de nos grandes écoles de formation professionelle, il y aurait en fin d’année 2009 plus de dizaine de redoublants dans une classe. du jamais vu dans cette école. alors vous conviendrez avec moi que certainement ces gens ont bénéficié de faveurs d’entrer dans cette école. Ce favoritisme qui culmine avec cette histoire de mesures nouvelles. le sujet est très vaste.
Merci M. SANKADE
2. Le 26 octobre 2009 à 09:18, par hèrètchè En réponse à : Réflexion de Ibrahiman Sakandé : Le chemin de croix des grands commis de l’Etat
merci cher concitoyen pour ce diagnostic on ne peu plus complet de notre chère Administration publique.J’espère tous gouvernants comme gouvernés entendront cet appel au travail bien fait !
3. Le 26 octobre 2009 à 10:21 En réponse à : Réflexion de Ibrahiman Sakandé : Le chemin de croix des grands commis de l’Etat
Ne vous faite pas l’avocat du diable. L’Etat est responsable de ce qui lui arrive en ce domaine comme en tout autre. C’est le Gouvernement même qui est corrompu depuis 23 ans. L’Etat n’a qu’a déjà constater et payer les avancements de ses agents et ce, conformément à ses engagements textuels, avant d’attendre d’eux de s’investir. Le manque de motivation peut être dû aux injustices et à la force dont sont victimes lesagents ; Purquoi m’investirais je dans le travail alors qu’en retour mon droit élémentaire est grossièrement violé ? Pourquoi l’Etat s’accapare de mes avancements à son gré, et parcequ’il est corrompu et incapable et veut en retour que je continue de travailler ?
4. Le 26 octobre 2009 à 10:38, par agent concieucieux de la fonction publique. En réponse à : Réflexion de Ibrahiman Sakandé : Le chemin de croix des grands commis de l’Etat
voici une reflexion bien complete qui fait le tour exaustif des problèmes de notre administration. toute mon admiration à Sankade. mais attention frère je n’hesiterai pas a te remonter vertement les bretelles le jour ou tu deconneras.
tous ensemble aidons le valeureux ministre de la fonction publique a reussir cette reforme.
5. Le 27 octobre 2009 à 11:22 En réponse à : Réflexion de Ibrahiman Sakandé : Le chemin de croix des grands commis de l’Etat
Bravo mon cher ami, en vous lisant c’est tout comme une télépathie. Le diagnostic est parfait. Il faut déplorer seulement que l’administration actuel de TERTIUS ZONGO a lui même généré ses propres contradictions. Non seulement il y a la question des mesures nouvelles qui depuis 2002 déversent du n’importe quoi dans l’administration. Des agents sans qualification qui sèment comme le dirait l’autre la "merde" dans notre administration. Il y a aussi les écoles de formation. L’exemple de l’ENAM est scandaleux. Comment voulez vous que dans des filières comme les GRH les procédures de la fonction publique sur la gestion du personnel ne soient pas enseignées. Non seulement les cadres à leur sortie de connaissent même pas la loi 013 encore moins comment rédiger un acte de gestion, comment la carrière du fonctionnaire est organisée etc..
Le plus souvent ce sont des séminaires qui remplacent les cours .Du coup les élèves sortent sans un véritable niveau alors qu’ils devraient être prêt à servir l’administration.
Une autre dérive qui va tuer l’administration c’est la nommination de jeunes cadres sans expériences à des postes de responsabilités sous le prétexte qu’il faut un ragenissement mettent en mal du coup l’efficacité de l’administration tout en foulant au pied sa déontologie. Comment voulez vous que X qui a 15 ans de métier soit sous Z qui ne totalise que 3 ans sans expérience ? Alors dites moi comment les duex vont pouvoir travailler ensemble ? Permettez le de se faire d’abord la main sur 10-15 ans avant de le nommer. Il y a trop de non dits dans notre administration et ce n’est pas bien pour des pays pauvres comme le nôtre.