Sommet de Doha sur le suivi du financement du Développement : Un bilan mitigéVingt huit chefs d’Etat, vingt six Premiers ministres, soixante quinze délégations de niveau ministériel et quarante organisations internationales discutent depuis le 29 novembre à Doha au Qatar et ce jusqu’au 2 décembre du suivi du consensus de Monterey sur le financement du développement. Le Président du Faso, Blaise Compaoré a pris part à ce tte évaluation dont la crise financière est entrain de ravir la vedette. Les nombreux intervenants n’ont pas manqué de faire un bilan contrasté des résultats de la mise en œuvre des engagements de Monterey. « Malgré la tiède volonté des pays riches de libérer les moyens financiers suffisants et de permettre un accès équitable au marché, le Burkina Faso bénéficie d’une assistance de la communauté internationale orientée principalement vers le financement des projets et programmes de développement », a relevé le Président du Faso à la tribune de la Conférence de Doha, le samedi 29 novembre.. D’autres chefs d’Etat font des observations similaires. C’est le cas du président algérien, Abdel Aziz Bouteflika qui affirme que Monterey a constitué un moment privilégié de dialogue international pour le développement. Car pays développés, pays en développement, institutions internationales, entreprises du secteur privé et organisations de la société civile ont trouvé un langage commun pour sortir de l’immobilisme et se sont accordés sur un diagnostic et quelques lignes d’action pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement en 2015. Le Président algérien estime aussi que quelques progrès ont été enregistrés en ce qui concerne les flux de financement privés en direction des pays en développement, la part appréciable qu’occupent désormais les flux commerciaux générés par les pays en développement dans le commerce mondial, le rôle croissant de la coopération Sud-Sud et l’augmentation significative du volume de l’aide publique au développement provenant des pays émergents.. Pour lui, les promesses de la communauté internationale en termes d’aide publique au développement sont loin d’être tenues. L’omniprésence de la crise financière internationale La Confédération syndicale internationale (CSI) écrit que . Sur certains points du Consensus de Monterey, Blaise Compaoré note que l’Etat et le secteur privé, ne parviendront à eux seuls, ni à instaurer une croissance économique soutenue, ni à réaliser les Objectifs du millénaire pour le développement à l’horizon 2015. Le Président du Faso appelle les organismes internationaux, notamment les institutions de Bretton Woods à réajuster les mécanismes de fonctionnement du système financier pour faire face à l’instabilité des marchés financiers internationaux. Tiergou P. DABIRE, Envoyé spécial à Doha. Les six axes du Consensus de Monterrey. A Monterrey, en 2002, les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les organisations internationales ont adopté les axes suivants comme clef de voûte pour le développement et l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). la mobilisation des ressources intérieures pour le développement ;
Blaise Compaoré :"Nous nous approprierons les programmes Il y a eu le Sommet du G20 qui s’est tenu le 15 novembre à Washington et a pris conscience des dangers imminents qui menacent l’économie réelle. A la rencontre du G20, une grande partie du monde n’a pas été associée à la réflexion, notamment les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. La Conférence de Doha est un moment intéressant pour cette autre communauté des nations, qui n’était pas à Washington, de prendre part à la réflexion sur les réformes qu’il faut à l’économie mondiale, de formuler des suggestions et des recommandations. Nous avons pris conscience que lorsqu’on parle des Objectifs du millénaire pour le développement, du futur de ce monde, nous avons en urgence la crise financière qui affecte différents pans de l’économie mondiale, surtout l’économie dite réelle. Nous souhaitons que cette prise de conscience que , pour emprunter l’expression à quelqu’un, est une voie sans issue et que nous devons aller vers une économie libérale, mondialisée, assainie, régulée, c’est-à-dire une économie où les marchés financiers sont sous surveillance, une économie qui créera les conditions d’un commerce équitable entre les nations. Nous avons aussi démontré que dans le processus de développement, le secteur privé et l’Etat seuls ne suffisent pas. Il faut une aide publique au développement, traiter la dette, bénéficier des investissements privés directs. Surtout, notre responsabilité est de nous approprier les programmes de développement, c’est-à-dire assurer une bonne gouvernance et une bonne gestion de ces programmes Car, si l’aide augmente et la gestion n’est pas bonne, il est certain qu’on ne va pas tirer grand profit de l’augmentation de l’aide. Beaucoup de dimensions du développement ont été abordés au cours de cette conférence et il y a des convergences de points de vue qu’il faut des réformes, que l’Etat régule l’économie et qu’il faut beaucoup de solidarité entre les nations. TPD Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine Qu’attendent les Africains de la Conférence sur le suivi du financement du développement ? Jean Ping (JP) : Cette Conférence est très importante pour nous les Africains. Cette conférence se situe dans un contexte particulier, après une série de crises sans précédent : la crise énergétique, la crise alimentaire, la crise environnementale, la crise financière qui débouche sur une crise économique. Même si les pays africains ne sont pas directement touchés, les implications seront énormes. Par exemple, le commerce ! Les pays africains exportent principalement des matières premières. En raison de la baisse de la demande due à la récession économique, cela va se traduire par une baisse de la demande de ces produits. Les prix vont s’effondrer et les recettes d’exportations aussi. On peut en dire autant pour les financements, pour l’aide. Certains pays développés peuvent prendre prétexte de la crise pour baisser leurs aides. Si nous avons une série de diminutions au niveau de l’aide, des recettes d’exportation, du flux des investissements, les conséquences qui en résulteraient seront dramatiques. Il faut prendre des mesures. Ensuite, les séries de crises que nous avons, vont déboucher sur des conséquences dramatiques pour les économies africaines, peut-être une crise systémique. Si nous devons en arriver là, il faut envisager une réforme du système. Comment peut-on envisager une réforme du système sans nous, alors que nous sommes concernés. C’est ce qu’a dit le président Sarkozy : « quelques uns, les mêmes qui sont à l’origine de la crise, qui ont joué avec nos économies, qui ont transformé l’économie en un vaste casino, se rendent qu’il y a eu des erreurs et veulent trouver des solutions à ce problème, un problème global, qui nécessite des solutions globales ». Comment peut-on concevoir que l’Afrique reste à l’écart de ces négociations, qui la concernent et concernent l’avenir de ses enfants. Il faut que la voix de l’Afrique soit entendue. Est-ce que les absences de certains leaders occidentaux et des premiers responsables des institutions de Bretton Woods ne préfigurent pas l’échec du Sommet de Doha ? J P : Certains le pensent. Cette conférence est prévue de longue date, car c’est une conférence de suivi du sommet de Monterrey, qui n’a pas donné tous les résultats escomptés. Il y a aussi un certain nombre de problèmes à résoudre comme la nécessité de conduire à terme le cycle des négociations de Doha sur le commerce. Tiergou P. D Ils ont dit - L’Emir du Qatar, Sheikh Hamad bin Khalifa al-Thani : Les pays développés n’ont pas le droit de dire aux autres ce qu’ils devraient faire… Quand les pays développés donnent des conseils et des directives à suivre, ils se soustraient des contributions qu’ils doivent apporter au problème de développement, qui devraient être proportionnelles à leurs capacités ». - , Henriette Fore, administrateur de l’USAID. « Ils espèrent compenser leurs propres pertes en spoliant les ressources des autres pays. Ils entendent résorber leurs pertes financières à travers les revenus des autres pays. Nous avons été informés qu’ils ont déjà empêché la sortie des Etats-Unis des revenus des pays riches en pétrole et des pays arabes et confisqué plus de 300 milliards de dollars des réserves financières de ces pays », Mahmoud Ahmedinejad, président de la République islamique d’Iran. « Les pays riches ont certes doublé leurs contributions depuis 2002 - celles-ci ont atteint 160 milliards de dollars en 2007 - mais ce sont entre 400 et 500 milliards de dollars qui prennent le chemin inverse chaque année. Nous avons tendance à ne pas considérer ces flux comme criminels. A tort ! Sans les paradis fiscaux qui abritent cette manne du Sud, le problème de financement pour le développement ne se poserait pas », Huguette Labelle, présidente de Transparency International. Rassemblés par T. P DABIRE Sidwaya |