Rencontre sur la pratique transfrontalière de l’excision : Un engagement pour atteindre la tolérance zéro d’ici à 2015La rencontre sur la pratique transfrontalière de l’excision, qui a débuté le 13 octobre 2008 à Ouagadougou, a clos ses travaux, hier mercredi 15 octobre. Placée sous le copatronnage de Mme Larba Tandja (Première dame du Niger) et de Mme Chantal Compaoré (Première dame du Burkina Faso), la rencontre a permis d’insister sur la nécessité d’une coopération sous-régionale pour éradiquer le phénomène de l’excision d’ici à 2015. L’excision se pratique toujours au Burkina Faso, au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Mali, au Niger et au Togo. La lutte contre ce phénomène dans ces pays est une réalité. Les résultats enregistrés sont disparates. La prévalence de l’excision est de 2,2% au Niger, de 49,85% au Ghana, Togo, Bénin, Côte d’Ivoire, Burkina Faso et de 85% au Mali. Il n’existe pas d’action concertée entre ces pays pour mener la lutte. Ceci favorise une pratique transfrontalière de l’excision. Le phénomène implique des familles, des filles ou des exciseuses qui se déplacent souvent spécialement d’un pays à un autre pour réaliser clandestinement l’excision. L’intention étant de contourner ou enfreindre les lois interdisant la pratique. Et aussi, utiliser la frontière entre les Etats comme une barrière protectrice. Pour briser ces barrières et donner à la lutte un caractère transfrontalier, le ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale du Burkina en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour les femmes (UNIFEM) a convié les experts des ministres en charge de l’excision, les Premières dames ou leurs représentantes du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Niger et du Togo pour réfléchir sur le phénomène de la pratique transfrontalière de l’excision. Des travaux des experts et des ministres, les participants se sont fait une idée sur les contours et l’ampleur du phénomène. Ainsi, le Fonds des Nations unies pour les femmes a réalisé en partenariat avec le Centre de recherche et d’intervention en genre et développement, une étude exploratoire sur la question au niveau des zones frontalières entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali et le Niger. L’étude a révélé que la pratique existe mais les zones endémiques se situent à la frontière avec le Mali qui n’a pas de loi sur l’excision et la Côte d’Ivoire à cause de la période de crise. "Dans toutes les zones frontalières, les liens socioculturels entre les communautés servent de support à la pratique transfrontalière. Il y a aussi des réseaux bien organisés permettant de convoyer les filles à exciser", a précisé Mme le ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale du Burkina, Pascaline Tamini. La tolérance zéro, pour ne pas demeurer un idéal lointain, exige, selon la Première dame du Burkina, Chantal Compaoré, des stratégies intégrées et appropriées prenant en compte l’aspect spatial, temporel, idéologique et religieux. Mme Chantal Compaoré a également expliqué le parcours du Burkina dans la lutte contre cette pratique déshumanisante. En effet a-t-elle dit, le Burkina Faso a conçu son premier plan d’action de 1992 à 1995. Aujourd’hui, le Burkina Faso est à son 3e plan d’action tolérance zéro aux Mutilations génitales féminines (MGF) 2008-2012. L’expérience du Niger a été livrée par la Première dame du Niger, Larba Tandja. "Elle est quasi systématique chez les Gourmantchés vivant à l’Ouest du pays où le taux de prévalence est de 69%, assez présente dans la région de N’Guigmi à l’extrême Est du pays avec un taux de 40%, et plus faiblement dans la capitale et ses environs". Les représentants des Premières dames de la Côte d’Ivoire, Ohouochi Clotilde, du Bénin Mema Buo Mamatou, du Ghana, Mariam Tackie et du Mali Fatoumata Gouinko ont présenté la situation de leur pays. Les partenaires techniques et financiers ont réaffirmé leur engagement contre la pratique de l’excision. La Première dame du Niger, Larba Tandja et celle du Burkina ont souhaité que les conclusions des travaux dites Déclaration de Ouagadougou (encadré) puissent se traduire en actions concrètes et qu’aucune recommandation contre la pratique de l’excision ne dorme dans les tiroirs. Boureima SANGA, Séraphine SOME et Alban KINI Sidwaya Déclaration d’engagement de Ouagadougou Nous, participantes et Participants, représentant les Etats frontaliers que sont. le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, le Niger et le Togo, réunis à Ouagadougou (Burkina Faso), les 13, 14 et 15 octobre 2008, en une rencontre d’experts et des Ministres, sous le haut patronage de Madame Chantal COMPAORE, Première Dame du Burkina et de Madame Larba TANJA, Première Dame du Niger, Félicitant le Burkina Faso pour l’organisation de cette importante plate-forme d’échanges et de partage d’expérience entre nos différents pays ;
1. Nous nous engageons à participer activement à la lutte pour l’élimination totale des Mutilations Génitales Féminines non seulement dans nos pays respectifs mais aussi partout où cette pratique existe ; A l’endroit des Etats 2. Saluons les décisions importantes déjà prises par les différents pays dans le domaine de la lutte pour l’élimination des Mutilations Génitales Féminines (MGF), notamment la Résolution A/RES/53/117 de l’Assemblée Générale des Nations Unies, la Déclaration du Secrétaire Général des Nations Unies sur les Violences faites aux femmes y compris les Mutilations Génitales Féminines (MGF), le Protocole à la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la Femme, les plates-formes de Beijing et du Caire et l’adoption de la date du 6 février comme « Journée Internationale Tolérance Zéro aux MGF » ; 4. De renforcer l’ancrage institutionnel de lutte par l’harmonisation des instruments juridiques, en veillant à leur application par la mise en place de mécanismes opérationnels pour une synergie d’actions ; A l’endroit de la Société Civile 9. Demandons aux Organisations de la Société Civile d’intensifier leurs actions de lutte sur le terrain et de travailler en synergie en se conformant aux plans d’action national et régional ; Aux Partenaires Techniques et Financiers 14. Lançons un appel aux partenaires techniques et financiers afin de soutenir et financer les programmes et les initiatives prises dans les différents Etats pour mettre fin aux violences basées sur le genre et ce, conformément aux nouvelles modalités de l’aide au développement, notamment, les appuis budgétaires sectoriels et la Déclaration de Paris ; Fait à Ouagadougou, le 15 octobre 2008 Les Participantes et les Participants Sidwaya |
Vos commentaires
1. Le 11 février 2016 à 18:02, par Bah Mariama En réponse à : Rencontre sur la pratique transfrontalière de l’excision : Un engagement pour atteindre la tolérance zéro d’ici à 2015
Merci aux initiateurs de ce forum, aux organisateurs et à tous les participants pour la qualité du contenu et les Recommandations.
J’aimerai savoir s’il y a eu un suivi de l’applications des conclusions issues de ce forum
Aussi y a t-il eu d’autres rencontres ?
Quelle sont les perspectives actuelles (en 2016)