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Naissance de "Sidwaya en couleur" : Les péripéties avant la délivrance

jeudi 24 juin 2004.

 

Le premier numéro couleur de Sidwaya est tombé hier mercredi 23 juin 2004, aux environs de 8h00, soit plusieurs heures après le temps "T" prévu pour sa naissance (24h00). L’accouchement fut plus compliqué et long au grand dam de la Direction générale des Editions Sidwaya qui espérait un dénouement rapide.

Les dieux de la technologie ont traîné avant de répondre aux supplications des agents de l’imprimerie de Sidwaya qui doivent encore chercher à maîtriser et se familiariser avec les secrets de leurs nouvelles machines. Le pari est tout de même tenu. Ce qui atténue un tant soit peu les effets de la longue nuit de veille.

Déjà tôt le matin du mardi 23 juin, techniciens, journalistes, responsables administratifs de Sidwaya avaient entrepris d’accélérer les derniers préparatifs de confection du premier numéro de Sidwaya couleur. L’événement était préparé depuis quelques semaines du reste. Mais au fur et à mesure que les minutes s’écoulent, l’émotion monte car un défi technique de ce genre n’est jamais aisé. A 18h00 pourtant, tout semble encore s’annoncer sous de bons auspices.

Tous les textes sont rentrés, traités, transmis au montage où on s’active comme dans une fourmilière. Le Secrétaire général de la rédaction et directeur de cette section, Abdoulaye Damé, appelé affectueusement "le général" harangue ses troupes. Aux uns, ils demandent une dernière vérification de maquettes. Aux autres, il donne l’autorisation de calquer (jargon utilisé pour envoyer les dernières épreuves à la photomécanique pour traitement et insolation sur les plaques aluminium). A l’imprimerie, on piaffe d’impatience car les premières plaques devaient commencer à tourner sur les puissantes machines deux couleurs que viennent d’acquérir les Editions Sidwaya. Pour l’instant rien de grave mais on sent une certaine nervosité.

Les premières plaques finissent par arriver aux environs de 19h00 dans une véritable atmosphère de soulagement. Ces épreuves qui concernent surtout les annonces et les pages qui restent encore en noir et blanc sont rapidement traitées et imprimées en un peu plus de deux (2) heures. Sur tous les visages, on lit une certaine satisfaction. "Si ça continue sur ce rythme, on respectera le délai de 24h00. Peut-être tomberons-nous même avant, car depuis que nous travaillons sur ces équipements, le timing n’a jamais été aussi bien maîtrisé que ce soir", avance radieux, Didier Belem, le chef adjoint à la production à l’Imprimerie.

Le technicien que le constructeur des équipements a laissé sur place pour épauler les nôtres semble pourtant préoccupé mais pas inquiet. Napoléon (c’est son nom) ne semble pas envisager les choses avec facilité. Du reste, il confie à certaines personnes ces propos : "la forte pression, la grande mobilisation des autorités autour de cet événement peut déconcentrer les techniciens qui auront besoin de beaucoup de sérénité quand on passera à la quadrichromie".

Ce qu’il redoutait tant ne se produira pas car les techniciens resteront vifs et alertes jusqu’au dernier moment. En témoigne les échanges cordiaux qui ont prévalu tout au long de cette veillée.

La couleur, dur d’y parvenir

22h00. Les premières plaques couleurs peuvent enfin commencer à tourner sur les machines. Là surgissent les véritables couacs purement techniques. Les couleurs bleus et rouges mettent du temps à s’imbriquer. Ça patine mais les uns et les autres gardent leur calme. Entre l’ordinateur de pilotage et les machines, s’engagent des va et vient. On serre, on desserre, on resserre, on nettoie... On ajuste. Rien n’est négligé pour accélérer les choses. Rien à faire. L’impression de ces huit (8) pages se révèlent un casse-tête chinois. Ça avance lentement. Le DG qui suit tout de près avec ses principaux collaborateurs encourage les agents de l’imprimerie. "Même en Europe, le réglage des couleurs prend du temps mais lorsqu’on les maîtrise, tout roule", lance Michel Ouédraogo. Des propos qui redonnent du nerf aux techniciens de l’imprimerie qui se défoncent encore plus. Seulement, les dieux de la technologie semblent loin cette nuit.

A 23h00, le ministre de l’Information en personne vient témoigner son soutien à ses agents qui en avaient vraiment besoin. Joseph Kahoun dira plus tard avoir été réconforté lui-même par la mobilisation et la détermination des agents de Sidwaya à réussir ce challenge. "Lorsque je suis entré dans la cour, j’ai été frappé par le nombre de personnes présentes. Je me suis aperçu que les agents croient en ce qu’ils font. J’ai eu l’impression qu’ils entendaient se mettre à la hauteur de leurs ambitions. Cela est extrêmement réconfortant pour le ministre de l’Information que je suis. Je leur dis tous mes encouragements", a déclaré Joseph Kahoun avant de partir aux alentours de minuit, conseil des ministres d’hier mercredi oblige ! Cette visite surprise revigore davantage les hommes et les femmes de Sidwaya.

Mais aux environs de deux (2) heures du matin, on est obligé de constater que bien que limité pour l’instant à 8 pages, le Sidwaya couleur se révèle plus difficile à sortir. Le DG autorise une pause générale pour se refaire le mental et surtout reprendre des forces. De tels moment resserrent et motivent profondément. Le DAAF, le Directeur commercial, le Directeur de Sidwaya, le rédacteur en chef, l’Agent comptable et surtout le DG s’emploient à détendre l’atmosphère en racontant à qui mieux, mieux des histoires à vous "tuer de rire". Toujours est-il que cette pause de 20 minutes à peu près fut bénéfique, car de retour à l’ouvrage, les techniciens avanceront sensiblement puisque l’impression de la Une du journal s’achèvera vers 4h00 du matin.

La fatigue qui s’était installée depuis longtemps fera son œuvre mais les agents tiendront bon. Le 1er numéro verra le jour avec le lever du jour. Le pari était tenu. Le reste n’est qu’une question de temps, de doigté. Une page vient de s’ouvrir pour Sidwaya qui au-delà de la couleur remanie profondément sa forme et son contenu. Les têtières ou têtes de rubriques ont de nouveaux caractères (pollués) et dénomination. Des rubriques qui étaient jadis à la Une rentrent en pages intérieures tandis que le sport revient à la dernière page.

Le slogan du journal change également pour tenir compte des nouvelles ambitions du journal. Du "le Burkina au quotidien", on est passé à "le journal de tous les Burkinabè". Une devise qui traduit la volonté du journal de s’identifier aux Burkinabè. Côté contenu, c’est un article maison qui occupe la grande Une. Une démarche qui veut rapprocher encore plus le journal de ses lecteurs. Le premier numéro couleur, c’est 8 pages couleurs et 32 pages d’informations diverses et variées. Il est prévu que le nombre de pages couleurs passe à 16 tandis que le reste du journal est traité en deux couleurs.

Victorien A. SAWADOGO (visaw@yahoo. fr)
Sidwaya