Coopération Burkina Faso-USA : La cerise sur le gâteauDu 13 au 16 juillet 2008, le président du Faso, Blaise Compaoré, a effectué une visite d’une haute portée politique et économique aux Etats-Unis d’Amérique. Economique d’abord, le premier magistrat burkinabè ayant, avec la secrétaire d’Etat, Condoleeza Rice, signé par le biais de son ministre de l’Economie et des Finances, Jean-Baptiste Compaoré, le compact du Burkina Faso dans le cadre du MCC. Politique ensuite, le président du Faso et son homologue américain s’étant rencontré en tête le 16 juillet 2008. Reconnues pour être bonnes, les relations entre le Burkina Faso et les USA sont désormais chaleureuses et fructueuses. "Cet accord, aboutissement d’un long processus de formulation, vient raffermir une coopération dynamique et porteuse d’espoir pour les populations burkinabè". "Nos esprits se dirigent vers les mêmes objectifs", à savoir "le progrès partagé", ce qui a valu au président Bush d’avoir "cette idée lumineuse". Une idée dont les quatre grands axes tournent autour de l’homme, et qui va donner à la jeune fille burkinabè, "l’occasion de s’éduquer", pour "illuminer" l’avenir du Burkina Faso et apporter "plus de justice sociale". L’égalité des sexes sera en effet promue dans le cadre de la mise en œuvre du MCC, et le Burkina Faso qui est déjà pionnier en la matière, s’attelle à l’adoption des textes de lois qui vont impliquer davantage les femmes dans la gestion des affaires publiques. 20 000 personnes en bénéficieront directement avec à la clé un accroissement substantiel de leur pouvoir d’achat. La terre étant le "support" de cette agriculture, sa sécurisation est aussi prise en compte, avec le règlement du problème de la propriété qui fera passer la terre du son statut actuel de capital passif à celui de capital actif. Une politique nationale de sécurisation foncière en milieu rural a été adoptée en octobre 2007 dont la loi d’application est en cours de formulation selon une démarche participative. Une réforme qui contribuera à l’instauration d’une paix sociale durable par la réduction des conflits entre acteurs du monde rural. Lequel monde rural se verra rapprocher davantage les centres commerciaux et urbains avec le troisième projet qui a pour centre d’intérêt, le désenclavement. Mercredi 16 juillet 2008, 10 h 40 à la Maison Blanche Les infrastructures routières prévues dans le cadre du MCC, vont accroître les échanges commerciaux, accélérer la croissance et contribuer à la lutte contre la pauvreté. Le "docteur" Compaoré ne pouvait que répondre favorablement à une demande exprimée avec tant de sollicitude et d’amitié. "Nous avons souligné la nécessité et surtout l’urgence pour le rétablissement d’un Etat de démocratie au Zimbabwe, mais aussi l’urgence d’apporter des réponses politiques à ce drame qui commence à être lourd pour l’Afrique" (parlant du Darfour). Une révolution de l’aide américaine Conçu pour réduire la pauvreté en favorisant la croissance économique, le MCC fait appel à des critères rigoureux dans la demande d’octroi de l’aide aux pays. Sont admis dans le cercle des bénéficiaires, les pays "qui font preuve de bonne gouvernance, favorisent le libre échange économique et prennent soin de leurs populations". Des critères de bonne gouvernance économique et politique qui doivent être maintenus dans le temps, une défaillance pouvant entraîner l’arrêt des subventions. Une gouvernance juste et démocratique favorisant le pluralisme politique et l’Etat de droit, le respect des droits humains et des droits civils, la protection de la propriété privée, la transparence et la lutte contre la corruption, voilà le credo du MCC. contrôle de l’Etat notamment, participant de cette volonté "de maintenir le cap" et mieux "d’affiner la gouvernance". En écho, l’ambassadeur du Burkina Faso aux Etats-Unis, Ernest P. Yonli, indiquera que "les standards seront améliorés". D’autres institutions pourvoyantes d’aides et de crédits comme la Banque mondiale l’ont, du reste, compris, l’institution financière s’engageant à financer 19 projets au Burkina Faso à hauteur de près de 500 millions de dollars US. Une diplomatie qui marche et que celle du Burkina Faso, avec Djibrill Bassolé qui prend contact "physiquement" avec le Darfour aujourd’hui ou demain. Sous le magistère de Blaise Compaoré, les fruits seront à la hauteur des fleurs, tout comme dans l’exécution du MCC qui doit "changer durablement" les conditions de vie des Burkinabè. Boubakar SY, La rançon de l’humilité "Vous êtes un constructeur de paix en Afrique et dans le monde". Sortant de la bouche du dirigeant de la première puissance mondiale, cette phrase adressée à Blaise Compaoré lors de leur tête-à-tête à la Maison-Blanche, plus qu’un compliment, est un hommage mérité à l’œuvre d’un homme dont les efforts ont fini par être reconnus par tous. Un hommage qui aurait pu griser n’importe qui mais qui a laissé Blaise Compaoré tel qu’en lui- même pour en réponse, demander à son homologue américain de redoubler d’effort dans ses "initiatives fortes" en faveur du traitement diligent de la dette africaine et du renforcement de l’aide au développement. Humble aussi bien dans le succès que dans l’infortune, le président du Faso a su le rester, lui qui, il n’y a guère longtemps, "ramassait des casquettes" de certains de ses amis d’aujourd’hui. Avec l’Amérique particulièrement, on a frôlé la catastrophe entre procès d’intention, fausses-vraies accusations et volonté d’en "finir" avec le "trublion" de l’Ouest africain. Un trublion (?) préoccupé en fait par l’avènement d’une démocratie véritable sur le continent avec comme corollaire, le développement de l’Afrique. Sur le dossier libérien qui a fait tant de gorges chaudes, faut-il rappeler que le Burkina Faso a soutenu Charles Taylor parce qu’il était persuadé que celui-ci débarrasserait son pays de la dictature de Samuel Doe ? Dès lors que Taylor a commencé à se laisser enivrer par les effluves du trône, le pays des Hommes intègres s’est démarqué de lui, non sans l’avoir condamné. Aujourd’hui blanchi de toutes accusations par l’ONU, le Burkina en est à débarrasser la Mano River (région Guinée-Sierra Léone-Libéria) de ses miasmes avec son intermédiation réussie en Sierra-Léone et ses efforts pour ramener la paix civile et politique en Guinée. Aussi, Bush a indiqué à Compaoré qu’il suivait l’évolution de la situation au Darfour, ce qui est un adoubement de la nomination de Djibrill Bassolé, comme médiateur conjoint UA/ONU dans la région. En indiquant qu’il y a "des besoins pressants de démocratie et de stabilité en Afrique" notamment au Darfour où la situation commence à être "pesante", Blaise Compaoré montre sa volonté de poursuivre son œuvre de "faiseur de paix". Et il sera d’autant plus efficace que l’administration américaine est désormais à ses côtés. Un voyage "tout bénéfice" donc pour le Burkina Faso et au-delà, pour l’Afrique. B.S. Sidwaya |