Union pour la Méditerranée : Un véritable panier à crabesL’Union pour la Méditerranée (UPM) est née. Elle a été portée sur les fonts baptismaux hier dans l’après-midi au Grand Palais à Paris par une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement au premier rang desquels Nicolas Sarkozy dont ça semble être le plus grand dessein diplomatique. Le sommet d’hier a ainsi donné naissance à un conglomérat de 43 membres issus du Vieux continent et de la rive sud de la Méditerranée. Il s’agit des 27 de l’Union européenne auxquels s’ajoutent l’Algérie, l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Mauritanie, la Syrie, la Turquie, l’Autorité palestinienne, l’Albanie, la Croatie, la Bosni-Herzégovine, le Monténégro et Monaco. Des Etats ou embryons d’Etats comme on le voit aux relations parfois antagoniques quand elles ne sont pas proprement conflictuelles. Il faut donc reconnaître au moins à super Sarko, le mérite de faire s’asseoir autour d’une même table des personnalités qui ne veulent pas se voir même en peinture. Ce n’est pas, en effet, tous les jours qu’on peut réunir au même endroit des responsables comme l’Israélien Ehud Olmert, le Libanais Michel Sleimane et le Syrien Bachar al-Assad. En conviant d’ailleurs ce dernier dont c’est le grand retour sur la scène internationale, celui dont on connaît le tropisme américain trop marqué, manifeste d’ailleurs une velléité d’indépendance vis-à-vis de l’oncle Sam qui voyait d’un très mauvais œil l’invite faite au dictateur de Damas et trublion du Moyen-Orient. Et comme si d’ailleurs une sorte de magie parisienne s’opérait, Beyrouth et Damas ont décidé, avant même que l’UPM ne soit officiellement mise sur orbite, l’ouverture réciproque d’ambassades, plus de 60 ans après leur indépendance. De bons auspices s’il en est pour cette UPM boudée par l’ami Kadhafi qui y voit une démarche néo-coloniale, et snobée par Mohamed VI sous prétexte de calendrier royal trop chargé, même si ce bon départ, en réalité, n’augure pas forcément d’un avenir radieux pour cette organisation pourtant fondée sur des thèmes concrets de coopération comme la dépollution, l’énergie, la sécurité civile, etc., auxquels tout le monde devrait trouver son compte. Cette mer bordurière de l’Atlantique entre l’Europe méditerranéenne, l’Afrique du Nord et l’Asie occidentale fut, on le sait, le centre vital de l’Antiquité avant de perdre de son importance à la suite des grandes découverte du XV et XVIe siècle pour ensuite redevenir l’une des principales voies maritimes après le percement du canal de Suez. Cette UPM voulue par le patron de l’UMP (Union pour un mouvement populaire, majorité française) est donc pour le moment un faisceau de bonnes intentions et un véritable panier à crabes. Et dans ces pays du pourtour méditerranéen où la démocratie et le respect des droits de l’homme ne sont pas les valeurs les mieux partagées, on évitera soigneusement les sujets qui fâchent. On ne le sait que trop, une vieille femme est toujours un peu gênée lorsqu’on parle d’os desséchés devant elle, et Sarkozy se gardera bien d’inviter des gens comme Hosni Moubarak et Zine el Abidine Ben Ali pour leur servir ce genre de débats entre la poire et le fromage. L’Observateur |