Le CDP a-t-il crevé l’abcès ?Il est normal qu’un militant ou un groupe de militants écrivent au président de leur parti sur des questions organisationnelles. Mais lorsque en même temps cet écrit est publié dans la presse, c’est qu’il y a d’autres objectifs que celle de la bonne administration du parti. Et si le CDP se devait d’être respectueux de ses textes, les signataires devraient être suspendus en attendant qu’un congrès se penche sur le cas. Le 13 juin dernier, le Bureau Exécutif National du Congrès pour la démocratie et le Progrès, suspendait de tous ses organes, instances et structures Marc Oubkiri Yao, Pierre Joseph Emmanuel Tapsoba, Moussa Boly, Raogo Mathieu Ouédraogo, Amadé Taho, Emile René Kaboré pour « indiscipline notoire, esprit anti-parti caractérisé et pratiques sectaires et fractionnistes contraire aux principe fondamentaux du CDP. » (Voir déclaration du CDP en page 5). Au delà de cette sanction somme toute banale, ce sont ses soubassements et ses implications qui semblent être intéressants à observer dans les stratégies et tactiques élaborées et mise en œuvre sur l’échiquier politique. Dans l’article précité nous soulignions que l’éviction de Salif Diallo marquait le top départ de la mise en orbite du dauphin putatif du Président Compaoré. Et pour ce faire rien n’est laissé au hasard, des cercles et des alliances sont constitués, des plans de communication sont mis en œuvre, des stratégies de purges sont élaborées.. C’est dans cette logique que s’inscrit la fébrilité de structures telle la FEDAP et « l’esprit anti-parti caractérisé » des « suspendus » du CDP. Il ne faut pas s’y méprendre, pour des raisons de santé dont on ne doit pas parler, pour les effets pervers de l’usure du pouvoir, la succession du Président Blaise Compaoré est bel et bien ouverte. Et pour baliser le terrain à une pleine expression des velléités de « dauphinat » d’un François Compaoré, on travaille à la naissance d’une nouvelle formation politique à même de le porter et, parallèlement il faut affaiblir le CDP. En effet, ce parti est devenu encombrant pour cette ambition nouvelle parce que non seulement il comporte bien d’éléments ayant une surface financière appréciable et qui ont tout aussi des ambitions présidentialistes avouées ou non. Mais aussi sans le quitus du Président Compaoré, sa marge sociale est moindre que la capacité de mobilisation de la kyrielle d’associations des ABC, de Tanties, de neveux et de je ne sais quoi qui ont fédéré leurs énergies dans une organisation unique de masse la FEDAP. Reste juste à trouver à cette structure des intellectuels de service bien rôdés à la chose politique et qui auraient une aversion affichée pour le CDP ou tout le moins pour sa composante « d’octobristes » (acteurs du 15 octobre) et ou de « marxistes repentis ». Et « les suspendus » n’ont-ils pas ce profil ? Si fait que la sanction du CDP à l’encontre de ses éléments « sectaires et fractionnistes » relève d’une certaine témérité en ce sens qu’il ose ouvertement s’opposer au programme du mandataire de la FEDAP et des refondateurs suspendu. BENDRE |