Lutte contre la faim dans le monde : Le PAM, désormais une "agence d’assistance alimentaire"Le travail du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) ne se limitera plus aux distributions de vivres, a annoncé l’ancienne « agence d’aide alimentaire", conformément à sa nouvelle stratégie sur trois ans (2008-2011) ; le PAM se présentera désormais comme une "agence d’assistance alimentaire". Marc Cohen, chercheur à l’International Food Policy Research Institute (IFPRI), sis aux Etats-Unis, a annoncé que le PAM évoluait peu à peu « au-delà de la distribution alimentaire, vers la facilitation de l’accés aux vivres, et ce depuis quelques années, déjà ». Selon l’UE, en 2004, tous les pays développés ont versé des fonds en cash au PAM, à l’exception des Etats-Unis, premier bailleur de l’agence Les excès alimentaires sont rares dans les pays développés, et les réserves alimentaires mondiales n’ont également jamais été aussi peu abondantes en 25 ans, une situation qui a abouti à une hausse du prix des denrées alimentaires, à son plus haut niveau depuis les années 1970. Pendant le premier semestre de l’année 2008, le PAM achetait le blé dont il avait besoin à 430 dollars la tonne en moyenne, contre 207 dollars à la même période, en 2007, soit une hausse de 108 pour cent « La situation mondiale confirme que le PAM se dirigeait et se dirige toujours dans la bonne direction », a affirmé M. Cohen. "Notre point d’entrée restera l’intervention en situation d’urgence », a admis David Stevenson, directeur des politiques du PAM, tout en ajoutant : "nous cherchons aussi à éradiquer la cause profonde de la faim". Stimuler les économies Selon Mme Sheeran, l’agence cherche également à stimuler les économies des pays bénéficiaires. « Si le PAM a initialement été créé pour permettre d’écouler les excès alimentaires des pays développés, le Programme semble désormais prêt à évoluer pour lutter plus efficacement contre la faim », a estimé Frédéric Mousseau, conseiller en politiques humanitaires chez OXFAM, une organisation britannique d’aide au développement. Le PAM a lancé un nouveau programme, du nom de Purchase for Progress (Achats pour le progrès - P4P), dans le cadre de son plan visant à avantager les petits exploitants et les petits commerçants, en tant qu’acteurs des économies des pays bénéficiaires, selon M. Stevenson. Le programme P4P a été lancé au Mozambique cette année et sera déployé dans 19 autres pays sur les cinq prochaines années. Il comprend un ensemble de mesures, notamment la conclusion d’un contrat pour l’achat préalable de vivres directement auprès des petits exploitants des pays en voie de développement, assurant ainsi qu’ils aient accès à des fonds qu’ils pourront réinvestir dans l’agriculture ; la modification de la procédure d’offres pour aider les petits commerçants à être concurrentiels ; et la prestation d’une assistance technique au broyage du maïs et à l’enrichissement de la farine. « Plusieurs initiatives de ce type ont été pilotées dans les pays, au fil des années », a indiqué M. Stevenson. « Dans de nombreuses régions, le réchauffement climatique contribue à la destruction des moyens de subsistance, réduit le rendement agricole et menace des vies, plongeant de plus en plus de personnes dans le désespoir », pouvait-on lire dans le document stratégique du PAM. « Pour relever les défis de la faim, il faut adopter des politiques d’assistance alimentaire à multiples facettes qui permettent de traiter les questions de la disponibilité des vivres, de l’accès aux vivres et de l’utilisation des vivres ». Quant à M. Mousseau d’OXFAM, il a indiqué que si son organisation « accueillait favorablement » ce nouvel ensemble d’objectifs et d’activités, « nous pensons que ce nouveau plan ne devrait pas forcément se traduire par une augmentation du nombre des activités menées par le PAM, mais plutôt par une amélioration de la qualité et de l’efficacité du travail de l’agence ». « Cette évolution, notamment dans le contexte actuel de la crise alimentaire mondiale, devrait également encourager les bailleurs à adopter une approche plus générale par rapport à la faim, et à financer des interventions plus globales qu’une simple aide alimentaire, en employant une gamme plus vaste d’instruments, et en soutenant les capacités locales nécessaires à l’établissement de filets de sûreté et au renforcement de la résilience des populations ». Dans un article d’analyse politique publié récemment, Daniel Maxwell, maître de conférences à la Friedman School of Nutrition Science and Policy de l’Université Tufts de Boston, a préconisé de repenser l’aide. Selon lui, le nouvel ensemble d’objectifs fixés par le PAM est un bon mélange. Sidwaya |