Crise ivoirienne : le rendez-vous de la dernière chanceAccra, la capitale de ce qui s’appelait jadis la Côte de l’Or, reçoit ce mardi 11 novembre 2003 cinq chefs d’Etat ouest-africains autour de la crise qui secoue depuis le 19 septembre 2002 ce qui s’appelle encore la Côte d’Ivoire. Répondent en effet à l’invitation du chairman ghanéen, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) John Kuffuor, Olesegun Obasanjo du Nigeria, Mathieu Kérékou du Bénin, Gnassingbé Eyadéma du Togo, Blaise Compaoré du Burkina Faso et naturellement Koudou Laurent Gbagbo qui gère douloureusement l’après-Houphouët. Au cours de ce mini-sommet à six, il s’agira essentiellement d’une revue de la situation sécuritaire dans la région, et de l’évolution des Accords de Linas-Marcoussis dont l’application sur le terrain pose problème, car diversement interprétés par les belligérants. La conséquence inéluctable est le blocage du processus de réconciliation nationale depuis que les ministres issus de l’ex-rébellion ont décidé de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute participation au conseil gouvernemental pour contraindre Gbagbo et les siens à respecter et l’esprit et la lettre desdits accords. Sur les bords de la lagune Ebrié, les deux présidents anglophones avaient tenté (cf. JAI n°2234 du 2 au 8 novembre) de convaincre leur homologue ivoirien de faire des concessions de manière à faire sauter le verrou qui bloque l’action du gouvernement de réconciliation nationale. Mais à la condition que le locataire du palais de Cocody laisse quelque liberté aux ministres dans le choix des hauts fonctionnaires relevant de leur département ; qu’il lègue davantage de pouvoir à son premier ministre Seydou Diarra. Ce n’est pas encore la secession de fait, mais l’unité nationale pourrait être brisée par le radicalisme des uns et des autres. Qu’espèrer du mini-sommet d’Accra quand on sait que de part et d’autre, on refuse de signer la paix des braves ? Un sommet dans un sommet, car il mettra aux prises Blaise Compaoré le Burkinabè et ses pairs ivoirien et togolais Gbagbo et Eyadéma, dont les pays ont dernièrement été accusés par Ouagadougou de comploter conjointement contre sa stabilité. Quoi qu’il en soit, Accra III est le rendez-vous de la dernière chance pour la Côte d’Ivoire qui, hier encore, représentait la moitié des principaux agrégats économiques et monétaires de l’ouest africain. Mais, peut soupirer Charles Konan Banny le gouverneur de la Banque centrale, "Heureusement que nous avons l’UEMOA, car la crise que traverse ce pays est profonde et risque de le désarticuler". Le président du Faso à Accra pour un sommet sur la Côte d’Ivoire Le président du Faso, Son Excellence monsieur Blaise Compaoré, participera le 11 novembre 2003 à Accra (Ghana), à un mini-sommet régional sur la crise ivoirienne. Bernard Zangré |