Coopération bilatérale : La Principauté de Monaco s’intéresse au Burkina FasoBien qu’elle soit récente, la coopération entre la Principauté de Monaco et le Burkina Faso a déjà produit des « résultats concrets satisfaisants ». Tel est le sentiment de deux Monégasques, M. Jérôme Froissart de la direction de la coopération internationale et le Colonel Bersihand, commandant supérieur de la force publique, venus à Ouagadougou pour visiter les projets financés par Monaco. Dans cet entretien réalisé le 28 avril 2008, les Monégasques parlent également des axes de coopération entre les deux parties et les perspectives. Sidwaya : Quel est l’état de la coopération entre la Principauté de Monaco et le Burkina Faso ? Jérôme Froissart : La coopération internationale est une priorité du gouvernement monégasque, une priorité du prince Albert qui veut faire de Monaco un modèle de solidarité internationale. Ce projet a également un volet sensibilisation/formation des mères de famille. Nous sommes également présents dans l’éducation primaire. Depuis 2004, nous avons 3 écoles dans la région du Plateau central. Dans le volet micro-économique, nous venons en appui à des groupements féminins qui mènent des activités génératrices de revenus (fabrication de savon, de beurre de karité, etc). Depuis 2008, la Principauté de Monaco développe un projet de micro- finance dont le Burkina Faso est le premier pays bénéficiaire. Des micro-crédits seront dans ce cadre, octroyés à des personnes vivant avec le Sida, pour mener des activités génératrices de revenus. Cela leur permettra de pouvoir accéder au traitement et d’améliorer leur niveau de vie. La coopération internationale monégasque a également un volet sécurité civile. Sidwaya : Comment se fait le choix des secteurs d’intervention de la coopération monégasque ? J. F : Nos actions s’inscrivent essentiellement dans la politique nationale de développement. Pour le Burkina Faso, on a eu des échanges avec le ministère des Affaires étrangères et les Agences des Nations unies pour définir les secteurs prioritaires. Mais compte tenu du fait qu’on ne peut pas couvrir tous les secteurs prioritaires, nous procédons à des choix selon la pertinence des projets qu’on nous soumet et selon les partenaires que l’on peut trouver sur le terrain. C’est à la fois une approche par le haut et par la base. Sidwaya : La coopération entre le Burkina Faso et la Principauté de Monaco est jeune mais quel bilan peut-on en tirer au stade actuel ? F. J : La coopération monégasque est en effet très jeune. Les premières actions de coopération datent de 1998. En 2003, il y a eu la création d’une entité spécialisée dans l’aide au développement. La direction de la coopération internationale date de 2007. C’est une structure très jeune qui est en pleine phase de croissance. Il est donc difficile de dresser au stade actuel, un bilan de la coopération entre Monaco et le Burkina Faso. Toujours est-il qu’un projet comme celui de la lutte contre la malnutrition a permis à nos jours, la prise en charge d’environ 5 000 enfants. Dans le domaine de l’éducation, environ 600 à 800 enfants ont été scolarisés. Pour la lutte contre l’excision, 44 comités de vigilance ont été mis en place. Dans le domaine de la sécurité civile, la coopération est également en marche. A l’heure actuelle, notre coopération avec le Burkina Faso est en phase d’évolution. Chaque année, le budget de la coopération avec le Burkina Faso augmente de 25%. S. : Quel est l’objet de votre présent séjour au Burkina Faso ? F. J. : Nous sommes là pour visiter l’ensemble de nos projets. On accorde beaucoup d’importance au suivi-terrain de nos projets. Alors on se déplace partout, on va dans les villages, on rencontre les populations, on échange avec les autorités locales, les premiers responsables des ministères, les représentants des institutions spécialisées des Nations unies. Il s’agit pour nous de rencontrer nos partenaires afin de pouvoir maintenir le dialogue. S. : Etes-vous satisfait de ce que vous avez vu sur le terrain ? F. J. : Dans les différents projets visités, on a constaté des résultats satisfaisants. Pour le projet de lutte contre l’excision dans les départements de Pabré et à Ziga, nous avons vu des populations motivées et très enthousiastes. 25 exciseuses identifiées bénéficient de micro-crédit pour mener des activités génératrices de revenus. Ces résultats concrets nous encouragent. Notre coopération repose sur l’approche-résultat. Quand on voit des infrastructures, fruit de la coopération monégasque qui permet à des enfants d’être scolarisés, d’avoir accès à l’éducation, quand on voit des femmes produire du savons (grâce à la coopération) pour subvenir à leurs besoins, on ne peut qu’être satisfaits. Il s’agit là des choses concrètes, vérifiables, qualifiables. Nous sommes satisfaits de nos actions au Burkina Faso. S. : Qu’est-ce qui est fait concrètement dans le domaine de la sécurité sociale au profit du Burkina Faso ? Colonel Bersihand, commandant supérieur de la Force publique de la principauté de Monaco : Nos actions de coopération dans la sécurité civile datent également du Sommet de la Francophonie. Pour ce faire, on a signé en 2007, une convention-cadre sur 3 années portant sur l’achat de matériel, et d’équipements de lutte contre les incendies, de matériels de secours à victimes pour un montant de 130 mille euros, soit plus de 85 millions de F CFA. En 2007, 30 mille euros, (plus de 19 millions de F CFA) ont été dégagés. Cette somme a été utilisée pour faire un état des lieux du matériel roulant de la brigade, pour l’achat d’un certain nombre de pièces pour remettre le parc auto en bon état. Je me suis rendu compte à travers ce voyage que les matériels et équipements ont été achetés et que les véhicules sont en cours de réfection. Pour 2008-2009, nous avons 50 mille euros (plus de 32 millions de F CFA) de disponibles. Avec cette somme, nous allons de concert avec l’Etat-major de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers, acheter une ambulance. Le reste de l’argent sera utilisé pour la remise en état des véhicules ou pour l’achat d’équipements de première nécessité d’intervention comme les tuyaux, les lances. Parallèlement à cela, les pompiers de Monaco vont remettre au Burkina Faso, des véhicules reformés, reconditionnés et remis en bon état. Il ont également prévu pour fin 2008-début 2009, la remise au Burkina Faso d’un engin de grande puissance destiné à la lutte contre les feux de grande importance. Deux autres véhicules de transport et une petite voiture seront également remis au Burkina Faso. S. : La coopération dans le domaine de la sécurité civile ne prend-elle pas la formation en compte ? Colonel Bersihand : La formation est prise en compte. C’est un volet important. Il est prévu dans ce cadre de monter un programme de formation qui se fera à travers la Croix-Rouge monégasque. On a aussi un projet d’installation d’une liaison radio dans une ville du Burkina Faso qui reste à déterminer. Il s’agit de permettre aux sapeurs-pompiers de pouvoir communiquer entre eux à travers une liaison radio de bonne qualité. Interview réalisée parRabankhi Abou-Bâkr ZIDA Monaco, « le pays le plus dense au monde » La principauté de Monaco est le deuxième plus petit pays du monde après le Vatican. C’est un pays de 2 km2 qui a la plus forte densité de population au km2 dans le monde entier. Monaco compte 33 000 habitants et tous les jours, environ 30 000 résidents extérieurs, viennent y travailler. R.A.Z. Sidwaya |