Quand le gouvernement manque de lucidité dans la gestion d’une crise mondialeL’actualité au Burkina Faso reste toujours marquée par le phénomène de la vie chère qui continue de dicter sa loi dans les ménages. Comme si le calvaire ne faisait que commencer, la vie chère prend de l’ampleur au fur et à mesure que le temps passe. Cette conjoncture assez difficile qui menace la stabilité des nations a une envergure internationale, voire mondiale. C’est du reste l’argument que les gouvernants invoquent sans gêne comme l’excuse à leur responsabilité face à la gestion de la crise socio-économique qui frappe le pays. Ces derniers auront bon dos de rappeler que le Sénégal et la Côte d’Ivoire qui sont des géants de l’Afrique de l’Ouest ne sont pas épargnés par cette « tragédie » des temps modernes au regard des troubles et des manifestations qui ont fait monter le mercure dans ces différents pays. Mais à la différence du Burkina Faso, la grogne inhérente à cette situation de misère n’a pas été mise au compte des « manipulateurs » de conscience et autres apprentis sorciers en mal de popularité. Au Burkina Faso en effet, la religion des princes qui gouvernent est déjà faite sur ces genres de manifestations qui perturbent leur mode de vie. Tant et si bien que la grogne des âmes désespérées qui ne cherchent qu’à améliorer leurs conditions de survie n’est pas perçue au sommet comme l’expression d’un raz-le-bol mais plutôt comme les stigmates d’une manifestation à la solde des adeptes de la courte échelle. « Tenter de faire une carrière, ou de jouer à la vedette, sur la douleur des populations et sur les malheurs de nos commerçants ne correspond pas à l’idée que le gouvernement se fait de l’engagement public ». Dès lors que la question est posée sous cet angle, sa gestion ne peut que prendre des allures cavalières avec des résultats qui sont loin de combler les attentes des acteurs sociaux et partant de toute la population. L’archevêque de Ouagadougou, Mgr Jean Marie Compaoré qui a pris la mesure du problème a déclaré que « à la faveur de la manifestation contre la vie chère qui est un phénomène mondial, c’est en fait contre l’indifférence, les injustices et la suffisance des nantis de notre société que les gens ont manifesté ». (cf Le Pays du mercredi 26 mars 2008). En a-t-on pris conscience au sommet de l’Etat ? C’est la question qu’on se pose au regard de la gestion en haut lieu de la crise en vigueur. Pendant que la vie chère accule le Burkinabé moyen et assomme les paysans et les citoyens à faible revenu, l’Etat conserve son train de vie qui contraste d’avec la situation économique du pays. La société burkinabé souffre donc de cette cassure et de cette classification éhontée qui met à mal sa cohésion sociale. C’est bien là l’une des facettes du mal qui ronge la nation. Par Bendré |