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Immigration choisie : Wade joue et gagne

mercredi 27 février 2008.

 

Le président sénégalais, Abdoulaye Wade, a réussi à transformer l’immigration choisie de Sarkozy en immigration concertée. Il vient d’arracher une importante victoire en extirpant son pays de la contrainte des tests ADN et en définissant les modalités d’immigration souples pour les Sénégalais. Sans jamais tomber dans le fatalisme, Wade a opposé une résistance farouche à la nouvelle politique française d’immigration.

Les adoucissements dans la sévère loi française qu’il vient d’obtenir, sont donc le fruit d’un combat que l’on aurait cru perdu d’avance, tant il s’apparente à celui du pot de terre contre le pot de fer. Sans complexe et obstiné, comme il l’est, Wade a mis la pression en organisant la résistance face au concept d’immigration choisie. Une stratégie qui s’avère payante puisque la France vient d’aménager pour son pays une clause spéciale plus acceptable pour ses ressortissants.

En tant que pays de départ de milliers de candidats à l’"eldorado" européen, le Sénégal a su déployer un trésor d’imagination pour faire revenir ses partenaires européens à de meilleurs sentiments. Il en fut ainsi pour l’Espagne, il en est aujourd’hui pour la France. La grande morale de ce feuilleton franco-sénégalais sur l’immigration, c’est que seule la détermination paie. Face à l’Occident qui a toujours tendance à infantiliser l’Afrique, les discours et les actions enveloppés du sceau de la révérence sont inopérants. Ils perpétuent au contraire des rapports de dominant à dominé.

Wade a compris la psychologie occidentale en défendant vaillamment ses idées. Ce n’est pas pour rien si le Sénégal s’affiche comme l’un des pays qui sait le plus se faire respecter sur le plan international et qui réussit à capter des financements extérieurs. C’est à force d’un travail de séduction certes, mais aussi d’une affirmation de sa personnalité, d’une exigence au respect mutuel.

Mahorou KANAZOE

Le Pays