Marie Françoise Ouédraogo, secrétaire permanent de la politique nationale de bonne gouvernance : "La bonne gouvernance, c’est aussi un état d’esprit"Le Burkina Faso a adopté en 2005, la Politique nationale de bonne gouvernance (PNBG). En vue de suivre, évaluer et impulser la mise en œuvre de la PNBG, un secrétariat permanent a vu le jour et dirigé depuis lors, par Mme Marie Françoise Ouédraogo. Dans cet entretien, le secrétaire permanent de la PNBG fait un briefing des activités de sa structure, aborde le phénomène de la corruption, la multitude des intervenants dans la lutte contre les mauvaises pratiques. Elle affiche surtout son optimisme quant à l’installation d’une bonne gouvernance au Burkina Faso, à condition que chacun s’y mette. Sidwaya (S) : Comment peut-on définir la bonne gouvernance et ses domaines d’intervention ? Marie Françoise Ouédraogo (M.F.O) : La bonne gouvernance est généralement admise comme étant l’exercice de l’autorité politique, économique et administrative en vue de gérer les affaires d’un Etat à tous les niveaux, avec la participation des citoyens à travers leurs cadres d’expression. Il existe quatre (4) domaines de la gouvernance, à savoir : la gouvernance politique, y compris la sécurité et les droits de l’homme, la gouvernance administrative, la gouvernance économique et la gouvernance locale. S. : Comment se porte alors la gouvernance au Burkina Faso ? M.F.O. : Depuis l’adoption de son premier plan national de bonne gouvernance en 1998 jusqu’au la Politique nationale de bonne gouvernance (PNBG) en 2005, le Burkina Faso a enregistré un certain nombre d’acquis. Quant à la gouvernance locale, on peut relever la communalisation intégrale du territoire, la création des 13 régions et la nomination des gouverneurs. S. : De quels moyens disposez-vous concrètement pour instaurer la bonne gouvernance ? M.F.O. : Sur le plan politique, nous avons la volonté politique des plus hautes autorités du pays à instaurer la bonne gouvernance. Au plan institutionnel, nous disposons d’un certain nombre de référentiels sur la bonne gouvernance. Il s’agit du CSLP, de la PNBG, du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), du programme présidentiel, etc. ainsi que leurs instruments d’opérationnalisation. S. : En dépit de l’existence d’une pléthore d’intervenants dans la lutte contre la corruption, le phénomène de la corruption persiste. Pire, il a doublé en 2007, à certains niveaux tels que le transport. Pourquoi cela ? M.F.O. : C’est vrai que de par notre existence, nous devons contribuer à promouvoir la bonne gouvernance et qui dit bonne gouvernance, dit entre autres, lutte contre la corruption. La corruption a gagné tous les secteurs de l’économie de notre pays, dont les transports. Cependant, l’espoir est permis puisque les plus hautes autorités ont pour souci majeur de travailler à son éradication. En disant cela, je me réfère à la déclaration de politique générale de Monsieur le Premier ministre qui disait, en parlant de gouvernance, que "toutes les actions du gouvernement ne seraient de simples gesticulations si les agents économiques de ce pays n’ont pas le sentiment que le gouvernement est décidé à éradiquer la gangrène de la corruption des pratiques de certains citoyens". (S). : Y a-t-il des activités en chantier pour mieux promouvoir la bonne gouvernance ? M.F.O. : Nous avons un certain nombre d’activités en chantier relatives à l’information et à la sensibilisation des acteurs de la gouvernance, afin de leur inculquer le concept de bonne gouvernance. Il s’agit d’ateliers information/sensibilisation que nous avons initiés pour les juridictions supérieures, le Conseil supérieur de la communication (CSC), le Conseil économique et social (CES), la Cour des comptes, le Conseil constitutionnel, la Cour de cassation, dans un premier temps. Nous comptons poursuivre sur notre lancée en 2008 avec le Conseil d’Etat, les élus nationaux et locaux, les responsables de l’administration, etc. S. : Etes-vous optimiste quant à l’instauration d’une bonne gouvernance au Burkina Faso ? M.F.O. : Je suis pleine d’espoir. Je me dis que lorsque les différents acteurs de la gouvernance se seront approprié le concept, les acquis en matière de gouvernance vont aller crescendo. Pour l’instant, le citoyen lambda ne se sent pas concerné lorsqu’on parle de gouvernance. Lorsqu’il va comprendre qu’il est un acteur à part entière de la bonne gouvernance et que les actes qu’il pose peuvent contribuer à promouvoir la bonne gouvernance ou la mal gouvernance, il adoptera certainement un autre comportement. La bonne gouvernance, c’est aussi un état d’esprit. Interview réalisée par Alban KINI et Sidwaya |