Accords de partenariat économique : Des critères pour le choix des produits sensibles industrielsLa Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont organisé conjointement un atelier sur l’identification des produits sensibles industriels. Il s’agit pour les participants de retenir une démarche régionale afin de minimiser les risques liés aux Accords de partenariat économique (APE) dans la sous-région Ouest-africaine. Sidwaya (S.) : Un atelier réunit à Ouagadougou des experts pour échanger autour des produits sensibles. De quoi avez-vous discuté ? Salifou Tiemtoré (S. T.) : Pendant ces deux jours, les commissions de la CEDEAO et de l’UEMOA, des représentants des Etats membres, des consultants se sont réunis à l’hôtel Indépendance pour discuter de la méthodologie de détermination des produits sensibles industriels.En janvier 2007, nous avons organisé un atelier à Ouagadougou qui s’est penché sur la détermination des produits sensibles de façon globale. S. : Quels sont les résultats de vos échanges ? S. T. : Les échanges ont été fructueux. Nous sommes en mesure de proposer à la région Ouest-africaine une démarche qui prenne en compte ses intérêts en ce qui concerne les produits sensibles industriels. Vous savez que l’industrie dans notre région est dans un état embryonnaire. Cela suppose qu’elle est sujette à de nombreux risques de vulnérabilité dus au choc extérieur...Ces deux jours ont permis d’élaborer un certain nombre de critères qui vont guider les Etats dans le choix des produits sensibles. Les critères retenus sont au nombre de sept. Le premier critère est la protection de l’emploi. Il y a beaucoup de personnes qui travaillent dans le domaine de l’industrie. Il est important que l’on se soucie d’eux en premier lieu, de manière que la libéralisation n’entraîne pas les pertes d’emplois. Cela occasionne des troubles sociaux. Le second critère a trait à la fiscalité. Notre fiscalité est beaucoup liée à l’importation de produits. Ils sont bons à être identifiés parce que si on n’y prend garde on va libéraliser des produits qui apportent des recettes fiscales abondantes et les trésors publics vont en souffrir. C’est la raison pour laquelle la CEDEAO et l’UEMOA ont été mises en place. Cela veut dire qu’il y a des produits qui n’ont pas vocation à être exportés mais à être diffusés dans la sous-région. Ces produits doivent être protégés pour que les unités qui s’inscrivent dans cet élan connaissent un développement harmonieux. Cette option occasionne de la valeur ajoutée donc profitable à la région. Le dernier critère est lié à la promotion de l’industrie. C’est la partie la plus difficile. Nous signons un accord pour trente, voire quarante ans. Il est légitime de se projeter dans l’avenir. Il faut donner des indicateurs aux pays de manière à ce qu’ils puissent choisir en tenant compte de l’intérêt du développement de leur industrie et de la sous-région. S. : Nous savons que la détermination des produits sensibles industriels intéressent surtout le secteur privé. Quelles ont été leurs attentes ? S. T. : Je crois que le secteur privé a des inquiétudes. L’enjeu immédiat, c’est de faire en sorte que le peu d’industries qu’on a, ne disparaissent si nous allons à un accord de libre-échange qui ne prenne pas en compte leurs préoccupations... S. : Les rencontres se multiplient en Afrique et du côté de l’Union européenne ? S. T. : Je crois que l’Afrique de l’Ouest a donné un signal fort le 5 octobre 2007 à Abidjan lors de la rencontre du Comité ministériel de suivi. Compte tenu des travaux qui restent à faire. La région n’a pas encore défini son offre d’accès au marché...Nous sommes dans une étape d’aide aux pays à déterminer les produits sensibles. Une fois ces produits connus il faut élaborer les listes régionales à présenter à la partie européenne. Nous sommes conscients qu’à l’heure actuelle un accord commercial sera très peu profitable compte tenu de notre niveau de développement. Nous participons très peu au commerce, nous créons très peu de valeur ajoutée dans la région, nous exportons essentiellement des matières premières... L’Afrique veut changer cet état de choses...Qu’on nous donne l’opportunité de transformer structurellement nos économies et augmenter notre offre productive... S. : La date butoir s’approche, que va-t-on faire pour ne pas être en porte-à-faux avec les textes de l’OMC ? S. T. : Les ministres ont proposé une sortie de crise possible techniquement. Nous sommes tous d’accord que la dérogation que nous avons obtenue en 2000 lors de la conclusion de l’Accord de Cotonou qui nous donnait 7 ans pour conclure les APE va arriver à échéance en décembre 2007. Propos recueillis Marceline ILBOUDO Sidwaya |