Document Allocution à l’ouverture du forum de réconciliation nationaleCamarades délégués, Notre rencontre d’aujourd’hui est certainement très attendue par l’ensemble de notre pays. Elle intervient, en effet, à une période déterminante de notre évolution nationale marquée par la volonté manifeste de toute la classe politique de sortir de l’Etat d’exception pour s’engager dans un processus irréversible de démocratisation. Depuis quatre années, nous avons entrepris, chacun avec ses convictions et ses moyens, de modifier notre environnement politique dans le sens de la mise en place de nouvelles institutions fondées sur :
Dans cette œuvre importante et déterminante de mise en place de nos Institutions républicaines, il s’avère indispensable de travailler ensemble pour trouver des accords et agréments non seulement sur les règles de fonctionnement, du processus démocratique, mais au-delà sur celles de la gestion de notre pays. C’est dans ce cadre qu’il m’est apparu impératif de convoquer ce forum de réconciliation nationale, pour évaluer le chemin parcouru et ce qui reste à faire, pour dialoguer et nous concerter afin de mieux nous mobiliser au service des intérêts supérieurs du Burkina Faso. Sur la première question, notre pays a connu une histoire particulièrement riche et extrêmement mouvementée avec un cycle infernal d’instabilité, de luttes politiques d’une dureté et d’une âpreté qui ne sont pas sans conséquence sur les rapports interpersonnels. De mon point de vue, la politique n’est ni la guerre civile même verbale, ni la haine, ni l’outrance qui conduisent toujours à des dérapages aux conséquences incalculables qui ne servent, en définitive, ni les pays ni la démocratie. Au demeurant, il n’existe pas de politique sans de solides références morales, sans une très forte éthique fondée à la fois sur le respect mutuel des acteurs et sur celui des institutions que nous nous sommes librement données. Partant de l’idée que nul n’a le monopole de la vérité, la politique devrait se présenter dans une démocratie pluraliste comme l’organisation d’une compétition féconde des réponses que les différents partis politiques proposent aux populations à travers leurs programmes respectifs. Si dans d’autres pays et dans d’autres circonstances, les hommes politiques ont eu le mérite d’inventer des formules politiques originales telles que les états généraux, les conférences nationales..., il nous est apparu que de telles instances ne pouvaient nullement être des camisoles sur mesure valables pour tous les Etats dont le niveau des luttes sociales, la nature des problèmes, les institutions et les contextes politiques sont assez différents. .. Ainsi, après une analyse profonde et une ample réflexion à partir de nos réalités propres et au regard des dispositions constitutionnelles, nous avons classé la conférence nationale souveraine comme un cadre inapproprié et inopportun. déchirure du tissu social et luttes politiques incessantes ;
C’est pourquoi nous avons toujours pensé qu’une formule de "forum de réconciliation nationale" était de loin préférable en ce qu’elle nous permet d’avoir sur notre passé un regard très critique et sans complaisance pour avancer résolument vers la recherche d’un consensus le plus large possible, avec la formation d’une réelle volonté collective consciente et déterminée pour gérer le processus démocratique. A l’évidence, pour parvenir à de tels résultats, les débats que vous allez entreprendre ne devront tourner ni dans le vide ni dans le vague. Vous devez avoir la mesure et le sens du compromis pour surmonter sans tension ni dommage pour la paix civile, la démocratie et le progrès toutes nos divergences et contradictions les plus profondes. Ainsi, nous mettrons chaque Burkinabè en situation de choisir librement le parti, le syndicat et les valeurs dans lesquelles il souhaite en toute indépendance s’identifier. Camarades délégués, Je voudrais avant de terminer, vous encourager à persévérer dans la recherche d’un consensus dynamique qui nous amène à la concorde nationale mais dans le respect scrupuleux des institutions que le peuple souverain s’est librement donné. En ma qualité de Président de tous les Burkinabè, j’ai pleinement confiance en vous tous, délégués au forum de réconciliation nationale, représentants des organisations politiques et sociales. Je demeure persuadé que votre esprit de tolérance et votre lucidité vous permettront de transcender vos divergences et d’aboutir à des conclusions qui préserveront l’unité et la cohésion de notre nation. Je voudrais, en votre nom à tous, les remercier pour avoir répondu à notre invitation. En souhaitant plein succès à vos travaux, je déclare ouvert le forum de réconciliation nationale. La patrie ou la mort, nous vaincrons ! |