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Le Français Dominique Strauss-Kahn nommé à la tête du FMI

samedi 29 septembre 2007.

 
Dominique Strauss-Kahn

Le Français Dominique Strauss-Kahn a été élu vendredi au poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI) et a aussitôt annoncé son intention de réformer l’organisme prêteur. L’ancien ministre socialiste de l’Economie et des Finances, dont la candidature était soutenue par les Etats-Unis et l’Union européenne et avait été avancée par le président Nicolas Sarkozy dans le cadre de sa politique "d’ouverture" vers la gauche, entamera le 1er novembre un mandat de cinq ans.

DSK, comme on le surnomme en France, était parti nettement favori par rapport à son rival Josef Tosovsky, ancien Premier ministre tchèque et ancien gouverneur de la banque centrale, soutenu par la Russie, selon des responsables du FMI qui ont requis l’anonymat.

Dominique Strauss-Kahn, qui est âgé de 58 ans, succède à l’Espagnol Rodrigo Rato, qui avait annoncé sa démission au mois de juillet. Il devient le quatrième Français à la tête du FMI, après Pierre-Paul Schweitzer (1963-1973), Jacques de Larosière (1978-1987) et Michel Camdessus (1987-2000).

Il rejoint en outre trois compatriotes dirigeant actuellement une grande institution internationale : Pascal Lamy, directeur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE), et Jean Lemierre, président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd).

Selon une tradition non écrite, la direction générale du FMI est assurée par un Européen et la présidence de la Banque mondiale par un Américain depuis la création des deux organismes internationaux par les accords de Bretton Woods en juillet 1944.

"REFORMER SANS TARDER"

Mais le fonctionnement de l’institution financière a été mis en cause ces derniers temps par les pays émergents qui souhaitent disposer d’un poids plus important dans les décisions prises en matière de prêt et de politique économique.

Autrefois au coeur des crises financières en Asie et en Amérique latine, le FMI a été moins présent ces dernières années alors que la situation économique nécessitait des aides d’urgence moins importantes au niveau mondial.

Dès sa nomination, Dominique Strauss-Kahn s’est engagé à "réformer sans tarder" l’institution sexagénaire pour la rendre plus représentative et plus présente dans sa mission de surveillance économique.

"C’est pour moi une joie, un honneur et une responsabilité", a déclaré l’ancien ministre français de l’Economie dans un communiqué reçu à Paris.

"Fort de la puissante légitimité que me donne le très large soutien dont j’ai bénéficié, notamment dans les pays émergents et les pays à bas revenus, je suis déterminé à engager sans tarder les réformes dont le FMI a besoin pour mettre la stabilité financière au service des peuples en favorisant la croissance et l’emploi", a-t-il dit.

A Paris, Nicolas Sarkozy a indiqué qu’il s’était entretenu au téléphone avec le nouveau patron du FMI, actuellement en visite au Chili, pour le féliciter.

Le président de la République a évoqué une "grande victoire pour la diplomatie française" et a souhaité que DSK fasse du FMI une organisation "davantage au service du développement".

Il a remercié les partenaires européens de la France, qui ont soutenu la candidature de l’ancien ministre de Lionel Jospin - il a cité l’Allemagne et à l’Angleterre - et les autres pays qui ont soutenu cette candidature, dont les Etats-Unis, la Chine, l’Inde et le Brésil.

"UN NOUVEL ORDRE ECONOMIQUE ET FINANCIER"

Le mot "réforme" est revenu dans de nombreuses réactions vendredi soir. La ministre française de l’Economie Christine Lagarde estimé que Dominique Strauss-Kahn saurait "mener les réformes ambitieuses dont le Fonds a besoin pour l’adapter aux nouvelles réalités de l’économie mondiale",

Selon le ministère de l’Economie, "le FMI doit être le garant de la stabilité du système monétaire international mais aussi un acteur engagé au service de ses membres, dans le cadre d’un dialogue permanent avec eux, et en particulier avec les pays en voie de développement".

Le Premier ministre François Fillon a estimé que le large soutien dont avait bénéficié le dirigeant socialiste pour son élection répondait "à des attentes importantes" et lui donnait "un mandat clair pour réformer le FMI".

"Ses efforts devront notamment conduire à renforcer la voix et la participation des pays pauvres dans la gouvernance de cette institution", a ajouté le Premier ministre.

Les socialistes français se sont dits "fiers", tandis que Pierre Moscovici, un des proches de l’ancien ministre de l’Economie, a estimé qu’il faudrait "changer la gouvernance du FMI et réorienter ses actions".

Il faudra "agir sur la régulation des marchés financiers, évoquer la sous-évaluation de l’économie chinoise, contribuer à un nouvel ordre économique et financier mondial", a indiqué Pierre Moscovici lors d’un point de presse.

Reuters



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