Univers médiatique sous-régional : Pléthore de titres au Bénin, modernisation au GhanaRenforcer l’esprit d’intégration entre les journalistes burkinabè et ceux des pays côtiers, connaître leurs réalités de travail et partager des expériences ont été entre autres, les objectifs du voyage d’échange effectué du 16 au 26 août 2007 au Bénin, Togo et Ghana par des membres du Réseau informel des journalistes (RIJ) Membre de la délégation, voici ce que j’ai découvert de l’univers médiatique à Cotonou, Lomé et Accra. Onze jours de ballade sur les bords de la côte ouest-atlantique. Onze jours empreints de moins de tourisme mais plutôt de rencontres avec les organisations professionnelles des médias et de visites d’organes de presse écrite et audiovisuelle. A Cotonou, première étape du périple,l’environnement médiatique est édifiant. Au Bénin en effet, la typologie des médias met en évidence quatre grands groupes d’organes, à savoir les organes de service public, la presse privée, la presse institutionnelle et la presse internationale. On y dénombre 73 radios, 40 quotidiens paraissant régulièrement, 25 périodiques et quatre (4) chaînes de télévision dont la chaîne nationale, l’ORTB. L’explication de cette donne est que l’analphabétisme (80 % de la population) couplé avec un revenu modique pour le Béninois moyen, réduit le nombre de personnes qui ont accès à la presse écrite, à la presse en général. Nonobstant cet état de fait, l’univers des médias au Bénin présente une structuration exemplaire. Suite aux Etats généraux de la presse béninoise tenus en novembre 2002, la pléthore d’associations de journalistes a disparu pour laisser la place à deux grandes entités : l’Union des professionnels des médias du Bénin (UPMB) et le Conseil national du patronat de la presse et de l’audiovisuel du Bénin (CNPA). Aux côtés de l’instance nationale de régulation des médias, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), les professionnels ont mis en place l’Observatoire de la déontologie et de l’éthique dans les médias (ODEM) en 1999. Cette structure se veut être une police interne de la corporation à même de faire un toilettage des textes régissant le métier pour mieux conduire sa mission d’organe de régulation. Cet organe depuis sa création a déjà produit trois rapports de suivi déontologique où il est mis à nu les manquements des journalistes quant au respect du code de déontologie. Au Togo par contre où le séjour a été relativement court, l’on n’a pu visiter que la radio Nana FM, "la plus belle dame de Lomé". Radio privée commerciale, elle a pour principale cible les femmes du grand marché de Lomé. Ghana : l’esprit des groupes de presse Au Ghana, pays du leader panafricaniste Kwamé N’Krumah, la tendance est au groupe de presse avec une modernisation poussée, dans la presse écrite comme dans les médias audiovisuels. Ainsi, des radios privées comme Happy FM fonctionnent avec du matériel de dernière technologie. Basée à Accra côté Est de l’ambassade du Burkina Faso, cette radio est l’une des plus populaires et présente 70% de ses programmes en langue locale, le "twa". Elle emploie une quarantaine de journalistes. Concomitamment, elle publie un hebdomadaire chaque dimanche dénommée "Sunday News". Le contenu de cet hebdomadaire est concocté par huit (08) journalistes. Au Ghana, le journal le plus célèbre et le plus populaire (occupant 50 à 60% du marché des journaux) est le quotidien d’Etat, Daily Graphic, créé en 1950. Il appartient au groupe Graphic Communications qui a à son actif, sept (07) publications dont la dernière en date est un bi-annuel, Graphic Nsempa. Hormis le Daily Graphic qui emploie soixante (60) personnes, toutes les autres publications fonctionnent avec un effectif de cinq à sept journalistes. Selon les propos du rédacteur en chef du Daily Graphic, Yaw Boadu-Ayeboafoh, malgré son statut de média d’Etat, celui-ci fonctionne sans aucune subvention du gouvernement ghanéen. Mieux, poursuit-il, il verse à l’Etat une redevance. A Accra, ce qui impressionne encore plus le journaliste du pays des hommes intègres, c’est le Ghana News Agency (Agence ghanéenne de presse). D’après son "supervising chef editor" (équivalent de rédacteur en chef), la principale préoccupation de l’agence est de travailler à la cohésion nationale et au développement économique et sociale du pays. Elle s’attache aussi à donner une image positive au continent africain. Des maisons de médias dynamiques Ces endroits constituent pour les professionnels des médias des espaces de rencontres entre journalistes et autres professionnels de la communication. L’existence de ces Maisons des médias est le fruit de la volonté des organisations professionnelles des médias. A Cotonou par exemple, la Maison des médias occupe un immeuble à trois niveaux situé en plein cœur du quartier résidentiel. Ismaël BICABA Sidwaya |