Mondial 2010 : Ce petit quelque chose qui a fait la différenceC’est maintenant officiel, l’Afrique du Sud a été désignée le samedi 15 mai 2004 par la FIFA pour abriter la coupe du monde 2010. C’était au terme d’un petit tour de vote qui a vu l’ancien président Nelson Mandela et les siens obtenir 14 voix contre 10 pour le Maroc. C’est dans le world trade center de Zürich en Suisse où avait convergé la crème du football mondial, que l’Afrique du Sud a été élue pays organisateur de la coupe du monde de football 2010. C’est dans cette même salle, on se rappelle, qu’elle avait essuyé de peu la défaite face à l’Allemagne il y a 4 ans de cela. Après les larmes d’hier, c’est la joie aujourd’hui dans les rangs sud-africains. C’est la loi du sport et du football, car il fallait forcément un gagnant et un perdant, même si quelque part, l’élu de la FIFA avait un supplément d’affection par rapport aux autres prétendants. Et le grand patron de la FIFA, Sepp Blatter, l’a lui-même reconnu. La décision a été prise pour des raisons variées ; certaines, liées au dossier technique, forcément d’autres à des questions sentimentales notamment en relation avec les dix ans de démocratie multiraciale que vient de fêter le pays, mais aussi et peut-être surtout, avec l’envergure, la stature de Madiba, à qui on pouvait refuser difficilement ce cadeau. Au-delà de la solidité de son dossier, la délégation sud-africaine s’est appuyée sur le charisme de ses trois prix Nobel à savoir les anciens présidents Nelson Mandela et Frederik de Klerk ainsi que l’archevêque Desmond Tutu, mais aussi sur le chef de l’Etat actuel, Thabo Mbéki. Sans oublier le soutien d’anciennes gloires du foot africain tels le Camerounais Roger Milla, le Ghanéen Abedi Pelé…Des signes avant- coureurs annonçaient la victoire de Madiba et des siens : ainsi de la présence de Sepp Blatter à l’investiture récente de Thabo Mbéki. En outre, d’un point de vue infrastructurel, l’Afrique du Sud n’a rien à envier aux puissances occidentales. D’abord, elle dispose d’un réseau de communication hyperdéveloppé, d’installations hôtelières haut de gamme et de stades qui ne demandent que quelques retouches quand ils ne sont pas déjà prêts. L’organisation d’évènements d’envergure mondiale n’est pas un secret pour ce pays, qui a déjà accueilli avec brio les coupes du monde de rugby, de cricket et d’athlétisme. Là où les uns et les autres étaient sceptiques, c’est dans les domaines sanitaires (sida) et sécuritaire. Sur ce dernier point, ce pays est tristement réputé pour son grand banditisme, la criminalité urbaine y étant très développée. Mais les membres du comité d’organisation sud- africain rétorquent qu’aucune manifestation sportive n’a jamais été endeuillée sur leur territoire. Et insécurité pour insécurité, on a encore en mémoire les attaques terroristes qui ont frappé le royaume chérifien il y a de cela une année, preuve s’il en est, que sur ce terrain nul n’est à l’abri, surtout pas les pays arabes qui paient souvent cher leur collusion avec le grand Satan américain et son suppôt israélien. A dire vrai, les offres sud-africaines et marocaines s’équivalaient, avec chacune ses atouts et ses faiblesses, et les deux pays pouvaient respecter sans difficultés le cahier de charges de la compétition. Mais dans ce match pour l’organisation du plus prestigieux tournoi sportif du monde où le politique, le lobbying, les pressions, les marchandages côtoient les données infrastructurelles, financières, médiatiques et autres, l’Afrique du Sud avait ce petit quelque chose qui fait la différence : l’espèce de passion que voue l’humanité à cette légende vivante. Les Marocains pensaient sans doute que leur proximité avec le vieux continent, d’où viendra le gros des supporters, serait un atout décisif, qui ferait pencher la balance en leur faveur. Las ! Les 24 membres du comité exécutif en ont décidé autrement. Au grand dam des sujets de Sa Majesté. Mais bon prince et bon perdant, le roi Mohamed VI a félicité les gagnants. Les Sud-Africains vont travailler dès ce lundi 17 mai 2004 et pendant les 6 prochaines années pour réussir ce pari. Car quoi qu’on dise, au-delà de leur pays, c’est un test pour tout le continent, qui organisera pour la première fois une coupe du monde de football. Qu’ils échouent et ils donneront raison, a posteriori, à tous ces gens au racisme à peine contenu, qui pensent que l’Afrique est incapable de réussir une manifestation de cette importance. Qu’ils s’en tirent et ils leur cloueront le bec une bonne fois pour toutes. Quant à remplir les stades dans ce pays du rugby et du cricket, c’est une autre paire de manches. A 85 ans, Nelson Mandela, tout heureux son trophée de la coupe du monde entre les mains, ressemblait samedi à un enfant à qui on venait d’offrir un jouet. Si Dieu lui prête vie, en 2010 il aura 91 ans. Le meilleur cadeau d’anniversaire qu’on pourrait alors lui faire serait de réussir l’organisation de la fête. Observateur Paalga |