Reconciliation nationale en Côte d’Ivoire : Premier test réussi pour SoroConformément à l’Accord politique de Ouagadougou signé le 4 mars dernier, le Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro a mis sur pied un gouvernement de transition qui doit œuvrer à la réunification de la Côte d’Ivoire, au désarmement et à l’organisation d’élections ouvertes, transparentes et démocratiques. L’homme qui prône « le désarmement des cœurs » pour sortir de la crise peut s’atteler maintenant à la tâche. 33 hommes pour une mission précise : travailler dans un esprit de concertation permanente, de complémentarité et d’ouverture pour parvenir dans moins de 10 mois, à la normalisation politique et institutionnelle de la Côte d’Ivoire. Le gouvernement de Guillaume Soro sait donc ce qu’il a à faire, et, pour le faire, on peut dire que le Premier ministre a mis toutes les chances de son côté. Toutes les sensibilités politiques, même les plus insignifiantes en apparence, ont été prises en compte dans la formation de ce gouvernement. On n’épiloguera pas sur la répartition des postes, l’essentiel et le plus urgent étant ailleurs. C’est de l’éradication de l’ivoirité, « arme de destruction massive » selon les termes du « rebelle » Guillaume Soro qu’il s’agit à travers l’organisation d’élections prenant en compte tous les Ivoiriens sans exclusive et surtout « a sans priori ». Faut-il le rappeler, s’il y a eu rébellion c’est parce que toujours selon Guillaume Soro, « le pays était au bord du génocide », le parallèle avec le « Rwanda étant saisissant ». Avec la montée en puissance du mécontentement au sein de l’armée, confrontée à une dérive tribale et à l’émergence de ce que l ‘on pourrait qualifier de conscience politique, les ingrédients d’une rébellion se trouvaient réunis en Côte d’Ivoire. C’est dire que la tâche fondamentale du « Che » consistera à identifier clairement et de façon cohérente les Ivoiriens d’un côté et les étrangers de l’autre. Une absence d’identification claire et cohérente qui, conjuguée à l’absence de pièces administratives uniques attestant l’identité et la nationalité des individus, toujours constitué une source de conflits. La relance des audiences foraines prévue par l’Accord de Ouagadougou de même que la reconstitution des registres de naissance perdus ou détruits ainsi que l’organisation d’une opération d’établissement de nouveaux titres d’identité devront résoudre ce problème capital. Cela, si les différentes parties jouent le jeu en maintenant en laisse, les habituels fauteurs de troubles. On peut le croire à l’écoute du tout nouveau ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, qui a déclaré que le gouvernement « sait » ce qu’il a à faire et « il s’attellera à le faire dans les délais requis ». A nouveau l’eldorado ? Dès lors, on ne doute plus que le processus électoral qui s’enclenchera par la suite aboutisse à des élections présidentielles ouvertes, démocratiques et transparentes ainsi que l’ont recommandé la quasi-totalité des accords signés jusque là. Dans cette marche vers la paix, les Ivoiriens devront être accompagnés par la communauté internationale à travers la prise de certaines mesures visant à consolider la réconciliation nationale. Au rang de celles-ci, la levée de l’embargo sur l’importation des armes (après la présidentielle), l’adoption d’une loi d’ammistie ainsi que la levée des sanctions individuelles frappant des acteurs de la crise ivoirienne. Alors, la Côte d’Ivoire pourrait redevenir l’eldorado qu’il était, surtout que les nouveaux atouts ne manquent pas. Le cacao, principale source de revenus est en passe d’être détrôné par le pétrole. Les ventes de pétrole brut et de produits pétroliers ont rapporté en 2005, un peu plus de 1060 milliards de francs CFA soit 28% des recettes totales du commerce extérieur (café et cacao = 21,3%). En 2006, ces revenus ont crû de 156% par rapport à 2005 en raison de la hausse du prix du baril mais aussi de celle des ventes (1,3 million de tonnes). Le pays produit de nos jours, 67 000 barils par jour et ses principaux clients sont les USA et l’Italie. Les produits de la Société ivoirienne de raffinage (100 000 barils raffinés par jour) sont réexportés vers le Nigeria et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Avec des réserves prouvées de 300 millions de barils et un brut léger et de bonne qualité, le pays suscite bien des convoitises. Chinois, Indiens, Russes et Américains se pressent aux portes d’Abidjan et le ministère des Mines et de l’Energie est devenu un secteur-clé sur lequel la présidence a la haute main. C’est donc un petit bijou que Soro est chargé de piloter en tandem avec Laurent Gbagbo. Il a réussi à démarrer avec brio, avec tous les passagers à bord. Plaise à Dieu qu’au premier virage, certains ne dégringolent ou ne se laissent sciemment tomber. L’ex-leader étudiant doit prouver qu’il est résolument rentré dans la cour des grands. Boubacar Sy (magnansy@yahoo.fr) Liste complète du nouveau gouvernement ivoirien de transition Premier Ministre, chef du gouvernement : Kigbafori Guillaume Soro (secrétaire général des FN)
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