Déclaration finale du Forum Social du BurkinaLe premier forum social du Burkina Faso a eu lieu du 28 au 30 mars 2007 à l’ENEP (Ecole Nationale des Enseignants du Primaire) de Loumbila (près de Ouagadougou). Pendant 3 jours, il a rassemblé 750 personnes de plus de 150 associations avec des délégations de France, du Canada, de Belgique, d’Espagne, d’Italie, de Cuba, du Bénin, du Niger, du Mali et de toutes les régions du Burkina Faso. Après avoir travaillé dans 3 panels, 34 ateliers, 2 conférences populaires, les participants à ce forum ont retenu quelques recommandations qu’ils souhaitent transmettre à tous ceux qui se sentent interpellés par les situations d’injustice profonde engendrées par la mondialisation néo-libérale. Bien sûr, tout ne peut pas être dit ici, nous avons retenu quelques points essentiels dans lesquels les participants sauront reconnaître leurs propres mots. Nous, participants au premier forum social du Burkina, Nous refusons la concentration des richesses et des pouvoirs aux mains de quelques multinationales et de quelques Etats au détriment de le majorité des populations et de l’avenir de notre planète. Cette domination exercée par une minorité sur l’ensemble est intolérable. Nous refusons les privatisations, telles qu’elles sont faites, car elles sont une spoliation des richesses nationales et un abandon du service public. Nous refusons la destruction de notre agriculture qui va en résulter et dont vit pourtant 80% de notre population aujourd’hui. Nous refusons toute exclusion, quelle qu’elle soit. Nous, participants au premier forum social du Burkina, Nous nous engageons à changer nos comportements pour consommer nos produits locaux et soutenir ainsi notre agriculture. Nous invitons les Organisations Paysannes à proposer à tous les candidats (maires, députés, président) de s’engager sur quelques mesures importantes pour le développement de notre agriculture et pour une meilleure prise en compte de notre agriculture et de nos populations rurales. Que les Organisations Paysannes ne s’alignent pas sur les seules politiques gouvernementales, mais défendent réellement les intérêts des paysans. Concernant les OGM (Organismes Génétiquement modifiés), nous demandons la révision de la mise en œuvre du protocole de Carthagène, la sensibilisation des populations à la base, et la concertation entre chercheurs sur les OGM pour mieux mesurer les risques réels et mettre en oeuvre le principe de précaution. Nous demandons que cesse immédiatement le chantage sur les producteurs de coton qui refusent la culture des OGM et leur imposition par les autorités dans notre pays. Concernant la dette injuste qui accable nos pays, nous demandons qu’elle soit reconvertie intégralement en programmes de développement à la base - et avec des mécanismes de contrôle transparents et accessibles à tous par une information régulière. Concernant les OMD (Objectifs du Millénaire du Développement) et l’accès aux services sociaux de base, nous constatons avec tristesse que les objectifs sont loin d’être atteints, car les choix politiques actuels , la formulation et l’exécution des projets ne sont pas transparents. Concernant les mutuelles, nous souhaitons en encourager toutes les formes qui permettent aux populations de décider elles-mêmes de leurs priorités, de leurs manières de les gérer et de se les approprier. Nous souhaitons que les services publics nous y encouragent. Concernant l’éducation, nous demandons l’arrêt immédiat de l’application des P.A.S. (Plans d’Ajustement Structurel) ; que l’école soit obligatoire et gratuite jusqu’à l’âge de 16 ans, que soit relevé le niveau de vie des enseignants et apprenants, que l’éducation non formelle soit encouragée et développée. Concernant les communications, nous demandons : « Un village, un téléphone avant 2015 » Concernant les OSC (Organisations de la Société Civile), nous pensons qu’il est urgent et important qu’un cadre légal soit défini pour elles et qu’elles puissent être associées de plus en plus, selon leurs compétences, aux prises de décision qui engagent la vie du pays. Qu’elles puissent aller en justice pour défendre leurs intérêts et ceux de leurs membres. Nous demandons qu’une attention particulière soit portée à la transparence dans la gestion financière et à la représentativité pour l’obtention des financements. Concernant la corruption et la bonne gouvernance, nous demandons aux personnalités de l’Etat et de l’administration de se soumettre à la loi commune de l’Etat de droit faite pour tous : que chacun paie ses factures, renonce aux pratiques de corruption et de pots de vin, etc. Que l’égalité de droits et de devoirs entre tous les membres de la société soit respectée. Que l’Etat soit garant de la justice et de la bonne gouvernance (exploitation, torture, exécutions extrajudiciaires...) Il faut parler beaucoup de la corruption parce qu’elle se répand partout. Nous recommandons tout particulièrement :
Après le temps fort de ce forum, nous, Organisations de la Société Civile au BURKINA présentes à Loumbila, prenons l’engagement de nous retrouver à un rythme à préciser, pour faire le point des mises en œuvre de cette déclaration finale, pour continuer à renforcer nos réseaux associatifs et avancer dans notre réflexion et nos luttes. Nous sommes solidaires de tous ceux qui luttent pour leur dignité, leurs intérêts matériels et moraux, en organisant des forums, en informant les populations à la base, en organisant des marches légales et non-violentes, en disant « non » aux politiques inadmissibles qui nous écrasent, en étant solidaires de ceux qui souffrent et qui sont exclus,... en nous appropriant nos vies dans une logique où ce n’est plus la puissance financière qui nous domine, mais dans une logique où l’homme et la femme sont remis au centre ! Oui, un autre monde est possible, Oui, une autre Afrique est possible, unie et forte, Oui, un autre Burkina est possible, moins corrompu, plus juste, plus solidaire ! Loumbila, le 30 mars 2007 Les participants au forum |
Vos commentaires
1. Le 4 avril 2007 à 19:27, par Jacques LACOUR En réponse à : > Déclaration finale du Forum Social du Burkina
Ce serait bien d’indiquer à la suite de cette déclaration que l’on peut trouver un compte rendu de l’ensemble des travaux de ce premier forum social, ainsi que des photos et bien d’autres renseignements sur le site officiel du forum :
www.forumsocialburkina.info
Bonne lecture ! Un autre monde est possible.
2. Le 5 avril 2007 à 11:47, par Xavier LAURENT En réponse à : > Déclaration finale du Forum Social du Burkina
Bravo pour ces prises de position courageuses ;
Je ferais une remarque à propos des titres fonciers. ils doivent pour moi être des concessions foncières à long terme (50.. ; 99 ans) non aliénébles car si ces titres sont vendables les gens riches vont peu à peu récuperer toutes les terres... (cf amérique du Sud) et il sera difficile à l’Etat de faire des réformes foncières. Si un titulaire de telle concession longue n’a pas d’heritier agriculteur l’Etat reprendra le terrain pour l’attribuer à d’autres. Pas de titre foncier définitif non plus pour les Société qui utilisent de très grands terrains