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Charbon de bois : L’exportation du Burkina suspendue

jeudi 22 avril 2004.

 

Par un arrêté conjoint n° 005 - MECV/MFB/MCPEA/MATD signé le 6 avril dernier, le gouvernement burkinabè a décidé de la suspension de l’exportation du charbon de bois produit au Burkina Faso.
Et cela, dans le but de réglementer la filière et d’assurer un contrôle efficient de la gestion. Pour en savoir davantage, Sidwaya a rencontré le directeur des aménagements forestiers, M. Tenga Rouamba.

Sidwaya (S.) : Le gouvernement burkinabè vient de prendre un arrêté portant suspension de l’exportation du charbon de bois produit au Burkina Faso. Qu’est-ce qui justifie la prise d’une telle décision ?

Tenga Rouamba (T.R.) : De par le passé, la production du charbon de bois était une pratique des forgerons. Mais depuis un certain temps, avec la mise en œuvre de la valorisation du bois issu de la construction des barrages hydroagricoles de Bagré et de la Kompienga, des producteurs ont été formés et équipés pour la production du charbon. Et cela, compte-tenu de la quantité de bois à enlever et à écouler sur de grandes distances.

Après la clôture de ces chantiers d’exploitation de charbon de bois, les exploitants formés ont poursuivi leurs activités de carbonisation dans certaines régions où ils se sont installés en marge des populations autochtones.

Cette donne a causé beaucoup de dommages à l’environnement et à l’économie locale.

Une étude commanditée par le Programme de développement local de la Komondjari (PDLK) et menée en décembre 2003 révèle qu’il sort de cette province, 148,5 tonnes de charbon de bois par semaine. Alors que les chiffres officiels fournis par les registres du service forestier indiquent 15 tonnes par semaine. A l’échelle de la région de l’Est, les investigations menées en février 2004 par la direction des aménagements forestiers révèlent une production annuelle estimée environ à 15 200 tonnes contre 9405,9 tonnes évaluées par les services forestiers. Cette grande différence met en exergue l’importance et l’ampleur de la clandestinité qui entoure la production et la commercialisation du charbon de bois au Burkina Faso, particulièrement dans la région de l’Est. Face à ce constat, on a été obligé de prendre des mesures pour réglementer cette activité.

S. : A combien peut-on estimer les retombées financières de cette activité clandestine ?

T.R. : Selon l’étude précitée, les acteurs de cette production clandestine s’en tiraient avec environ 200 000 FCFA par mois. Evidemment, ce gain ne profite ni aux communautés locales ni aux économies provinciales et au budget national.

S. : Quelles sont les dispositions pratiques prises pour faire respecter le nouveau décret ?

T.R. : Notre premier réflexe était d’interdire la production du charbon.
Mais on s’est rendu compte que cela allait causer d’autres problèmes. La solution de la suspension a été finalement retenue afin de mieux organiser l’activité.

Les actions que nous sommes en train de mener actuellement, se résument à l’identification des sites de production, l’organisation des populations, la conduite d’actions de contrôle. Tout ceci pour une réglementation efficiente de la filière.

Nous avons également eu une rencontre avec les producteurs de charbon pour leur faire part de nos inquiétudes par rapport au phénomène qui se développe.

Cette rencontre avait pour but de les sensibiliser aux mesures qu’on allait prendre. Mais, il est bon de préciser que la mesure n’est pas une suspension de l’exploitation mais de l’exportation. Puisqu’il nous est revenu qu’il y a du bois qui sort de notre pays à des quantités énormes.

S. : Au regard des problèmes rencontrés, n’y a-t-il pas lieu de professionnaliser la filière afin de la sortir de l’informel ?

T.R. : La professionnalisation de la filière charbon de bois existe effectivement dans notre plan d’action que nous somme en train de mettre en œuvre. Notre objectif à terme, vise à mieux contrôler la gestion de la filière.

S. : A quel(s) type(s) de sanction, les contrevenants à la présente disposition, s’exposent-ils ?

T.R. : A ce niveau, on se réfère aux textes en vigueur. Il y a des textes qui réglementent l’exportation forestière.

Il y a notamment un décret qui a été pris en 1998 qui réglemente l’exploitation et la circulation des produits forestiers.

Il y a aussi le code forestier qui prévoit des dispositions en cas de sanctions.

Propos recueillis par Gabriel SAMA
Sidwaya