Ainsi donc, si ce n’est lui... il doit tous attraire en justiceEn 2000, L’affaire David Ouédraogo connaissait un semblant de dénouement judiciaire en laissant bien de zones d’ombre et deux procès en suspens : celui du vol de numéraire chez François Compaoré et celui du faux procès verbal. Ce procès, même s’il a aboutit à la condamnation de ceux qui ont torturé David, n’a apporté aucune réponse au pourquoi il est mort. Le journaliste Norbert Zongo qui a travaillé et écrit abondamment sur son arrestation et sa mort s’est lui même retrouvé assassiné et vraisemblablement pour cette affaire. Ainsi donc, on ne peut parler de l’affaire David sans évoquer celle de Norbert tant les deux sont intimement liée. Si David n’avait pas trouvé la mort, peu probable qu’il y’ait l’holocauste de Sapouy. Aujourd’hui, après le non-lieu, Robert Menard de RSF, Moïse Ouédraogo, Moussa Kaboré ...autant de personnes qui viennent apporter des indices importants qui concordent, qui s’imbriquent, qui lient les deux affaires et qui interpellent bien de personnes dont François Compaoré. Ce dernier, s’il a attrait le bimensuel L’Evènement en justice pour diffamation, pourquoi ne le ferait-il pas pour toutes ces personnes qui en apportant de nouveaux éléments égratignent son honorabilité ? Le 22 janvier dernier, lors du procès en diffamation, François Compaoré contre L’Evènement on n’en a entendu des vertes et pas mûres : Bizarre tout de même. Le Parquet a toujours laissé entendre que le dossier n’était pas clos et qu’il suffisait de faits nouveaux pour le ressortir. Plus bizarre encore est de vouloir faire croire que le non-lieu frappe de nullité ou de fausseté toutes les pièces du dossier. Veut-on lier le dossier David Ouédraogo à l’affaire Norbert Zongo ? Re-niet du président ! Pourquoi David Ouédraogo est-il mort ? Il est vrai que l’affaire David Ouédraogo a connu un dénouement judiciaire en 2000. Mais on sait également qu’au cours de ce jugement, malheureusement, la vérité ne s’est pas manifestée. La question de savoir pourquoi David Ouédraogo a été tué est restée l’une des équations auxquelles le tribunal militaire dirigé par le juge Ramata Fofana n’a pu apporter la moindre réponse. Par contre, le procès a réussi - avec beaucoup d’intelligence, il faut le reconnaître- à écarter les fausses thèses de vol de numéraires et de coup d’Etat dans lesquelles la victime, David Ouédraogo, serait impliqué. Exceptée bien entendu la famille Compaoré, tous ceux qui ont suivi le procès n’ont pas cru pendant une seule seconde ce dont David Ouédraogo était accusé et qui lui a finalement coûté la vie. En rappel, Madame Salah Ouédraogo, épouse Compaoré a 40 millions de F.CFA dans un sac noir qu’elle a logé dans un placard de sa chambre à coucher. Il y aurait peut être beaucoup à dire sur le fait qu’un couple de citoyens d’un pays sahélien, dépendant, agricole, arriéré, un pays de l’élite mondiale de la pauvreté, garde à son domicile une telle somme (on sait depuis que c’est une pratique courante chez biens d’hommes « puissants » dans ce pays). Mais enfin passons ! Elle sait qu’une partie du personnel dont Hamidou Ilboudo, le cuisinier, a accès à la chambre à coucher. Quelques temps après, Hamidou et Adama sont congédiés de leur travail pour vol de vêtements. Jusque là, on ne s’est pas encore rendu compte que de l’argent a disparu. Mieux, un des renvoyés écrit une lettre de demande d’aide de 200 000F cfa à ses anciens patrons. C’est une telle histoire, digne d’un conte pour des crétins, qu’on a relaté devant le tribunal militaire en 2000. En effet, Hamidou Ilboudo et Adama Tiendrébéogo ont été arrêtés pour vol d’argent le 29 novembre 1997, Bruno Ilboudo qui a suivi les deux premiers au Conseil a été arrêté le 2 décembre de la même année. Or, ce n’est que le 4 décembre 1997 que la famille Compaoré a constaté le vol dans sa maison (date portée dans la plainte signée de madame Compaoré). A cette question, seul le journaliste Norbert Zongo - en plus de la famille Compaoré - détenait la réponse après la mort de David Ouédraogo. Le directeur de publication de L’Indépendant selon Arthur Ouédraogo, le frère cadet de David était le tout premier à avoir appris la mort de son frère : Norbert Zongo était un grand professionnel. Quand il commençait à écrire sur une affaire, c’est qu’il avait vérifié, coupé et recoupé ses informations avant de boucler convenablement son enquête. Au regard de ce qui précède, un raisonnement des plus logique s’impose : Qui a remis David et ses compagnons à l’adjudant Marcel Kafando, chef adjoint de la sécurité rapprochée du chef de l’Etat et non à la gendarmerie ou à la police ? Bien difficile de ne pas lier à l’affaire Norbert Zongo. Il se doit de les attraire en justice « Ainsi donc c’est lui ! Jusqu’à présent on pensait à lui sans le nommer. RSF vient de franchir le pas... ». Ainsi titrait L’Evènement dans sa livraison du 25 octobre 2006. Monsieur François Compaoré, Conseiller agroéconomiste, en service à la présidence du Faso, frère cadet du Président du Faso, s’est senti atteint dans sa dignité et dans son honneur. Il a gagné son procès. Les prévenus sont reconnus coupables de diffamation par voie de presse. Ils sont condamnés à 2 mois de prison avec sursis et doivent payer une amende individuelle de 300 000 F CFA et 1 franc symbolique au plaignant. Bien entendu les responsables de L’Evènement ont fait appel. L’honneur de François Compaoré aurait donc été sali, non pas par le dos brûlé de Hamidou Ouédraogo, non pas par le corps sanguinolent de David Ouédraogo, non pas par le méchoui qu’est devenu le corps de Norbert Zongo, mais par la plume des rédacteurs de L’Evènement ! Dans l’un ou l’autre des cas, l’honneur devrait nous amener à meubler notre conscience de principes qui vont toujours à l’endroit des règles sociales qui nous régissent. Si tel est le cas, nul ne saura vivre ou bien vivre en choisissant délibérément d’aller contre les règles sociales, de briser en lui tous les principes, toutes les barrières entre le bien et le mal, en somme de détruire en lui tous les fondements qui font qu’un homme peut se prévaloir d’honneur. Au nom de cet honneur, François Compaoré ne devrait-il pas attraire Moïse Ouédraogo en justice ? Ce dernier n’a-t-il pas dit dans de L’Evènement « ... C’était une petite voiture avec seule portière coté chauffeur. Nous avons reconnu l’un des deux, garde de corps de François, Sanou Sanson. Le second, c’est au procès de David que nous nous sommes rendus compte qu’il s’agissait de Edmond Koama. Ils nous ont dit d’entrer dans le véhicule. Quand nous sommes entrés, ils nous ont conduit chez nous à Larlé. Nous sommes entrés tous les 4 dans la maison. Ils nous ont dit de ne pas avoir peur des écrits de Norbert Zongo car ça va prendre fin. De ne même pas avoir peur de Arthur. C’était Edmond Koama qui tenait ces propos. Quelques jours après, Sanou est venu nous amener chez François. Ce dernier aussi nous a dit la même chose. De ne pas avoir peur des écrits de Norbert car d’ici là, ça prendra fin". N’a-t-il pas persisté dans Bendré n° 426, en disant « qu’ils savent qui a tué Norbert Zongo » ? Au nom de cet honneur, François Compaoré ne devrait-il pas attraire Moussa Kaboré qui à souligné dans Bendré n°426 que « Dans la cassette, ils relatent leur mécontentement, leur utilisation dans cette affaire et la majeure partie, c’est ce qui ressort dans le journal... » ? Au nom de cet honneur, François Compaoré ne devrait-il pas attraire TV5 qui dans son journal télévisé du mardi 30 janvier 2007 a repris les propos des rédacteurs de L’Evènement en leur donnant la parole ? Au nom de cet honneur, François Compaoré ne gagnerait-il pas à enregistrer les marcheurs du Collectif afin de les attraire pour diffamation ? Par Pabeba Sawadogo |